Charolais : entre canaux et pâtures

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Le week-end de Pâques s’annonçait magnifique : soleil, ciel bleu, douceur de l’air printanier. L’idée c’était de prendre le vert pas loin de chez nous, avec des circuits en vélo. A la différence des vrais amateurs de cyclo qui apprécient la pente et l’effort, ce qu’il nous faut, à nous, ce sont les véloroutes paresseuses, le long des canaux ou sur l’emplacement des anciennes voies de chemin de fer. Pari réussi, même si une petite grippe m’a empêché d’accompagner Danièle dans ses sorties en vélo et ses longues promenades avec Snoopy.
De la verdure, beaucoup de vaches dans les prés, des canaux, une ligne de chemin de fer (Givors- Paray le Monial), nous voici dans le Brionnais-Charolais.

Quatre jours à se repaître d’herbe verte en regardant brouter les vaches blanches, à observer notre chien retrouver dans son pays natal ses instincts de berger de troupeau (avec plus ou moins de succès), quatre jours à admirer les viaducs et canaux, tel a été notre programme d’un week-end pascal bien paisible et ensoleillé.

Danièle voulait retrouver un viaduc qui l’obsédait depuis que nous l’avions raté lors de notre dernière visite, un viaduc particulièrement imposant entre deux rives, entre deux tunnels, sur une ligne qui ne manquait pourtant pas de prodiges de construction. Il s’agit du viaduc de Mussy-sous-Dun

Mais bien avant le chemin de fer, c’est la voie d’eau qui a assuré le transport dans cette région centrale de la France, jusqu’à la Loire atlantique mais aussi vers la capitale. Et nous apprécions particulièrement ces paysages de canaux, de darses, de ports, de pont-canaux (ci-dessous à Digoin), d’écluses, de ponts, de chemins de halage avec leurs rideaux d’arbres.

Le canal du centre ( le plus ancien , inauguré en 1793) a permis de relier la Saône à la Loire, potentiellement Marseille à Nantes. Il traverses une région agricole bien connue du fait de ses vaches blanches : le Charolais.

Et puis, il y a la Loire toujours sauvage. Bordée de quais aux belles maisons bourgeoises dans les lieux urbanisés, laissée à ses divagations et aux oiseaux ailleurs avec parfois la mention d’un bac ou d’une pêcherie qui n’existe plus.

Dans ses vertes étendues, entre les canaux, les étangs et les rivières paresseuses, ne cherchez pas des parcelles de maïs au feuillage allongé, de colza au jaune intense au moment de la floraison, de tournesol avec ses capitules toutes orientées vers le soleil. Il n’y a que de l’herbe, de l’herbe, de l’herbe ! Je ne connais pas de terroir agricole aussi homogène. Avec ses grands troupeaux paisibles de vaches blanches, accompagnées de leurs veaux. La pâture est leur cadre de vie, à l’année, qu’il vente ou qu’il neige, l’hiver on complète avec du foin dans les parcelles, on ne les rentre qu’autour du vêlage. On est loin de l’élevage intensif. Pas loin du bio, même si beaucoup de parcelles reçoivent un peu d’engrais chimique.

Mais comme dans toutes les zones d’élevage, les prix stagnent, les marges sont faibles, le malaise est là, poussant quelques éleveurs à mettre la clé sous la porte, dès le moment où leur situation est plus fragile pour une raison ou une autre : endettement, investissements mal calibrés, accidents de troupeaux, évènements familiaux …

Mardi, nous reprenons la route du retour, après une nuit paisible auprès du Canal à Artaix, face à un ancien lavoir entouré de floraisons généreuses.

Eté indien en Italie

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On a tourné autour du Pô

Nous sommes partis à trois camping-cars cette fois, trois couples, six adultes. Une première expérience ! L’idée c’était de suivre le Pô de son cours moyen jusqu’à l’embouchure

Il fallait d’abord se retrouver venant de lieux assez éloignés les uns des autres (Charente, région Lyonnaise, Venise). À raison de plusieurs échanges de mails pour concilier les exigences des uns et des autres (distance à parcourir en un jour, soleil, objectif final, récupération d’une participante en cours de route), un lieu fut trouvé :

Premier point de chute : sortie Broni-Stradella de l’autoroute Turin-Venise chez des viticulteurs accueillant gratuitement les camping-cars dans sa cour et proposant une dégustation de leurs produits. Situés au sud entre Pavia et Piacenza, entre la Lombardie et l’Emilie-Romagne, les Colli Piacentini, dominent le Pô, avec de douces ondulations, derniers contreforts des Apennins.

Merveilleux petits coteaux plantés en vigne sous le soleil d’automne dans un paysage qui rappelle les coteaux du beaujolais. Les productions sont très variées, suivant ainsi la diversité des cépages utilisés : barbera, croatina, cabernet sauvignon, pinot noir, chardonnay, malvoisie, ortrugo, pinot gris et sauvignon blanc.

Après dégustation et achat de vins, repas au bord du Pô dans un restaurant : All avamposto sul grande fiume. Le resto mérite parfaitement son nom, face au cours majestueux du Pô, particulièrement large à ce niveau.

Les constructions sont interdites dans cette zone hautement inondable. Alors, c’est sur des barges posées à terre qui peuvent flotter en cas de crues que le restaurateur et ses voisins se sont installés.

Depuis 2018, nous avions repéré cet endroit surprenant, mais jamais ouvert lors de nos passages. A l’origine installé sur la barge, l’établissement, à moitié embarcation, s’est étendu sur une terrasse arrimée à la terre ferme. La salle est pleine (heureusement nous avions retenu), c’est le rendez-vous des travailleurs du coin et de quelques connaisseurs. Bonne cuisine italienne simple et goûteuse. Des pâtes, des saucisses et du poisson, arrosés d’une petite piquette fraîche et frizzante.

Départ pour Pavie, son pont couvert, sa cathédrale et sa vieille ville. Nous dormons en contrebas d’un grand parc public qui borde le Ticino, juste avant le confluent avec le Pô.

En route pour Crémone où la halte est encore plus séduisante, encore un parc public au bord du Pô, des promeneurs avec ou sans chien, des coureurs, des voies cyclables et à proximité un camping pour prendre des douches. Alors on sort les tables au bord du fleuve, sous un soleil estival.

La façade de la cathédrale toute de marbre blanc est splendide…

mais ressemble à un décor de théâtre dès qu’on fait le tour et découvre la traditionnelle église en brique, cette brique, omniprésente dans toutes les cités que nous avons visitées.

Il fait si beau que nous restons deux jours.

Départ pour Sabbioneta et Mantoue (toutes deux classées au patrimoine mondial de l’UNESCO). C’est dimanche, il y a un monde fou sous le beau soleil d’octobre. Sabbioneta est toute petite derrière ses remparts imposants.

Mantoue est splendide avançant comme la proue d’un navire sur les lacs artificiels qui ont été créés au 12e siècle pour la protéger des inondations du Mincio qui descend du lac de garde. Il y a tant à voir que nous restons deux jours.

Si nous tardons encore nous ne verrons jamais le delta du Pô. Nous sautons Ferrara et choisissons d’arriver à Comacchio, tout au sud du delta.

C’est un bon choix, car cette petite ville est imposante dans sa simplicité. Vieille ennemie de Venise qui ne supportait pas son implication dans le commerce du sel, elle a été rasée en 932, mais s’est reconstruite avec superbe autour de ses canaux et des ponts qui les franchissent pour exploiter ses richesses de pêche, de sel et de marais mis en culture.

Puis c’est la splendeur du delta pour qui aime ces paysages de terre et d’eau, de ciels et d’oiseaux. Un peu de la Camargue, un peu de la Charente, l’immensité en plus et la pleine lune qui rend les oiseaux très bruyants toute la nuit.

La pêche est omniprésente dans la lagune, dont tout le littoral est équipé d’une multitude de cabanes à carrelet, ces filets carrés qu’on remonte avec l’espoir de belles prises

Ce delta a inspiré de nombreux créateurs italiens célèbres. Comacchio, c’est aussi le lieu où fut tourné « La fille du fleuve » un des premiers films de Sophia Loren.

Ses photos avec les habitants de Comacchio figurent partout dans la ville. Le mambo dansé par la Loren reste indubitablement un des sommets de l’érotisme des années 50. Réalisé par Mario Soldati (par ailleurs bon écrivain), co-écrit par une pléiade de scénaristes-romanciers-poètes dont A.Moravia, G.Bassani et P.P.Pasolini (quelle brochette !), ce pur mélodrame vaut surtout par sa peinture des petites gens qui vivent du fleuve.
Un Pô déjà figure de cinéma chez Visconti (« Ossessione », 1942) et qui sera notamment si bien filmé par Antonioni, d’abord dans un documentaire (« Gente del Po », 1947, court-métrage de 11 minutes) puis dans deux fictions (« Le cri », 1957, et « Le désert rouge », 1964) mettant bien en valeur ces paysages de marécages et de lagunes où se mêlent eau douce et eau de mer.

Deux jours à admirer et nous nous séparons là sur le parking d’une auberge au bord de l’eau.
Quelques ennuis mécaniques mineurs ont marqué le voyage (plaquettes de frein au départ, courroie d’alternateur en cours de route) et quelques découvertes culinaires : les orrechiette à la cime di rappa, les raviolis d’ortie et les raviolis de zucca cuisinés dans le camping-car auxquels il faut ajouter quelques repas au restaurant. Des moments de découvertes et de convivialité à voir dans ce film photographique

Notre retour à la maison a marqué le début d’une nouvelle aventure : Accueillir un petit chiot suite au décès de notre cher Wiki. Dans l’élevage, ce sont dix chiots Border Collie qui ont été menés à bien par leur brave mère. Nous avions déjà choisi le nôtre, mais ses 4 frères étaient aussi craquants.
Alors bienvenue à Snoopy !

De bien jolies vacances déconfinées

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Tourisme, amitié, vélo, nature et bonne cuisine …

Cela fait un bout de temps que notre van était prêt au départ. Mais il a fallu attendre : le 3 mai pour oublier la limite des 10 km, et puis le 3 juin pour recevoir notre deuxième injection, plus quelques jours pour garantir l’immunité. Et puis des invitations à retrouver des amis.

En route pour Poitiers et Les Bavards où Béatrice nous attend, une halte presque traditionnelle quand nous partons vers l’Ouest. Il fait très chaud sur la route mais nous trouvons en chemin une halte  fraîche et agréable pour le soir au bord du plan d’eau de Châtelus-Malvaleix, au nord de Guéret en sortant des grands itinéraires.
Le lendemain pour midi, après une courte visite à la modeste maison de George Sand à Gargilesse, nouvelle recherche d’un point d’eau frais et ombragé au bord de la Creuse.

Et c’est la découverte, après Argenton sur Creuse, de Romefort, l’endroit idéal où l’on peut même se baigner au milieu des renoncules d’eau en fleurs.

Les Bavards, au-dessus de la Gartempe, au milieu des bois, un hameau que Norbert fréquente depuis plus de 40 ans.

Béatrice y passe son été, entre les voisins, les amis et les soins de son potager. Aujourd’hui elle a des copains cyclotouristes qui passent la nuit chez elle avant de faire le tour de la Creuse à vélo. Échange d’adresses et de recettes d’amateurs de vélo. Les fauvettes à tête noire chantent à tue-tête mais le potager a soif et Norbert règle l’arrosage automatique pour que tomates et haricots ne meurent pas pendant l’absence de Béatrice.

Départ pour la mer, mais arrêt imprévu dans le marais poitevin à Arçais où un joli camping ombragé nous tend les bras. Le gérant écoute RTL à fond (pour faire le ménage) mais cela ne nous arrête pas. Les campings ombragés ne sont pas légion.

C’est le week-end, il y a du monde. Ballade à vélo le lendemain sur les pistes cyclables au bord des canaux (pas toujours très bien indiquées) et le soir tour en barque avec guide (très compétent sur la gestion de l’eau et l’histoire du marais).

Pourquoi changer quand on est bien ? On reste le lendemain pour visiter la réserve ornithologique de Saint- Hilaire la Palud.
Vélo à nouveau, marche à pied, oiseaux du marais et restauration de la réserve : assiette vendéenne de produits du terroir, parfaite.

On nous attend à Rochefort chez Léni, une amie d’amis. Sa maison est ancienne et simple mais elle la retape avec énergie. Et nous trouvons derrière un immense pré en bordure de forêt, parfait pour nous. Marché de Rochefort pour le repas de midi (aïoli aux légumes parfaitement épluchés par les messieurs et poisson excellemment préparé par les deux cuisinières que sont Léni et Babeth).

Le soir repas au restaurant au bord de la Charente près de la corderie royale. Tables de 6, nous sommes 7, mais on s’arrange : filles d’un côté et garçons de l’autre. Devant nous les gros bateaux qui partent pour le bout du monde.

N’oublions pas la culture et le lendemain c’est la visite de l’architecture de Royan : architecture estivale des villas de bord de mer, architecture de reconstruction après la guerre (les documents de l’office de tourisme sont de toute beauté!).

Retour par Marennes pour manger des huitres au bord des parcs à huitres. Le bar à dégustation vient de réouvrir avec des serveuses toutes neuves dans le métier qui commencent leur saison.

Nouveau départ cette fois vers Challais et la maison de famille de Jean Mi, modeste mais au milieu des bois de chênes. Un régal pour moi qui vient de voir disparaître le bois de Montvallon à Lissieu !

On passe d’abord la tondeuse et on sort les tables, chaises, coussins, parasols en mode été.

Challais est à l’extrème-sud de la Charente, à la limite du Périgord. Pour venir on a traversé les étendues de vigne de la Saintonge, les vignes à perte de vue qui servent à faire le Cognac.

Beau programme à Challais après les quelques travaux de mise en route de la maison de vacances. La forêt est toute proche, la vie sauvage est très présente, témoin cette jeune biche saisie par la caméra de chasse installée par Danièle.

Aubeterre et son église monolithe (troglodyte plutôt) au bord de la Dronne. Guizengeard le lendemain avec ses lagons bleux dans d’anciennes carrières de kaolin. Et quelques détours par les souvenirs d’enfance de Jean Mi, coins de pêche et de baignade.

Une invitation à l’île de Ré ne se refuse pas. On repart en convoi pour un camping au bord de la mer. Simple, on ne voit pas la mer qui est derrière la dune, mais magique, aéré, accueillant et sans aucune animation bruyante (à l’exception du groupe nombreux de nos jeunes voisins). Ré en vélo quand il n’y a pas encore grand monde, c’est un vrai bonheur de pistes cyclables agréables et planes. On découvre St Martin en Ré, la Flotte, Rivedoux-plage. Puis tout le bout de l’île : Ars en Ré après des retrouvailles avec Andréas et Arya (fils et petite fille de Norbert) chez Hanna (leur mère et grand’mère).

Essai de pêche à pied aussi lors des deux grandes marées (5 palourdes que je donne à la personne qui m’a appris à les découvrir!). Bistrot à Ars en ré, cuisine agréable et service rapide (« depuis le déconfinement, nous faisons en juin le chiffre d’affaire d’un mois de juillet »)

Les bonnes choses ne durant pas et l’île de Ré commençant à se remplir pour le dernier week-end de Juin (nous renonçons au phare des baleines déjà envahi), retour vers Challais et derniers préparatifs pour reprendre la route sous la pluie et la grisaille. Cette fois, d’une seule traite, il vient un moment où l’on a envie de se retrouver chez soi !

Salut les déconfinés – 8 –

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On dirait le sud !

On nous dit qu’avec le changement climatique, il faut s’attendre à une modification de nos paysages, qu’un jour les alentours de Lyon ressembleront à ceux de Madrid aujourd’hui.
Cette semaine passée à Chabeuil, à une heure de chez nous, au milieu de cette petite canicule de septembre, m’a donné comme un avant-goût de ce glissement vers le sud. En parcourant ces espaces péri-urbains, à distance de la vieille ville sur son piton, ces bâtisses anciennes à l’allure quasiment coloniale, ces jardins grillés me rappelaient le midi de mon enfance et peut-être plus loin vers le sud, l’Andalousie, les quartiers européens du Maghreb…

Les palmiers sont courants et même cet agave mexicain au coin d’une terrasse:

Les clôtures occultantes protègent de la vue mais aussi de la chaleur qu’elle reflètent grâce à leur blancheur agressive.

Mais toutes les villas ne sont pas pimpantes. Le temps, l’absence d’entretien ont fait leur oeuvre :

Sans compter ces espaces délaissés où s’entreposent toutes sortes de matériaux à l’abandon :

C’est dans le camping où nous logeons, à deux pas du centre ville. Une bonne part des emplacements sont occupés à l’année par des familles qui y ont installé leur domicile, grâce aux commodités modernes : électricité, eau courante, eaux usées, à l’ombre de platanes centenaires;

Credit photo Danièle Godard-Livet

Chabeuil ne cesse de s’étendre, de construire de nouveaux lotissements pour des exilés de la ville voisine Valence qui se dépeuple. Les champs, les terrains vagues, les bâtiments agricoles sont promis à l’oeuvre des promoteurs.

Cette vieille grange, située rue des Alexandrins va rejoindre les constructions disparues de ce « clos des Poètes ».

Le dernier en date des lotissements. Un bel ensemble encore en peine croissance . Des maisons individuelles et des petits immeubles collectifs au bord de la Véore, qui serpente à coté, encore en eau malgré la sécheresse.
Qui a dit que les petites villes n’avaient plus d’avenir ?

Salut les déconfinés -4-

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Le tour du Sancy en quatre jours et en camping-car

Depuis le déconfinement, nous avions dans l’idée de respirer l’air des sommets auvergnats, mais de nombreux travaux à la maison et sur notre camping-car, nous avaient fait différer notre projet.

Mercredi 15 juillet nous prenons la route par temps gris pour joindre Aydat et son aire de camping-car superbement aménagée en limite de zone humide au bord du lac propice à l’observation des oiseaux et autres éléments de la biodiversité. Nous y avions fait un séjour agréable en octobre 2014.   Après une difficile traversée d’Aubière pour cause de fermeture de la jonction A89-A75 nous arrivons à destination. L’aire (payante) est plus chargée qu’en automne, mais il reste des places. Pas un seul oiseau, hormis les canards cols-verts qui se moquent du mauvais temps.

Jeudi 16 juillet il fait toujours très gris et frais. Après l’invite d’un animateur d’exploration de la zone humide et un rapide (demi) tour du lac, nouvelle petite incursion en zone humide où je vois un ragondin (petit).

La zone est bien aménagée avec des cheminements de planches au-dessus de l’eau et de la végétation aquatique . Et de nombreux postes d’observation, peu utiles en cette période , les migrateurs sont déjà passés. J’avais repéré le héron et je peux indiquer son emplacement à l’animateur qui termine sa promenade avec le groupe de 20 personnes, dont de nombreux enfants… qui se moquent de voir le héron. En début d’après-midi nous décidons de lever le camp et d’aller voir plus loin et plus haut.

En route donc pour la vallée de Chaudefour, réserve naturelle, haut lieu des botanistes clermontois et promenade appréciée depuis le XIXe siècle comme en témoigne le tableau d’un peintre russe exposé au musée de St Petersbourg.

Il y a tant de voitures garées dans le modeste parking que nous renonçons et nous garons un peu plus loin au milieu des prés et des vaches. Une grand-mère et ses deux petits enfants (8 et 10 ans) tous munis de jumelles observent un milan royal (ci-dessous) posé dans une prairie fauchée.

Le rapace n’est pas pressé; j’ai même le temps de régler le zoom et de le saisir dans son envol. Les enfants nous montrent aussi des bruants jaunes et des torcols ! Repérés grâce à leur jumelles de qualité mais aussi à l’acuité de leurs yeux tout jeunes. Jamais je n’ai vu des enfants aussi calés en ornitho qui font la différence entre le bruant jaune et le bruant zizi et vérifient dans le guide !

Il fait toujours très gris et on ne voit pas grand-chose de la vallée de Chaudefour. Les nuées s’accrochent dans les hauteurs. Parfois, sur les sommets,  la Dent de la Rancune apparaît à travers le brouillard qui la cache très vite à nouveau.

Vendredi 17 juillet. Il fait toujours gris. Nous partons très tôt à l’assaut du circuit de la vallée de Chaudefour. Quelques camping-caristes ont dormi sur le parking vidé par la nuit. Très vite nous sommes rejoints par de nombreux randonneurs. Le chemin est bien aménagé, la hêtraie et la sapinière d’épicéas splendide. Arrivés à la source ferrugineuse, il est évident que le temps ne se lèvera pas et qu’il y aura bientôt un monde fou. Il est temps de lever le camp.

Direction Super-Besse pour prendre de la hauteur. Un arrêt à Besse, et une visite du centre-ville moyenâgeux nous fait découvrir une vieille cité commerçante sans doute très prospère qui se préparer à une foire touristique de grande ampleur pour le week-end.

Les parkings pour camping-car ne manquent pas à Super-Besse ! Le village manque de charme malgré son grand lac.

Urbanisme de station à la mode des années 70, certaines constructions comme cette tour de 15 étages au bord des pistes ont de quoi choquer. Beaucoup de logement gardent leur volets fermés. Mais l’affluence des familles , souvent venues pour la journée, est le signe d’un tourisme d’été qui va bon train. Différentes activités de glisse sont proposées autour des quelques remontées mécaniques qui fonctionnent : nous n’empruntons pas la Tyrolienne, pas plus que nous ne louons un kart ou un VTT pour descendre les pentes. Ça a l’air réservé aux enfants d’ailleurs.
La grisaille et le froid persistent. Cela fait trois jours que Norbert m’annonce en vain le retour du beau temps. Aujourd’hui il est frigorifié et se réfugie à l’intérieur du camping-car.  Je suis plus couverte que lui et je vais par les prés jusqu’à la chapelle de Vassivière. C’est plein de fleurs.

Samedi 18 juillet. De premiers signes de ciel bleu apparaissent dès le lever du soleil.

Nous partons pour le lac Chauvet par le col de Geneste. Planèzes en fleurs splendides et une maison isolée sur une butte. A 1400m d’altitude, sur une butte soumise aux vents d’hiver, au gel, à la neige, cette construction du siècle dernier qui n’a rien d’une bergerie d’estive, ne manque pas d’attirer notre curiosité.

Plus bas, le lac Chauvet est charmant, à fleur de terre, très bleu, encadré par les molles ondulations des prairies d’élevage.

Les nuages courent dans le ciel. Un papa initie son fils à la pause longue avec pied et filtres… pour saisir un filé sur les nuages ? Mais le lac est propriété privée et le propriétaire de l’unique maison surveille les promeneurs. Pas question de s’installer.

À Picherande, petites courses. Nous nous mettons en quête de Saint-Nectaire après avoir vu un panonceau annonçant la vente à la ferme du précieux fromage. Un brave homme occupé dans son potager à qui nous demandons notre chemin nous prévient : il y a pénurie de Saint-Nectaire, ce qu’il m’explique par « trois causes combinées » :

– la sècheresse de l’an dernier dont les vaches ont souffert

– le printemps très précoce qui a rendu l’herbe rapidement trop dure et la covid 19 qui a contraint les producteurs à trouver d’autres modes de commercialisation puisque plus personne ne venait à la ferme

– l’afflux des touristes au moment du déconfinement.

Effectivement, il n’y a plus aucun Saint-Nectaire dans les fermes. Nous ferons deux tentatives avant d’abandonner. A chaque fois nous croisons des touristes à la recherche du stock caché. Du jamais vu pour une production fromagère qui a su maintenir et développer les exploitations laitières et amener un peu de prospérité dans ces territoires difficiles grâce à une bonne gestion de l’appellation protégée.

Nous terminons la journée au bord du plan d’eau de La Tour d’Auvergne et une petite promenade par un chemin creux et ombragé à la vieille église de St Pardoux, classée monument historique et en pleine rénovation.

Dimanche 19 juillet retour par l’A89 et l’A 71. Nous quittons la très verte Auvergne pour retrouver les prairies desséchées des Monts du Forez et des monts du Lyonnais.

En prenant de l’essence chez Leclerc, nous rencontrons nos amis Jean François et Colette qui partent manger chez Marcon (une table réputée) à Sauzet le froid. Décidément l’Auvergne a la côte cette année.

Salut les déconfinés – 2-

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Déconfinement en Haute Azergues

Retrouver d’un seul coup sa liberté de mouvement (même dans la limite des 100km) peut s’avérer déstabilisant pour certains. Ainsi en Espagne, les médias ont identifié des troubles mentaux qui touchent certains déconfinés devant une difficulté à sortir, une angoisse dans les lieux ouverts, une hésitation à rencontrer leurs proches. Ils ont baptisé cette situation du joli nom de « syndrome de la cabane », en référence à l’aspect protecteur qu’on peut trouver à son logis habituel.
Après deux mois de confinement, nous avons trouvé la transition idéale pour échapper au traumatisme de la liberté : notre « cabane » s’est transférée sur les 4 roues de notre Camping-car.
Et où trouver un dépaysement suffisant dans les 100km autour de chez nous ?

Privés par deux fois ( une grève, puis la Covid19) du voyage en train Lozanne-Paray-le-Monial, en remontant la vallée d’Azergues où nous habitons, nous avons ainsi décidé de le faire en Camping-Car dès l’annonce du déconfinement pour approcher les ouvrages d’art de la ligne et explorer les multiples vallées, vallons, versants, croupes et cols de cette Haute Azergues.

Première étape : Chambost-Allières, nous nous posons au premier parking au dessus de la vallée, juste à côté du village de Chambost. C’est ensoleillé et très venté. Les agriculteurs font les foins : fauchent, andainent , enroulent, transportent, enrubannent.

Des milliers de fleurs couvrent les bords de chemin.

Danièle ramasse un énorme bouquet qu’elle porte religieusement jusqu’à la fin de notre périple.

Deuxième étape : l’autre versant de la vallée, de Grandris à Cublize, ce ne sont que bois de douglas serrés et routes tortueuses. Ici la forêt assombrit tous les versants. C’est une forêt exploitée, les coupes sont nombreuses.

Le lac des sapins est bien décevant et interdit (à cause de la Covid19) de toute façon. Nous rejoignons la vallée d’Azergues par Ronno, charmant vallon agricole, et faisons étape pour la nuit au col de la Croix de l’Orme. Chants des grenouilles des étangs en contrebas, vol de hérons, terre préparée pour le maïs. la route croise une piste de trail : cyclistes, marcheurs, motards équipés pour l’aventure extrême.

La voie ferrée n’est pas très intéressante dans cette portion et nous ne la rejoignons qu’à Lamure d’Azergues (qui offre aussi l’avantage d’une très belle station de vidange pour camping-car proche de la gare). Cap sur St Nizier d’Azergues et Claveisolles, site de la fameuse boucle de Claveisolles. Un tunnel au tracé hélicoïdal qui lui permet de gagner 43 m sur la pente.

Repas à la gare de Claveisolles, pimpante mais désaffectée. Pas de train non plus, le service est encore assuré par car dans cette période de déconfinement.

Troisième étape : nous repassons de l’autre côté de la vallée d’Azergues pour gagner Ranchal, au milieu des bois. Halte pour la nuit à Notre Dame de la Rochette, immense sanctuaire à la vierge. Entre forêt épaisse et coupe à blanc, on observe les traces du travail des débardeurs, et on se félicite de ne pas rencontrer de camions grumiers sur la route étroite.

L’exploration ne serait pas complète sans un arrêt à Poule-les Echarmeaux où la voie s’enfonce dans un très long tunnel (4153 m, le plus long de toute la ligne) pour ressortir côté Bourgogne. De quoi éviter les fortes déclivités du col des Echarmeaux (712 m) , dernier obstacle avant de redescendre vers la Saône-et-Loire et Chaufailles.
Il nous faut bien longtemps pour trouver la gare, les deux hôtels de la gare (désaffectés) et l’entrée du tunnel. Un sculpteur a élu domicile en face d’un des hôtels, près de l’autre un immeuble de logements, au milieu de nulle part, mais avec de très beaux potagers bien entretenus.

Quatrième étape : allons-nous jusqu’à Monsols ou rejoignons-nous le beaujolais viticole ? C’est un peu tôt et une erreur d’orientation nous conduit à nouveau au-dessus de Claveisolles. C’est l’occasion de voir l’ancien immense couvent qui eut de beaux jours au XIXeme siècle mais est désormais repris par l’Opac et promis à un autre avenir.

C’est au col de la Casse froide que nous trouvons abri sous un tilleul majestueux pour le repas. Un paysan épand son fumier et le vent nous apporte l’odeur que nous jugeons moins dangereuse que celle des épandages phytosanitaires. On devine le Mont-Blanc mais le temps n’est pas assez clair.

Nous partons pour Monsols, mais nouvelle erreur d’orientation et c’est sur la route du Vernay que nous nous retrouvons, à flanc de côteau. Face au Mont-Blanc (toujours aussi peu visible) le village expérimente la route solaire !

Cette fois nous redescendons côté vignes, mais pas trop vite, à flanc de côteaux entre vignes et forêts (de feuillus) en passant par les cols de la croix de Marchampt et celui de la Croix Rozier. C’est étroit, tortueux et sans véritable découverte à l’exception d’un étrange dépôt de camions abandonnés au col de la Croix Rozier. Les vignes montent à l’assaut des collines vertes .

On descend et ce ne sont que vignes et vignerons traitant leurs vignes jusqu’à atteindre Denicé où nous mangeons chez Mathias (le bar du village fait des pizzas à emporter).

Vassivière : un lac entre îles et presqu’îles

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A La fin d’un été sédentaire, à fuir la chaleur au bord de la piscine ou sur notre chantier de climatisation, nous voici partis pour Vassivière, un lac artificiel entre Creuse et Limousin, à la réputation établie de fraîcheur et de plaisirs aquatiques. Nous avons d’abord fait halte sur le plateau de millevaches où il y a plus de forêt et d’étangs que de vaches.

A st Merd les Oussines, après un tour à l’étang (ci-dessus) nous avons découvert les vestiges d’une villa et d’un sanctuaire gallo-romain. Les bourgeois gallo-romains s’étaient construit une belle villa, avec piscine, eau chaude et grande cuve, avec vue sur un plan d’eau, et sur la Vienne naissante. Etonnant, dans cette région reculée, loin des grandes routes de l’antiquité.

A Tarnac nous avons fait nos courses au Magasin Général, l’épicerie-restaurant alternative, toujours tenue -pour la plupart-par les historiques du « groupe de Tarnac. Un lieu d’approvisionnement et de rencontre dans ce village important qui avait failli perdre son seul commerce d’alimentation.

On trouve tout ce qu’il nous faut pour remplir nos soutes et notre frigo. Comme chaque matin, de vieilles estivantes se donnent rendez-vous devant un café avec leurs petits-enfants.

Deux belles aires de camping car (gratuite à St Merd) Payante à Tarnac. L’employé municipal est charmant et parle simplement de l’affaire de Tarnac qui a divisé le village dont le châtelain est le patron de l’hebdomadaire – très à droite- Valeurs Actuelles. Un grand écart pour cette commune qui a élu une maire Front de Gauche !

Le lac de Vassivière est immense et accessible en quatre points seulement Auphelle et Pierrefite (commercial et bruyant), Broussas (où nous nous sommes installés) et Mas Grangeas (reculé).

Des bâteaux navettes permettent de rejoindre les différentes presqu’iles. l’île est accessible par un pont à partir de Pierrefite.

Calme de fin de saison, eaux basses pour maintenir les cours d’eau en aval et…alimenter le refroidissement de la centrale nucléaire de Civeaux ! Danièle s’éprend de ses paysages à la tombée de la nuit

Coucher de soleil en face de la presqu’île de Broussas

Passereaux dans les arbres, baignade en eau trouble sur des plages d’arène granitique.

Petite déception sur l’île où nous avons du mal à comprendre les démarches des artistes du Centre International d’Art et du Paysage. Parcours à la recherche des sculptures dans la forêt et au bord de l’eau.

le Centre International d’Art et du Paysage et son « phare »

Masgrangeas et son village-vacances en partie abandonné vendu à la découpe.

Les vestiges d’un gigantesque village-vacance qui accueillait un grand camping , des locaux communs (à gauche les restes du restaurant), des commerces (demeure aujourd’hui un bistro, boutique multi-services) et une centaine de logements de vacances vendus alors à des particuliers Des maisons à vendre, d’autres à louer et des propriétaires qui s’accrochent après avoir passé deux ans à tout remettre en état (34 m2 par logement) . Le camping sous les arbres au bord d’une plage de sable fin est à vendre depuis 15 ans

Mais nous devons faire le plein, le plein d’eau, de gaz, de vivres. Rien de cela aux abords immédiats du lac. Il faut pousser six kilomètres dans les terres au Nord : Royère de Vassivière, petit bourg animé et alternatif, Vival, le boucher, le café du coin, l’atelier. La bâtisse centrale sur la place a été reprise par des jeunes tendance alternatifs : L’Atelier : café, restaurant, boutique, lieu d’expos , de concerts. Un vrai lieu de vie pour ce petit village !

Un peu plus loin, le lac de La Vaud-Gélade alimente en amont celui de Vassivière. Une aire naturelle au détour de la route nous amène dans un bois clair tout au bord d’une presqu’île

Nous sommes seuls avec les pêcheurs, il pleut, l’employée municipale passe néanmoins collecter son dû. Le matin ramène le soleil qui peine à disperser les nappes de brumes sur l’étendue d’eau.

Sur le chemin du retour , nous faisons un crochet par la vallée de la Sioule, profonde et encaissée, sur ce plateau des Combrailles, à l’ouest de Clermont-Ferrand . Un snack bar à vendre, un village vacances immense et peu fréquenté, des terrains de tennis à l’abandon comme la piscine, un camping vide et des pêcheurs. Un spectacle de fin de saison ! Il est temps de rentrer

L’hiver dans le Berry : vignes et truffes

Il n’y a pas que des  grandes cultures dans la campagne berrichonne. Jean, notre ami viticulteur sur l’appellation de Quincy, nous avait concocté un programme de travail dans les vignes, mais aussi de découvertes du terroir. Nous, c’est à dire les sociétaires du Groupement Foncier Viticole (GFV)  détenteurs de parts dans le vignoble qui se réunissent après la Saint Vincent, patron des vignerons, et les autres habitués du domaine.

Travail le matin dans les vignes à « tirer les bois ». C’est l’époque de la taille sur les ceps qui réclame des as du sécateurs qui connaissent bien le développement de la plante et les exigences associées au type de taille : ici le double guyot. Pas à notre niveau , nous tous qui sommes des amateurs et bénévoles. Alors on nous laisse une tâche indispensable mais peu qualifiée: le tirage des bois à savoir : détacher les liens et vrilles qui s’accrochent, trop solidement à notre goût,  à la quadruple rangée de fil de fer, sortir les sarments et les mettre en tas.

La matinée avance et les groupes dans les rangs, arrivent au bout des lignes. C’est l’heure de passer à autre chose. Les sexagénaires -la plupart d’entre nous- se sont pas fâchés de reposer leur dos et de regagner le repas préparé au gîte.

Jean nous a annoncé une visite, un peu mystérieuse, chez des paysans qui produisent des truffes.

Nous arrivons chez les Borello sous un ciel gris, quelques gouttes de pluie, pas de quoi nous arrêter. Stéphanie, qui s’occupe aussi des gites à la Fontenille , nous présente son activité et son chien Alfi,  un Border Collie trouvé à la SPA, qu’elle a dressé patiemment à faire le job : repérer au pied des arbres le précieux champignon

Eh oui ! Il n’y a pas que dans le Périgord que l’on trouve le diamant noir : la très réputée Tuber Melanosporum, on en récolte aussi dans le Berry !

Une fois dans la truffière, des chênes pubescents et des chênes verts d’une quinzaine d’années, Alfi flashe sur le premier arbre. Il tourne autour pour préciser la localisation et Bing ! un coup de patte discret sans tenter de creuser et le voilà qui attend patiemment la trouvaille … et sa récompense : un bout de saucisse.La truffe se trouve entre 5 cm et 20cm de la surface. Il faut la sortir avec délicatesse pour ne pas l’endommager.

IMG_20180219_153713_553 Les truffes se plaisent dans ce sol léger, peu profond, installé sur des tables calcaires. Les chênes sont plantés mycorhizés, c’est à dire que les racines sont imprégnées des spores du champignon qui se développe tout autour de l’arbrisseau. Le mycélium colonise ainsi un périmètre où rien ne pousse : on l’appelle « le brulé », signe d’un bon développement du champignon.

A peine sortie de la terre, la truffe exhale son parfum typé, sensible à 2-3 m, et tellement fort lorsqu’on la porte sous le nez. C’est bientôt la fin de la saison (cette année elle a commencé dès fin novembre), c’est une période où on a plus de chances de trouver des truffes très parfumées qu’au tout début de l’hiver.

Le précieux champignon se retrouve dans le panier, encore entouré de sa gangue de terre. Jean est très fier d’exhiber ce panier rempli au bout de deux heures de recherches. 27973732_10155504975567545_441964501784863854_nDe retour au gîte , nos hôtes nettoient les précieuses truffes en les brossant délicatement sous un filet d’eau, mais leur parcours n’est pas encore terminé. Il faudra les trier , les contrôler en les « canifiant », c’est à dire en s’assurant d’un coup de canif qu’il s’agit de la bonne espèce et qu’elle n’a pas été corrompue par quelque parasite.

20180219_171749Devant ces merveilles, Max reste bouche bée.

Chacun pourra ensuite repartir avec sa truffe proposée à un bon prix. A déguster comme un produit frais , pas plus d’une semaine au frigo, ou congelée (elle peut se garder plusieurs mois c’est le meilleur moyen de conservation). Nous, nous l’avons introduite 48 h avec les oeufs de nos poules au frais dans une boîte hermétique. A la coque, le parfum se retrouve très intense dans le jeune d’oeuf. Si intense qu’il ne plaît pas à tout le monde, notamment aux enfants. Puis nous l’avons râpée en vue d’un beurre de truffe.

Cet hiver dans le Berry se termine par un bon coup de froid, inhabituel pour une fin-février.

Et pourtant sur le chemin du retour, nous trouvons un signe annonciateur des beaux jours. Les grues cendrées envahissent le ciel, des escadrilles ordonnées en chemin vers les terres du Nord qui font halte dans les champs labourés.grues

Mariage en pays huguenot

Nous étions invités samedi 14 octobre 2017 à la mairie de Crupies (Département de la Drôme) à un improbable mariage civil qui unissait un Alain Marcel, descendant des Marcel de la Combe de Crupies à une Hanna Koch, fille d’un pasteur allemand, originaire de Lübekke (par ailleurs ex-épouse de Norbert et mère des quatre enfants).

Lorsqu’on remonte le fil de l’histoire dans ces terres protestantes, ce mariage, même si les deux mariés, de culture protestante, sont assez éloignés de la religion, apparaît comme une conclusion logique à plus de trois siècles d’histoire, particulièrement en cette année de célébration des 500 ans de la publication des thèses luthériennes qui rencontrèrent rapidement un succès dans de nombreuses régions françaises.

Lorsqu’en 1685, le roi Louis XIV révoque l’Edit de Nantes, un climat de persécution s’installe en France.

Les places fortes de la Rochelle , de Privas sont assiégées et démantelées, les villes de Montpellier et de Nîmes se convertissent devant la menace.

itineraireAilleurs les protestants passent dans la clandestinité, les offices sont célébrés « au désert » dans ces pays isolés, sans routes, au bout de sentiers improbables. Dans les Cévennes, ils prennent les armes (révolte des camisards).

Les autres,  200 000 « Huguenots », cherchent refuge sur des terres protestantes en Europe et dans le monde. Depuis le Dauphiné (dont faisait partie le pays de Bourdeaux), où la réforme est très présente, les départs sont nombreux vers Genève, puis vers l’Allemagne où ils sont accueillis et peuvent fonder des colonies. Les Vaudois des vallées du Piémont, qui adhèrent à la Réforme, s’exilent et suivent les mêmes chemins.

Les Marcel de Crupies (d’après l’étude généalogique d’un village de Drôme provençale -Crupies 1695-1792 – Garaud et Troost)

Ce n’est pas le chemin du départ qu’ont suivi les Marcel de Crupies, ancêtres d’Alain. Ils ont  choisi celui de la résistance et du désert dans cette paroisse qui ne comptait pas plus de 200 âmes réparties dans une dizaine de hameaux au début du 18eme siècle.

Le premier ancêtre connu, Gaspard Marcel, est mort en 1705, enterré dans son champ, interdit de cimetière paroissial pour avoir refusé d’embrasser la religion catholique. On retrouve plus de détails dans les registres d’état civil.

crupies-6« Le 28ème juin mille sept cent et cinq environ la minuit est décédé Gaspard Marcel habitant à la combe de Crupies. Le dit Gaspard est mort subitement puisque le même jour qu’il est décédé il était en réunion publique de ce lieu convoqué par ordre du Sr Chatelain à la réquisition des consuls de cette paroisse… »  Garaud et Troost commentent :  Un consul – délégué élu par l’assemblée des chefs de famille- devait être désigné et le Chatelain avait invité les électeurs à une réunion pour l’élection du consul, le personnage le plus important du village. L’ambiance fut sans doute chaude, la passion politique  débouchant sur la mort d’un participant !

Peut-être le Jean Marcel et le Zacharie Marcel condamnés aux galères en 1687 et tous deux morts à la peine, sont-ils les frères -ou les cousins- de Gaspard ? On retrouve leurs noms au musée du désert au Mas Soubeyran Mialet à Anduze:

En 1719 , la maison du fils de Gaspard,  Antoine à la Combe est détruite par une dragonnade (expédition punitive organisée par les pouvoirs pour « inciter » les protestants à la conversion) . Zacharie, autre  fils de Gaspard et frère d’Antoine s’installe à La Vialle, le hameau isolé perché en haut d’un promontoire vertigineux, longtemps abandonné (photo ci-dessous). La famille semble rester à Crupies ou dans les environs et vivre de la terre.Un siècle plus tard l’édit de tolérance de Louis XVI (1787) et la révolution ont mis fin aux persécutions.

Jean Etienne Marcel  (1814-1861) est instituteur et il épousera à Dieulefit successivement deux des filles Vignal (en 1842 et 1851), filles d’Etienne Vignal fabricant potier originaire d’Ardèche installé à Dieulefit. Il aura un garçon Etienne Leopold, l’arrière-grand-père d’Alain. Ainsi, à  Crupies, à la fin du 19 eme siècle il n’y a plus de Marcel; c’est à Dieulefit que se perpétue la lignée.

Alain a voulu retrouver ce fil en choisissant la mairie de Crupies pour célébrer les noces

Les Koch d’Allemagne (d’après le livre « Sollen wir W.K  weiterbeobachten ? » traduction à paraître prochainement)

Le livre du pasteur Werner Koch, père d’Hanna, ne parle pas de généalogie mais de résistance au nazisme cette fois. Werner fut une des figures de « l’église confessante », (die bekennende Kirche), une tendance dans l’église protestante qui s’opposa rapidement à Hitler, contrairement à l’église officielle noyautée peu à peu par le pouvoir nazi. Tout le monde connaît la citation suivante :

«  Quand les nazis sont venus chercher les communistes, je n’ai rien dit, je n’étais pas communiste.

Quand ils ont enfermé les sociaux-démocrates, je n’ai rien dit, je n’étais pas social-démocrate.

Quand ils sont venus chercher les syndicalistes, je n’ai rien dit, je n’étais pas syndicaliste.

Quand ils sont venus me chercher, il ne restait plus personne pour protester.  »

Il s’agit d’un discours du pasteur Martin Niemöller, finalement arrêté en 1937. Il restera dans les camps de concentration jusqu’en 1945.

Werner fut son compagnon de lutte, il fut à l’origine de l’appel des pasteurs en 1933 contre les mesures anti-juives. Il connut aussi les camps de 1936 à 1938. Après la guerre il a poursuivi sa carrière de pasteur à Berlin, puis dans un village en Rhénanie du Nord puis en Basse-Saxe. Hanna (ci-dessus avec son père) y a grandi avec ses quatre sœurs et son frère, avant de s’installer à Paris à l’âge de vingt ans.

Après ce détour historique sur trois siècles, cet improbable mariage en pays huguenot paraît tout à fait naturel et un juste retour des choses 330 ans après la révocation de l’édit de Nantes.

Dans ces paysages qui inspirent la paix (ici le temple de Tonils qui desservait tous les hameaux de Crupies), comment s’imaginer que de telles passions meurtrières ont pu dévaster cette paisible société rurale ?

 

 

Sète : une Toussaint estivale

Les prévisions météo l’annonçaient sans conteste : plusieurs jours de grand beau temps autour de la Toussaint, en particulier dans le sud. Une bonne raison pour sortir le camping-car avant l’hivernage, à laquelle j’ajoutais une envie de redécouvrir cette petite ville du sud qui m’avait vu naître en 1948 et que j’avais quitté à l’âge de 15 ans.

En bon camping-cariste, une première question s’impose à moi : où vais-je pouvoir stationner mon engin ? Comme dans toute zone touristique, la municipalité cherche à limiter les possibilités de stationnement. Heureusement, Sète propose une aire pour Camping-car bien aménagée, à 30 m de la plage, immense qui s’étend entre Sète et Agde. L’inconvénient c’est qu’on se trouve à 7-8 km du centre-ville. La solution, c’est le vélo sur la voie verte qui nous amène vers l’agglomération.sete-voie-verte-bis-1040924je suis installé au milieu de familles en vadrouille, de cyclistes randonneurs et de pécheurs assidus qu’on voit tard dans la journée auprès de leurs cannes.sete-pecheur-plage-1040964 Le soir tombe sur notre bivouac, nous sommes sur une bande de sable, un cordon littoral étroit qui sépare le bassin de Thau au Nord, de la Méditerranée au sud. D’énormes travaux ont rendu à la plage menacée de disparition son étendue de jadis. Derrière : les parkings, la route, la voie ferrée, les vignes et partout ces rangées de cannes de Provence.sete-cannes-1040962Dès le matin, me voici sur le vélo prêt à mon expédition. D’abord un petit tour au domaine de Listel , un km plus loin. Ces vignes appartenaient aux Salins du Midi, elles avaient connu une grande prospérité au début du XXème siècle lorsque les vignobles crevaient tous du phylloxéra. on s’était aperçu que le phylloxéra ne se développait pas dans les sols sableux. Depuis Listel s’est fait une spécialité de vins faciles, légers, rouges,  rosés ou gris – le vin des sables qu’on retrouve aussi en Camargue. La particularité des plantations est géométrique : la longueur des rangs se compte ici en km !sete vigne Listel-1050002Direction La Corniche,le quartier touristique qui ouvre sur les plages, jadis quelques hôtels, 2-3 immeubles, une maison de retraite, aujourd’hui marinas, port de plaisance, résidences de vacances , promenades aménagées…  Bref ce quartier s’est terriblement modernisé à partir des années 1980. Inutile pour moi de chercher la clinique où je vis le jour, elle a disparu depuis belle lurette au profit des résidences avec vue sur mer.sete la corniche-1040931Heureusement, un peu plus loin, je retrouve inchangée la baignade où nous avions nos habitudes. La crique de La Nau attire les courageux qui profitent de ce temps estival.sete crique la nau-1040944 En avançant on aborde la Sète ancienne, bâtie autour de son port au pied du Mont Saint-Clair. Nous habitions un peu plus loin, ancienne route d’Agde, aujourd’hui baptisée rue Jean Vilar (il y avait sa maison de famille), la Villa « Les Embruns » qui méritait totalement son nom lorsque les tempêtes d’automne nous envoyaient des paquets de houle qui traversaient la route du bord de mer. Mais nous étions aux premières loges dès que le soleil réchauffait l’eau pour piquer une tête depuis les rochers ou observer le manège des voiles qui gagnaient le large.sete-rue-jean-vilar-1040967Rien n’a changé dans cet ancien quartier résidentiel. La fraîcheur des pins au bout d’allées ombragées, des entrées modestes, une grille rouillée. sete villa ancienne-1040938Pour avoir une vue complète de la ville, il faut monter au Mont Saint-clair, 180 m de dénivelé. on voit que la ville d’origine s’est construite, à partir de 1660, autour des canaux pour créer un débouché au canal du Midi qui arrive dans l’étang de Thau.sete-panoramaLa route descend jusqu’au port. Sur le chemin, je m’arrête au cimetière marin, comme beaucoup de sétois en préparation du 1er novembre et je répare une omission : tout le temps de mes jeunes années vécues tout à coté du cimetière, je n’avais jamais eu la curiosité de visiter la tombe de Paul Valéry, relativement discrète au regard de bien de ses voisines et surtout signalée comme le caveau de la famille Grassi du nom de son grand’père maternel Giulio  « il cavaliere Grassi Console di SM il Re d’Italia » consul d’Italie.sete cimetiere marin-1040982…Ô récompense après une pensée
Qu’un long regard sur le calme des dieux !

C’est en hommage à ce fameux poème que le cimetière  autrefois Saint-Charles fut dénommé « Cimetière marin ».

Inutile de chercher Georges Brassens dans cette situation d’exception -la plus belle vue sur le port-; celui-ci est enterré au cimetière du Py, coté étang de thau, le cimetière des sétois ordinaires.

Tous les chemins nous conduisent au port, le centre névralgique de Sète. Il vaudrait mieux parler « des » ports de Sète. Derrière le môle que je parcours, se sont installés les plaisanciers. sete le port-1040955Plus loin , le long du quai de la Marine ce sont les pêcheurs avec les immenses chalutiers qui en font le premier port de pêche en méditerranée. On est loin des « bateaux boeufs » de mon enfance construits en bois sur place. A l’autre bout  s’ouvrent les bassins du port commercial. Autrefois spécialisée dans le commerce du vin avec le Magrheb, l’activité s’est diversifiée. Une liaison régulière de ferrys avec le Maroc et une étape prisée pour les croisiéristes dont on aperçoit les immenses navires depuis le quartier haut, le quartier des pécheurs.souras haut-1040972Ce quartier Haut – que je traversais tous les jours pour aller au Lycée Paul Valéry- n’a pas beaucoup changé, même si les façades des petits immeubles sont plus coquettes que jadis. Au bout de la rue Villaret Joyeuse qui domine directement le port de pêche, s’élève l’Eglise décanale (doyenne) Saint-Louis, sans doute la dernière que j’ai fréquentée dans une vie désormais athée.sete rue villaret joyeuse-1040974Sète dans mon enfance était une ville de gens modestes, voire pauvres, à part un tout petit noyau de riches. Les habitants étaient pécheurs, marins, dockers, employés dans les entreprises de négoce du vin, ouvriers de la cimenterie ou de la pétrochimie de Frontignan. On votait naturellement communiste. Le tourisme -plutôt relégué dans les campings de bord de plage- pesait peu sur l’économie et l’urbanisme de la ville. Juste des revenus complémentaires pour les sétois qui louaient un petit meublé quelques semaines par an. C’est sans doute une particularité si l’on compare aux autres villes côtières. Dans mon souvenir, elle était juste une petite ville de province- une belle endormie.

Aujourd’hui les sétois ne sont guère plus riches (25% de pauvreté contre 14% au niveau national), le chômage est élevé (22% contre 9,9%) mais le tourisme a profondément marqué la ville avec les aménagements de la Corniche, la multiplication des résidences de tourisme et même un casino !

Mais avec l’éternelle vedette des lieux : la mer le long des plages sans fin, la mer au pied des rochers, la mer à l’entrée du port…sete-promenade-leclerc-1040950A signaler , au milieu d’une riche activité culturelle, ImageSingulières organise un festival annuel de photographie documentaire : Du 24 mai au 11 juin 2017