Un été indien auprès du canal du Nivernais

C’est au retour d’Auxerre, où Danièle avait suivi un stage d’Aïkido que nous avons décidé de descendre vers le sud en longeant le canal du Nivernais. Ce début d’automne était particulièrement clément, le soleil déclinait à peine quand nous sommes arrivés aux environs de l’étang de Baye. Nous avons alors trouvé la rive occupée par de nombreux baigneurs.

Un 1er Octobre ! Un évênement pour ce beau pays du Nivernais !

Alors quinze jours plus tard, quand nous avons décidé de remonter  explorer plus avant la région, nous n’étions pas sûrs de retrouver de si belles journées. Au petit matin, sur les routes de la campagne, nous avons trouvé des écharpes de brouillards dans les creux des champs.

Qu’est-ce que nous cherchions dans cette campagne à vaches ? Danièle avait lu que c’est là que se situaient les échelles de Sardy lès Epiry et les voûtes de la Collancelle ?… Mais qu’allions nous trouver derrière ces toponymes mystérieux? De quoi s’agissait-il ?

C’est dans ce vallon que furent donnés les premiers coups de pioche du canal du Nivernais, en 1780. Le canal fut ouvert à la circulation sur sa longueur actuelle en 1842. Les forêts de la région parisienne ne suffisant plus à l’approvisionnement de Paris en bois de chauffage, les recherches se sont tournées vers le Morvan et le Bazois.

Depuis le XVIème siècle et jusqu’aux années 1900-1920, d’énormes quantités de bois ont été acheminées vers Paris par la voie d’eau et notamment par la rivière d’Yonne.

C’est donc à partir de cette industrie du bois, qu’est né le Canal du Nivernais, en Bourgogne.

Composé de 110 écluses et long de 180 km, il débute de la ville de Saint-Léger-des-Vignes dans la Nièvre pour finir à Auxerre au coeur de l’Yonne. Mais on ne passe pas aussi facilement du bassin versant de la Loire ( que le canal rejoint à Decize) à celui de la Seine (que l’Yonne rejoint à Montereau).

Les derniers 33 m nécessitent 16 écluses reserrées (on les appelle les échelles de Sardy lès Epiry)

et trois passages en tunnel (Les voutes de la Collancelle,  des breuilles et de Mouas) qui succèdent à un long parcours en tranchée entre des falaises envahies par une végétation luxuriante. Coté versant Loire, la tranchée débouche sur l’étang de Baye , séparé par une fine digue et un système de vannes qui alimentent le versant Loire.

C’est que les canaux, surtout sur les parcours en pente consomment beaucoup d’eau et le premier souci des concepteurs fut de leur assurer une alimentation abondante. Coté Seine, c’est une retenue sur l’Yonne, le barrage de Pannecières, qui fournit l’eau acheminée par la Rigole d’Yonne, Coté Loire ce sont les étangs de Vaux et Baye, créés pour l’occasion au milieu d’une campagne à vaches.Avant de descendre vers la Loire le canal s’élargit et offre aux mariniers ( ici surtout des péniches de plaisance venant de Hollande) un vaste abri occupé également par une société de location de bateaux de plaisance en pleine expansion.L’étang est un paradis pour les pêcheurs. La carpe près des rives herbues.
le brochet le long de la digue. On pêche au vif ou au leurre (chaque pêcheur a son arme secrète, l’essentiel est de mimer le déplacement rapide d’une possible proie). Premier brochet de la matinée pour ce jeune pêcheur de Nevers,  » un beau, 70 centimètres ! « , installé dès le lever du jour avec son grand-père. A vrai dire, le brochet en question est revendiqué quelques instants plus tard par un autre pêcheur , apparemment expérimenté, qui en aurait fait cadeau au petit jeune soupçonné dès lors d’usurpation.  Il n’y a pas qu’à Marseille que les pêcheurs s’attribuent des exploits imaginaires !

C’est aussi un magnifique plan d’eau pour la voile avec la flotte du Cercle Nivernais de la Voile qui fera de vous, loin de tout rivage marin, en plein dans les terres, un vieux loup de mer ! Les deux jours passent vite sous un frais soleil. J’apprécie cette proximité avec cette paisible surface d’eau et cette belle campagne qui se déploie en molles ondulations. Cette ambiance me fait du bien, comme si le calme du paysage m’apportait la paix intérieure.

Alors on savoure jusqu’au dernier moment, avant de prendre la route du retour. Demain la pluie arrive.

(Merci à Charles Berg et à son site, Histoire et Patrimoine des rivières et canaux , une mine pour les amateurs des voies d’eaux)

 

 

 

 


 

5 commentaires sur “Un été indien auprès du canal du Nivernais

  1. Bravo encore pour ce reportage…en plus comme je suis originaire de l’Yonne, j’y ai encore une partie de ma famille, je ne peux qu’être d’accord avec vos appréciations. Une région oubliée des Lyonnais mais très prisée par les Parisiens.
    Allez repartez sur les routes et faites nous vivre encore de bons moments.
    A bientôt, Dominique

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  2. Comme toujours, on ne peut qu’apprécier ces passages de lignes relatant notre histoire, notre patrimoine. Merci au blog ‘‘le clairon’’ pour ces écris qui nous font rêver et envie de découvrir ces mêmes chemins.

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  3. Bonjour Norbert,
    Toujours autant de talent pour la plume, fût elle électronique ! Et merci de nous faire partager ces voyages de proximité ou à l’étranger…
    A un de ces jours,
    Maeva

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  4. En plus la ligne SNCF ne passe pas loin : le 5 octobre, depuis les fenêtres du TGV parti de Lyon à 7 heures, j’ai contemplé ce que montre la 2ème photo : les écharpes de brouillard dans les creux des champs.
    Assis, à 300 km/h, c’est confortable mais très incomplet au niveau des émotions.
    Merci à tous les 2.
    (Norbert, depuis hier, plus que 17 mois avant de rejoindre la famille des retraités mobiles)

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