Le printemps arrive. Pour nous, c’est synonyme de départs en week-end et de vadrouille en Camping-Car. Dès le 15 mars, nous sommes allés chercher notre fourgon ADRIA au garage où il passe l’hiver, pour le préparer en vue des trois jours de Pâques : vidange, vérifications des batteries, nettoyage général. Où partons–nous ? Comme souvent, la destination est fixée à la dernière minute et dépend des événements (stage d’Aïkido, invitation …) et de la météo…
La météo de Pâques, parlons-en ! Grisaille, gel, grésil, neige, Brrr ! On se rend compte que la fête pascale est très tôt cette année dans la saison. En étudiant les calendriers, il faut remonter à 1913 pour la trouver un 23 mars. Le fourgon est couvert d’une couche immaculée de neige et les routes sont impraticables. Pas d’hésitation : Pâques aux tisons, nous restons au coin du feu et nous en profitons pour inviter enfants et petits enfants.
Mais ce fourgon au milieu de la cour me nargue. Et je commence à compter : cela fait bientôt cinq mois que nous ne sommes pas partis en Camping-car, depuis la toussaint.
A Noël, il faisait froid : grisaille et givre tous les matins, Danièle se réjouissait du tour inattendu que prenait le paysage aux arbres constellés de fins cristaux de glace. Mais du coup, les vacances s’étaient passées à la maison, devant la cheminée. De toute façon, Danièle se trouvait fatiguée des déplacements, professionnels ceux-là.
Et me voici à tourner autour du fourgon, à regarder le calendrier pour faire des projets de sortie, peut-être en seconde quinzaine d’avril… Danièle ne comprend pas : « Nous revenons d’un voyage à la Martinique. Et tu me dis que tu es en manque de vadrouille. Que voudrais-tu de mieux ? » C’est vrai que je n’ai pas à me plaindre. Mais ce n’est pas la même chose …
Alors, il faut bien constater que je souffre du manque, trouble caractéristique des accros du Camping-car. Et je m’interroge : quelles sont ces sensations, ces émotions qui me manquent en situation d’abstinence, contraint à une immobilité forcée ?
Quelle est cette magie du départ en Camping-car ?
Premier constat : dès qu’on a tourné le coin de la rue, on laisse ses soucis à la maison. Chef insupportable au bureau, travaux à terminer, ennuis familiaux, fâcheries. On prend la route, on peaufine le parcours sur la carte, on quitte bientôt les parages connus et on ne pense qu’à ce petit bout d’avenir qui s’ouvre devant nous. Qui vivra verra !
Où va-t-on ? Il nous arrive d’avoir des projets (la Bretagne Sud en avril) mais la plupart du temps la décision se prend le jour même : ce sera la montagne et l’altitude pour fuir la canicule, ce sera la Drôme des collines parce qu’il y a trop de Mistral plus au Sud, ce sera la Catalogne pour fuir la pluie vers chez nous. Au lieu de subir les caprices de la météo, on a ainsi l’impression (l’illusion ?) de maîtriser nos conditions climatiques.
Cette disponibilité, on la met au service de la curiosité, cette envie, habituellement délaissée dans la vie quotidienne, d’aller voir, un peu plus loin, après ce carrefour, derrière ce rideau d’arbre, pour retrouver le cours de la rivière qu’on a repérée sur la carte.
C’est ainsi que nous avons découvert Port-Rivière, à une vingtaine de kilomètres de la Buchette, à partir de l’intuition qui nous venait à la lecture de la carte, que les bords de Saône valaient sans doute la peine d’être explorés en dehors des grands axes. Cet ancien port, autrefois étape importante de la ligne Lyon –Chalons que parcourait un puissant bateau à vapeur, n’intéresse maintenant que les pêcheurs et les amateurs de guinguette à friture. Ce week-end de mai, inaugurant notre nouveau camping-car, nous avions trouvé sans peine une place libre au-dessus des berges au début d’un sentier pédestre qui longe la rivière entre les champs peuplées de bovins charolais placides et de bosquets frais et humides. La nuit nous avait trouvé dans un isolement bienvenu. Mais au petit matin, dès le lever du soleil, les allers et venues des pécheurs impatients de prendre leurs positions familières au bord de l’eau nous avaient doucement réveillés.
Nous avons ainsi découvert que, dès qu’on s’installe pour quelques heures, une nuit ou 24 H, un site connaît plusieurs vies. Le promeneur en visite pour une après-midi n’en saisit qu’une partie.
Par exemple, cette sortie au Col de la Bataille sur le versant Ouest du Vercors. La route passe sur une crête, qui sépare deux vallons profonds. Au sud s’étend la vallée de la Gervanne qui glisse dans une magie verdoyante jusqu’à la Drôme, au Nord, plus sombre, la Combe de Bouvante (ci-contre) encadrée par des pentes boisée et qui aboutit à nos pieds dans la reculée des sources de la Lyonne.
Dès le matin, le site attire de nombreux marcheurs en ce beau week-end de juin 2003, qui viennent en famille ou en groupe d’amis. Le chemin est facile et monte doucement sur de vastes prairies dégagées sillonnées de paisibles troupeaux. Direction la Tête de la Dame, éperon rocheux qui domine de ses 1503m tout le sud jusqu’à la vallée de la Drôme entre Crest et Die, la Gervanne à l’Ouest et la Sure à l’Est. Nous y ferons une halte le midi, pour profiter du soleil printanier dans une atmosphère claire. Un peu plus bas un groupe de marcheurs organise bruyamment et joyeusement un repas collectif.
La fin de la journée nous ramène, un peu fourbus, près de notre camping-car sur un parking encore encombré de nombreux véhicules.
Mais à partir de 18 h, les départs se font nombreux. Nous ne tardons pas à nous retrouver seuls sur ce stationnement, face à la Combe de Bouvante qui commence à s’assombrir. Finalement nous décidons de passer la nuit sur place.
Les ombres s’allongent, les bois ne sont plus qu’un seul fond noir. En face de nous sur la droite quelques rochers entourant une pelouse … et lorsqu’on regarde mieux, ces ombres accroupies, ce sont des chamois ! Nous n’osons pas remuer et l’appareil photo restera dans sa sacoche (merci aux photos de le chat machine)
Voir un site à plusieurs moments de la journée et de la nuit, un moment envahi de joyeux marcheurs, puis plongé dans le silence et l’obscurité, laissant la place à une vie sauvage rassurée du calme ambiant. C’est une expérience fondamentale des étapes du Camping-Cariste amoureux de la Nature. Le véhicule discret, immobile, silencieux ne dérange pas les animaux.
Quelquefois, on se sent seul face à un paysage qui nous imprègne de son atmosphère. La baie des Paulilles, encore envahie des ruines industrielles de l’inquiétante poudrerie, fermée dans les années 50. C’était la veille de Noël, en 2003. La beauté désolée du lieu nous laisse sans voix, une fois que l’on a trouvé le chemin détourné et défoncé qui nous y mène. Nous marchons ensuite dans la végétation basse du littorale et nous grimpons sous le vent jusqu’au Cap Oullestreil voisin. Cette fin de journée d’hiver dans ce paysage inattendu nous inspire une profonde sérénité, comme un accord entre notre ressenti intérieur et l’environnement extérieur. Ce genre de moment je les retrouve plus particulièrement dans nos sorties en Camping-car, l’impression que, pour quelques heures seulement, je ne suis pas de passage, mais j’ habite cet endroit magnifique.
Mais, d’où venait cette musique faible, irréelle, mais lancinante quand nous sommes revenus, la nuit tombé à notre véhicule ? Le matin nous a apporté la clé, quand nos pas nous ont rapproché d’un ancien fortin militaire, apparemment discrètement squatté, avec ce piano dans un fourgon vaguement aménagé. Nous n’en avons pas su plus. Il nous fallait reprendre la route.
Quel est le plus important dans nos voyages : les réalités que nous découvrons ou les illusions que nous poursuivons ?
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Oui!….Quelque chose en nous du nomade ……être à nouveau de nulle part et en même temps là où l ‘ on doit être…..
Souvenirs bien lointains d’ une adepte du camping sauvage ….plénitude , paix intérieure …..tous les sens éveillés …..
dany .
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Bonne retraite et long très long usage du camping car!
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J’ai trouvé ce que je cherchais avec la bonne orthographe de Fregni. Excusez moi si je vous ai dérangé. Merci
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Bonjour à vous deux,
Je viens de passer un moment avec le Clairon, je me suis régalée.
Quand vos envies d’escapades vous ramènenet-elles vers l’Océan?
J’y suis allée faire un tour dimanche, sur une plage « locale », peu fréquentée par les touristes car on ne s’y baigne qu’à marée haute.
La mer était calme, je suis arrivée juste au moment où la marée s’inversait, des vaguelettes se sont mises à rouler vers moi, en douceur, l’une suivant l’autre comme un troupeau éphémère. Il y avait une légère brume qui rajoutait un bleu léger au bleu plus profond de la mer. J’apercevais l’île d’Oléron et le fort Boyard. J’ai ramassé quelques galets en me promenant le long de la plage.
Et puis je suis revenue enchantée par cette paix et cette beauté, captées là, en un moment précieux, déconnecté du brouhaha, des bla bla bla, des falabalas, de tout ça.
Je vous embrasse tous les deux,
Reine
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