Le tour du Sancy en quatre jours et en camping-car
Depuis le déconfinement, nous avions dans l’idée de respirer l’air des sommets auvergnats, mais de nombreux travaux à la maison et sur notre camping-car, nous avaient fait différer notre projet.
Mercredi 15 juillet nous prenons la route par temps gris pour joindre Aydat et son aire de camping-car superbement aménagée en limite de zone humide au bord du lac propice à l’observation des oiseaux et autres éléments de la biodiversité. Nous y avions fait un séjour agréable en octobre 2014. Après une difficile traversée d’Aubière pour cause de fermeture de la jonction A89-A75 nous arrivons à destination. L’aire (payante) est plus chargée qu’en automne, mais il reste des places. Pas un seul oiseau, hormis les canards cols-verts qui se moquent du mauvais temps.
Jeudi 16 juillet il fait toujours très gris et frais. Après l’invite d’un animateur d’exploration de la zone humide et un rapide (demi) tour du lac, nouvelle petite incursion en zone humide où je vois un ragondin (petit).

La zone est bien aménagée avec des cheminements de planches au-dessus de l’eau et de la végétation aquatique . Et de nombreux postes d’observation, peu utiles en cette période , les migrateurs sont déjà passés. J’avais repéré le héron et je peux indiquer son emplacement à l’animateur qui termine sa promenade avec le groupe de 20 personnes, dont de nombreux enfants… qui se moquent de voir le héron. En début d’après-midi nous décidons de lever le camp et d’aller voir plus loin et plus haut.
En route donc pour la vallée de Chaudefour, réserve naturelle, haut lieu des botanistes clermontois et promenade appréciée depuis le XIXe siècle comme en témoigne le tableau d’un peintre russe exposé au musée de St Petersbourg.

Il y a tant de voitures garées dans le modeste parking que nous renonçons et nous garons un peu plus loin au milieu des prés et des vaches. Une grand-mère et ses deux petits enfants (8 et 10 ans) tous munis de jumelles observent un milan royal (ci-dessous) posé dans une prairie fauchée.

Le rapace n’est pas pressé; j’ai même le temps de régler le zoom et de le saisir dans son envol. Les enfants nous montrent aussi des bruants jaunes et des torcols ! Repérés grâce à leur jumelles de qualité mais aussi à l’acuité de leurs yeux tout jeunes. Jamais je n’ai vu des enfants aussi calés en ornitho qui font la différence entre le bruant jaune et le bruant zizi et vérifient dans le guide !
Il fait toujours très gris et on ne voit pas grand-chose de la vallée de Chaudefour. Les nuées s’accrochent dans les hauteurs. Parfois, sur les sommets, la Dent de la Rancune apparaît à travers le brouillard qui la cache très vite à nouveau.

Vendredi 17 juillet. Il fait toujours gris. Nous partons très tôt à l’assaut du circuit de la vallée de Chaudefour. Quelques camping-caristes ont dormi sur le parking vidé par la nuit. Très vite nous sommes rejoints par de nombreux randonneurs. Le chemin est bien aménagé, la hêtraie et la sapinière d’épicéas splendide. Arrivés à la source ferrugineuse, il est évident que le temps ne se lèvera pas et qu’il y aura bientôt un monde fou. Il est temps de lever le camp.
Direction Super-Besse pour prendre de la hauteur. Un arrêt à Besse, et une visite du centre-ville moyenâgeux nous fait découvrir une vieille cité commerçante sans doute très prospère qui se préparer à une foire touristique de grande ampleur pour le week-end.
Les parkings pour camping-car ne manquent pas à Super-Besse ! Le village manque de charme malgré son grand lac.

Urbanisme de station à la mode des années 70, certaines constructions comme cette tour de 15 étages au bord des pistes ont de quoi choquer. Beaucoup de logement gardent leur volets fermés. Mais l’affluence des familles , souvent venues pour la journée, est le signe d’un tourisme d’été qui va bon train. Différentes activités de glisse sont proposées autour des quelques remontées mécaniques qui fonctionnent : nous n’empruntons pas la Tyrolienne, pas plus que nous ne louons un kart ou un VTT pour descendre les pentes. Ça a l’air réservé aux enfants d’ailleurs.
La grisaille et le froid persistent. Cela fait trois jours que Norbert m’annonce en vain le retour du beau temps. Aujourd’hui il est frigorifié et se réfugie à l’intérieur du camping-car. Je suis plus couverte que lui et je vais par les prés jusqu’à la chapelle de Vassivière. C’est plein de fleurs.
Samedi 18 juillet. De premiers signes de ciel bleu apparaissent dès le lever du soleil.

Nous partons pour le lac Chauvet par le col de Geneste. Planèzes en fleurs splendides et une maison isolée sur une butte. A 1400m d’altitude, sur une butte soumise aux vents d’hiver, au gel, à la neige, cette construction du siècle dernier qui n’a rien d’une bergerie d’estive, ne manque pas d’attirer notre curiosité.
Plus bas, le lac Chauvet est charmant, à fleur de terre, très bleu, encadré par les molles ondulations des prairies d’élevage.

Les nuages courent dans le ciel. Un papa initie son fils à la pause longue avec pied et filtres… pour saisir un filé sur les nuages ? Mais le lac est propriété privée et le propriétaire de l’unique maison surveille les promeneurs. Pas question de s’installer.
À Picherande, petites courses. Nous nous mettons en quête de Saint-Nectaire après avoir vu un panonceau annonçant la vente à la ferme du précieux fromage. Un brave homme occupé dans son potager à qui nous demandons notre chemin nous prévient : il y a pénurie de Saint-Nectaire, ce qu’il m’explique par « trois causes combinées » :

– la sècheresse de l’an dernier dont les vaches ont souffert
– le printemps très précoce qui a rendu l’herbe rapidement trop dure et la covid 19 qui a contraint les producteurs à trouver d’autres modes de commercialisation puisque plus personne ne venait à la ferme
– l’afflux des touristes au moment du déconfinement.
Effectivement, il n’y a plus aucun Saint-Nectaire dans les fermes. Nous ferons deux tentatives avant d’abandonner. A chaque fois nous croisons des touristes à la recherche du stock caché. Du jamais vu pour une production fromagère qui a su maintenir et développer les exploitations laitières et amener un peu de prospérité dans ces territoires difficiles grâce à une bonne gestion de l’appellation protégée.
Nous terminons la journée au bord du plan d’eau de La Tour d’Auvergne et une petite promenade par un chemin creux et ombragé à la vieille église de St Pardoux, classée monument historique et en pleine rénovation.

Dimanche 19 juillet retour par l’A89 et l’A 71. Nous quittons la très verte Auvergne pour retrouver les prairies desséchées des Monts du Forez et des monts du Lyonnais.
En prenant de l’essence chez Leclerc, nous rencontrons nos amis Jean François et Colette qui partent manger chez Marcon (une table réputée) à Sauzet le froid. Décidément l’Auvergne a la côte cette année.

Elle est belle notre France !
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