Les Hautes Chaumes sont ces sommets du Forez qui s’étendent entre le col de la Loge et celui du Baracuchet du Nord au Sud, entre Ambert à l’Ouest et Montbrison à l’Est. Au col de la loge (1253m), c’est encore le règne des épicéas noirs et des clairières où pointent des bouquets de pensées de montagne d’un violet intense.
Un peu plus haut, le paysage s’élargit et la vue se découvre jusqu’à l’horizon. Zones de prairies et de tourbières, les Hautes Chaumes montent vers le ciel sans un arbre pour arrêter le regard. Quelques blocs de granit et des jasseries qui leur ressemblent ponctuent l’immensité vide.
Ces jasseries ne sont pas de simples cabanes de bergers. Ici les habitations d’estives sont vastes et relativement aménagées, car les familles complètes s’y installaient tout l’été.
Moins spectaculaires que l’Aubrac, moins perdues que le Cézallier, moins sauvages que les planèzes du Cantal, les Hautes Chaumes, toutes proches de la plaine du Forez et de la Limagne d’Ambert, ne se gagnent pourtant qu’à pied (sauf pour les jasseries du Coq Noir et celle de Garnier ) malgré leur altitude très raisonnable (elles culminent à 1634m à Pierre sur Haute) et elles offrent une vue splendide.
Au mois de mai, les chaumes de l’année précédente couchées par la neige désormais fondue, laissent apparaître quelques jonquilles; pas d’herbe bonne à brouter encore, juste les pailles blondes avec dans les creux de tourbière où l’eau sourd des renoncules jaune vif.
Nous avons croisé le premier troupeau de moutons qui montaient très gais (et très crottés de leur hiver en étable) vers la jasserie.
C’est un pays de randonnées où les gites sont sans électricité (bougie et feux de bois) et sans eau chaude. L’auberge de Garnier est accessible par la route mais mieux vaut réserver : à moins de 10 à table on trouve porte close.
C’est un pays de fromage où sont produites les fourmes d’Ambert et de Montbrison, deux appellations d’origine, implantées respectivement sur le versant Ouest et Est. Les petites différences de techniques de production accordent à la fourme de Montbrison une pâte plus douce , à celle d’Ambert un bleu légèrement plus relevé.
C’est un pays d’errants et de migrateurs (les bondrées apivores du col du Baracuchet ). Pour Danièle, c’est tout près du pays de sa toute petite enfance (quand ses parents habitaient la Chevalerie, au bout du monde au-dessus de Vollore-Montagne, à sa naissance).
Après avoir quitté les rares clairières où poussent les framboisiers sauvages,
on descend vers la plaine par des sapinières et des hétraies pleines de myrtilles et de digitales (en saison) pour arriver dans les prairies fleuries de pissenlits et les champs labourés, petites parcelles pentues de terre légère et blonde, de cette agriculture de subsistance qui revit grâce au tourisme.
C’est une longue route étroite et sinueuse qui rejoint Ambert d’un côté ou Montbrison de l’autre, mais tout au long, elle est belle et offre des points de vue charmants.
Voilà pourquoi nous aimons les Hautes Chaumes !
*Les photos 2 et 3 sont empruntées à Wikipédia