Un bois de chênes centenaires qui disparaît dans notre village à deux pas de chez nous, juste au-dessus de l’école. Des surfaces dévastées, une centaine de tronc prêts à partir pour la scierie. L’évènement a créé une grande émotion. Mais en plus des ravages du chantier, de la dégradation du paysage, c’est aussi une très mauvaise affaire pour la planète et le climat.

Les arbres, grâce à la photosynthèse, absorbent le CO2 de l’atmosphère et le transforment en feuilles, branches, et tronc. Chaque année ils produisent plus de bois et rejettent autant d’oxygène dans l’environnement. Bref, tout au long de sa vie : 20, 30, 50, 100, 200 ans l’arbre aura ainsi retiré des quantités considérables de CO2 responsable principal du changement climatique qui nous menace tous.
Mais la vie d’un arbre a une fin : Maladie, foudre, incendie, tempête. La plupart meurent du fait de l’exploitation humaine. Que devient alors cette machine naturelle à fixer du CO2 ? Va-ton le retrouver dans notre atmosphère ? Classiquement on présente le schéma suivant. Que faut-il en penser ?

- Séquestration dans les produits : VRAI ! les charpentes, planches, tasseau, meubles se retrouvent dans la construction et dans nos logements. Ils ont une durée de vie longue (quand ils ne partent pas en fumée comme la charpente de Notre-Dame). Le CO2 capté pendant le cycle végétatif reste séquestré dans le bois.
- Substitution énergétique : VRAI et FAUX La question n’est pas si simple. Evidemment cela permet d’économiser des énergies fossiles (charbon, pétrole, gaz) qu’on laissera dans le sous-sol et qui ne viendront pas augmenter le CO2 atmosphérique. MAIS …
Dans l’immédiat on brûle le bois qui dégage donc le CO2 correspondant. On le brûle dans notre cheminée ouverte (très mauvais rendement), dans notre foyer fermé (meilleur rendement) ou dans notre poêle à granulé, notre poêle de masse (meilleur, meilleur rendement). Mais si l’on regarde le cycle du combustible, c’est plutôt mauvais : on a laissé beaucoup de matière dans le sol (souche et racines), sur la terre (les branches), et puis le rendement de la combustion elle-même n’est pas fameux : au total, le rendement est 1,5 fois moins bon que le charbon et 3 fois moins bon que le gaz.
Mais le plus inquiétant ce sont les projets de fournir de l’électricité ou du chauffage urbain à grande échelle, à partir de la forêt. Les objectifs envisagés au niveau de l’Union Européenne consommeraient la totalité de la croissance naturelle de la totalité des forêts d’Europe.
Plus inquiétant encore : le caractère renouvelable de cette ressource est tout à fait fallacieux. Si effectivement on replante, les nouveaux arbres mettront de nombreuses années avant de « rembourser » la dette CO2. Dégagement massif de CO2 maintenant, compensation dans 20, 30, 50 ans. Or c’est bien dans les années proches (avant 2050) qu’on a besoin de réduire massivement les émissions de CO2.
Le bois énergie, faussement renouvelable, est une mauvaise affaire pour la planète, contrairement à la propagande mensongère des industriels et des autorités.
C’est d’ailleurs le sens d’un appel de 500 scientifiques à travers le monde qui réclament l’abandon de tels projets.
Laisser les arbres grandir, vieillir, continuer jusqu’à la fin de leur vie à absorber du CO2 ( c’est prouvé ! )
Et au moins ne pas prélever plus que la croissance naturelle des forêts (qui en France ont doublé leur superficie depuis le XIXe siècle)
Non ! Brûler nos forêts n’est pas une solution à nos besoins de chauffage et d’électricité. L’isolation et l’efficacité énergétique devraient permettre aux énergies réellement renouvelables de prendre le relais des énergies fossiles.
