Covid19- On n’est pas sortis de l’auberge (bis)

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Souvenez-vous, en avril, en pleine troisième vague, nous nous interrogions sur la sortie de cet épisode de l’épidémie. Entre temps, avec le secours des nouvelles restrictions (on ne parlait plus de confinement) les contaminations avaient baissé fortement, laissant entrevoir un été presque comme avant : Un virus en perte de vitesse, une vaccination qui démarrait vraiment à un bon rythme, il était temps de rouvrir les restaurants, les lieux de culture, les boîtes de nuit …

Et, patatras ! Arrive le variant delta (on ne dit plus « indien ») que personne n’avait vu venir, sauf quelques épidémiologistes ronchons. Ce foutu delta change la donne : il serait jusqu’à 60% plus contagieux qu’Alpha, le variant « anglais » lui-même beaucoup plus contagieux que la souche de Wuhan.

Plus question maintenant de reconfiner. L’économie, et même la santé mentale de nos concitoyens ne s’en remettraient pas. Quand on réfléchit au problème, il faut bien se rendre à l’évidence : Pas de salut en dehors de la vaccination !

Mais dans quelle mesure la vaccination peut nous sauver de la déferlante d’une quatrième vague ? On commence à avoir des données sérieuses.

La bonne nouvelle :

  • Le vaccin est sûr : Avec plus de 3,5 milliards de personnes vaccinés depuis 18 mois dans le monde, peu d’accidents, peu d’effets secondaires signalés.
  • Le vaccin protège vraiment des formes graves.  Les personnes non vaccinées contre le Covid-19 représentent environ 85% des malades hospitalisés, y compris en réanimation, et 78% des décès dus au virus, selon les chiffres récoltés par le service statistique des ministères sociaux.
    Le vaccin est la meilleure arme pour éviter l’embouteillage des hospitalisations, des réanimations, et des décès

La mauvaise nouvelle

  • Face à un variant plus agressif, les personnes vaccinées peuvent, en faible proportion, attraper la maladie, sous forme asymptomatique ou peu symptomatique. Dans ce cas, elles peuvent contribuer à la propagation du virus. C’est ce qui se passe en Israël avec un redépart des contaminations malgré un taux de vaccination très élevé. Heureusement peu de conséquences sur le système hospitalier. Les autorités commencent une campagne de troisième vaccination qui devrait réduire le phénomène. Elles recommandent la réintroduction des gestes barrière.

Face au nouveau péril du variant delta, les autorités françaises (en fait notre président le 12 juillet) ont décidé de forcer la progression de la vaccination : renforcement des centres de vaccination, ouverture aux jeunes, obligation vaccinale pour les soignants, extension du pass sanitaire à de nombreux lieux et activités.

Des mesures qui sont accueillies favorablement par 69 % (pour l’obligation vaccinale) des Français et 62% pour l’extension du pass.

Mais le diable se cache dans les détails : un restaurateur a-t-il le droit de vérifier l’identité d’un client présentant un pass sur son smartphone, un soignant récalcitrant doit-il être licencié, les cinémas peuvent-ils survivre avec les seuls porteurs du pass ? Ces mesures préparées à la hâte par un exécutif autoritaire ont été retravaillées et modérées par le parlement et seront soumises au Conseil Constitutionnel.
On est loin de la dictature évoquée par certains.

Mais un mouvement se lève contre ces restrictions aux libertés du côté des politiques : une partie de l’extrême-droite (Florian Philippot et Dupont-Aignan espèrent bien en tirer un profit) et à la gauche de la gauche (Insoumis, communistes, CGT et quelques personnalités écologistes) qui lancent une pétition attrape-tout contre la loi sanitaire, pour des moyens à l’hôpital, contre la réforme du chômage et des retraites. Bref, la confusion est grande.

Dans la rue, ils sont nombreux de tous horizons : extrême-droite, catholiques intégristes, complotistes, antivax, soignants récalcitrants, gauchistes, divers anti-Macron, Gilets jaunes, attelage hétéroclite, sans vraiment de chef de file, mais souvent biberonné aux fake news. Cela nous rappelle les beaux jours des manifs Gilet Jaune. Sauf qu’il ne s’agit plus des 80 km/h, ni du prix de l’essence ni du référendum d’initiative populaire, mais de la santé de nous tous face à un virus qui n’épargne personne. On peut critiquer le pouvoir, on peut s’impatienter de virer Macron en 2022, mais pas affaiblir la vaccination collective.

Alors, restons mobilisés. Vaccinons-nous ! Et conservons les gestes barrière !

COVID19 : On n’est pas sortis de l’auberge.

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Trois semaines après le (pseudo, mini, quasi …) confinement dans les 19 départements, 2 semaines après l’extension au territoire national, rien ne bouge. Tout juste si on perçoit un début de ralentissement dans l’augmentation.

Et pourtant on était tenté d’y croire, à commencer par le président qui voyait bien le « plateau » des contaminations se stabiliser jusqu’à la victoire de la vaccination, un espoir vite déçu.

Ce relatif optimisme, nous l’avions partagé, Danièle et moi lorsque nous avons été vaccinés (à l’AstraZeneca) chez le pharmacien le 30 mars. L’idée c’était que le couvre-feu et les mesures locales suffiraient à éviter l’explosion des contaminations. L’évolution des dernières semaines a démenti ces espoirs, amenant le Président à renforcer, malgré lui, les restrictions.

Que s’est-il passé ?

L’impact des variants a été sous -estimé, malgré les avertissements des scientifiques. Les restrictions, efficaces sur le virus historique, ne suffisent plus devant le variant, britannique notamment, qui s’est imposé à la première place en France.

Alors les dernières mesures peinent à ralentir, voire diminuer les contaminations. Le R effectif commence à peine à repasser timidement sous le seuil de 1, gage d’un recul de l’épidémie.

Est-ce le moment de penser à la réouverture, d’annoncer un calandrier ?

Alors que les contaminations ne baissent pas, que les entrées en réanimation progressent, est-ce bien raisonnable de mettre en avant la date du 15 mai pour déverrouiller progressivement la vie sociale ?

Nous sommes tous envieux des Britanniques qui retrouvent leurs pintes de bière sur les terrasses ; on aurait tendance à oublier qu’ils sortent de près de quatre mois de confinement sévère et qu’ils ont vacciné 40 millions de leurs concitoyens. Même constat en Israël.  On en est bien loin en France. D’autant que les redéparts d’épidémie ne sont pas rares sur la planète.

Les usa ont vacciné 189 692 045 personnes.  Beaucoup d’états ont adouci, voire supprimé les restrictions. Au final, les contaminations repartent à la hausse : +8% sur les deux semaines d’avril.

Le Chili a vacciné complètement 24,5% de sa population (37 % des Chiliens ont reçu au moins une dose). Jeudi 8 avril, 8 195 cas positifs ont été confirmés, du jamais-vu. Les services de soins intensifs sont de nouveau exsangues : 95 % des lits sont occupés. En cause : le variant brésilien qui s’est invité en voisin, l’allègement des mesures de restrictions qui a exposé les jeunes, pas encore vaccinés, mais aussi le vaccin chinois qui protège moins à la première injection (3% selon l’Université du Chili). Alors c’est la course à la 2èmeinjection (56%d’efficacité).

Pour améliorer l’efficacité du Sinovac, les autorités des Emirats arabes unis ont récemment expérimenté l’administration de trois injections du vaccin chinois, au lieu de deux.

Quels que soient les vaccins les études montrent que le nombre de cas graves est vraiment réduit par la vaccination. Mais partout les variants introduisent une nouvelle donne et réclament des mesures plus strictes.

Alors, en France, accueillons avec prudence les promesses de grande réouverture. Ce serait déjà bien de pouvoir bouger pour les vacances d’été.

COVID 19: la vaccination à la peine en France

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4 500 000 personnes vaccinées en France dont 1 500 000 pour les deux doses. Après un début chaotique, on attend toujours l’accélération .

  • La France a choisi de maintenir la contrainte de pratiquer la deuxième injection dans un délai de 3 à 4 semaines, à la différence de nos voisins britanniques et même en dépit de l’avis de la Haute Autorité de Santé qui recommandait d’aller jusqu’à un doublement du délai. Ce qui implique que les centres de vaccination vont être embouteillés dans les jours qui viennent par les personnes déjà vaccinées. Plus de la moitié des doses disponibles y sera consacrée. Pas idéal pour augmenter la couverture …
  • La vaccination chez les médecins généralistes autorisée depuis le lundi 25 février grâce au vaccin AstraZeneca patine, c’est le moins qu’on puisse dire: Moins de 20% des doses disponibles de ce vaccin ont été utilisées. Seuls 19 000 médecins sur les 101 000 généralistes se sont inscrit pour délivrer le vaccin.

En cause, des contraintes d’organisation qui rebutent beaucoup de médecins déjà surchargés au quotidien : il faut planifier des plages de vaccination, commander et prendre livraison des doses dans les pharmacies, annuler les plages des RDV habituels, repérer et convoquer des patients, les convaincre, remplir les dossiers pour le suivi. Possible pour des cabinets collectifs avec du personnel, mais difficile dans le cas d’un exercice individuel. Bref, ce n’était pas la meilleure idée pour faire avancer la vaccination. Alors que les centres de vaccination qui, eux, sont en capacité de vacciner des grandes quantités, sont en panne faute de doses Pfizer et Moderna.

Alors pourquoi ces choix ? Pourquoi les syndicats de généralistes ont-ils revendiqué haut et fort cette exclusivité, alors qu’ils savent parfaitement que la plupart de leurs adhérents ne sont pas organisés pour répondre à cette demande ?
Pour le comprendre il faut remonter à l’épidémie de grippe H1N1 de 2009. A l’époque les grands centres de vaccination prévus par les autorités avaient fait un bide : peu de candidats à la vaccination. Les syndicats de médecins, alors en guéguerre avec le ministère, avaient proclamé que l’échec était dû au choix des « vaccinodrômes » qualifiés de « soviétiques » aux dépens des cabinets des généralistes . Une question de territoire à défendre pour la médecine libérale, un enjeu corporatiste et politique, il faut le dire.
En fait si les vaccinodrômes étaient désertés, c’est que la population avait bien compris que l’épidémie annoncée avait perdu de sa virulence (à tel point que les décès cette année furent inférieurs à une saison ordinaire de grippe) et que la vaccination n’était donc pas indispensable. Rien à voir avec le COVID19 : chacun peut constater le danger couru, surtout pour les catégories d’âge et de comorbidité désignées. Les doutes et les hésitations du début sont oubliés.

Et en 2021 rebelote ! C’est vraiment pour faire plaisir aux corporations de généralistes qu’on les a remis dans la boucle . Alors, si vous faites partie des publics cible, interrogez donc votre généraliste. A mon avis vous pourrez attendre longtemps avant de recevoir l’injection dans son cabinet.

Les pharmaciens pourront-ils prendre le relais ? On attend de voir …

Mais, à un an des élections présidentielles, les médecins représentent un potentiel électoral qu’il convient de choyer.

Danièle et moi, nous faisons partie du « trou dans la raquette » comme disent les commentateurs, les personnes entre 65 et 75 ans sans comorbidité qui pourraient être concernées à partir de début avril, nous dit-on. Mais il paraît qu’on est 7 millions, alors on risque d’attendre longtemps.

Covid19 – Le pire n’est pas toujours sûr !

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Rappelez-vous : au lendemain du confinement d’automne on parlait déjà de reconfiner pour les fêtes de fin d’année, considérées comme un risque absolu de contaminations. Alors on a fait attention et le danger s’est éloigné. Mais dès la mi-janvier, tout le monde s’attendait à un reconfinement prochain. Les nouveaux cas positifs plafonnaient à 20 000 et les autorités scientifiques s’attendaient à une explosion. Alors l’exécutif a dégainé son couvre-feu, d’abord à 20h puis à 18h, avec un certain succès puisque les cas positifs n’ont pas (ou peu) grimpé. La nouvelle doctrine proclamé par le président Macron exclut la perspective du confinement général. Place aux adaptations locales : Nice, Dunkerque et peut-être d’autres à venir.

Mais l’incertitude, l’inquiétude sont fortes chez les scientifiques, plus généralement chez nos concitoyens.En cause les fameux variants : anglais, sud-africains, brésiliens … qui seraient beaucoup plus contagieux ( 40 à 70 % nos dit-on) que le virus historique. Leur montée inexorable nous conduirait inévitablement vers une explosion du nombre de cas comme au Royaume-Uni. Cette analyse mérité d’être discutée.

C’est un fait indéniable que le variant a rapidement supplanté au RU le virus historique, il a démontré son avantage évolutif. Mais est-il totalement à l’origine de la contagion exponentielle observée ? Il faut rappeler que la flambée britannique s’est produite à un moment où les bars, les pubs et les restaurants restaient ouverts et que les masques n’étaient pas obligatoires outre-manche. Variant ou pas, on pouvait s’attendre à une explosion.

En France , le département de la Moselle est un cas à part : c’est le variant sud-africain qui prospère. Suite à une progression « fulgurante », le variant sud-africain est devenu dominant en quelques semaines en Moselle. Quels sont ses effets sur l’épidémie ? Certes, les encours hospitaliers augmentent mais ce, à une vitesse incomparable avec ce que le département a connu de mi-octobre à mi-novembre. Quant au nombre de cas positifs, il a connu un regain de croissance à partir de la mi-janvier mais ce regain s’est ensuite tassé, le nombre de cas n’augmentant encore un peu que parce qu’il y a eu une augmentation faramineuse du nombre de tests. C’est ce que Odile Filliod analyse dans son excellent blog et sur sa page facebook. Pas de quoi conclure pour l’instant à une contagiosité exceptionnelle du variant face au virus historique

L’épidémiologiste Martin Blachier se demande de même dans une interview à LCI si les prévisions d’impact des variants ne sont pas complètement surestimées. Il n’y aurait pas d’explosion à craindre du coté des variants.

Tout le monde s’accorde à dire que le vaccin va modifier toutes les données. On le voit déjà en Israël où près de la moitié de la population est vaccinée – à l’exception des palestiniens qui commencent juste à recevoir les injections. Les formes graves et les décès régressent rapidement sur les personne âgées. Même en France où la vaccination est poussive, on commence à voir un recul des décès correspondant à la couverture vaccinale des EHPAD. Alors on ne peut qu’être impatient devant le lenteur du démarrage des opérations dans notre pays (suite à des erreurs d’analyses et à une série de couacs). On en est hélas à un point où on est limité par le rythme des livraisons de dose, comme nos homologues de l’Union Européenne.

Alors une fois qu’on a éclairci ces données, est il possible de faire des pronostics ? N’ayant personnellement aucune responsabilité dans la conduite des affaires, je peux m’y risquer . La situation risque de perdurer, sans s’aggraver radicalement.L’explosion annoncée du fait des variants risque de rester contrôlable. Ainsi le reconfinement général semble exclu. Mais les ouvertures souhaitées des restaurants, des lieux de culture… etc restent hors de portée.. Il se passera de longues semaines avant que la vaccination change la donne.

C’est dire que le choix de l’exécutif (en fait le choix du président Macron) reste une voie praticable : Pas de confinement général, mais des mesures ciblées. Au risque d’énerver toujours plus nos concitoyens qui sont nombreux à privilégier la philosophie du tout ou rien et du tout national. Partout pareil et tout le monde à la même enseigne !

Seul l’avenir et la comparaison avec des voisins qui poursuivent chacun des objectifs différents pourront désigner les meilleures politiques

Salut les reconfinés – 4-

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Vous avez remarqué : le sous-titre du Clairon n’a pas bougé : Salut les reconfinés ! Malgré les « allègements » des contraintes du mois de décembre, l’impression demeure qu’on n’a pas quitté le confinement et que ça risque de durer.

Bonne année 2021 … la santé surtout !

Il est de tradition qu’au moment du passage vers la nouvelle année, on tourne le regard vers celle qui s’achève. Tous les médias y consacrent analyses, récapitulatifs, et bilans circonstanciés.

Mais Le Clairon ne cédera pas cette année à cet exercice obligé. Personne n’a vraiment le cœur à revisiter cette annus horribilis.

Bye bye 2020 ! et sans regret, on tourne la page.

Regardons vers les mois qui viennent. Quand retrouverons-nous une vie normale ? Les efforts collectifs vont d’abord se concentrer sur les moyens qui visent à maîtriser l’épidémie, puis à ceux qui permettent d’espérer en finir avec la Covid

La maîtrise de l’épidémie

Les premiers jours de janvier seront décisifs. Si les cas positifs passent au-dessus des 15000 quotidiens, ce qui n’est pas exclu après les regroupements des fêtes de fin d’année, des nouvelles mesures seront prises. Le ministre Véran annonce un couvre-feu anticipé à partir du 2 janvier. Il faut s’attendre à l’avenir à un reconfinement dont les modalités ne seront peut-être pas celles du précédent. S’y rajoute la menace du virus mutant qui circule sans doute déjà dans la population française et qui serait plus contagieux, même si aucune étude n’est venue confirmer pour l’instant l’alerte des autorités britanniques.

Les campagnes de tests

On attend les résultats des opérations massives de test au Havre, à Charleville Mézières et dans la région Auvergne-Rhône-Alpes. Quelle proportion d’habitants a profité de l’opération ? Quel effet sur la progression du virus ?

Les exemples de la Slovaquie et de la métropole de Liverpool  ne sont pas encourageants. Ils ont montré que le recul de l’épidémie est très provisoire et que les contaminations ne tardent pas à remonter en flèche.
Ces tentatives butent toutes sur les mêmes difficultés : Comment toucher toutes les populations ? comment isoler efficacement les cas positifs ?

Bref les premiers mois de l’année risquent de ressembler beaucoup aux derniers mois de 2020, en passant de confinement en allégement relatif. Il n’y a pas de raisons que l’épidémie ralentisse. Les théories – qui se sont avérées fumeuses- des immunités (croisées, sous-jacentes et autres) n’ont pas survécu à la réalité des faits. Il y aura hélas ! d’autres vagues.  Et les autorités n’auront d’autre choix que de tout faire pour éviter la surcharge, voire la paralysie des services hospitaliers. Sauf si la vaccination change la donne.

La vaccination

Dans cette situation la vaccination poursuit plusieurs objectifs :

  • Dans un premier temps en protégeant les plus fragiles (le quatrième âge en EHPAD, les patients présentant des comorbidités), elle devrait freiner drastiquement les entrées en réanimation. Resteraient des cas isolés qui, en fonction de particularités individuelles, présenteraient des formes graves de la maladie. Le virus pourrait continuer à circuler dans le reste de la population sans poser de grave problème pour les systèmes de santé.
  • Dans un second temps, lorsqu’une partie importante de la population sera soit immunisée (cas positifs) soit vaccinée, la circulation du virus devrait s’éteindre d’elle-même. Mais à partir de quelle proportion de la population, et à quel moment pouvons-nous l’espérer ?

C’est là qu’intervient la stratégie vaccinale de chaque pays.

  • Aux USA la vaccination est avancée comme une arme de destruction massive de la pandémie : «Nous aurons vacciné 100 millions de personnes à la fin du premier trimestre de 2021, avec deux doses de vaccins», a annoncé Moncef Slaoui, le «monsieur vaccin» de la Maison blanche. Pour atteindre l’immunité collective, 70% à 80% de la population, qui compte 328 millions d’habitants, doit être selon lui vaccinée.
  • Le Royaume Uni a commencé le 8 décembre avant tout le monde dans 1000 centres de vaccination. Tous les groupes à risque devraient être vaccinés avant la fin du premier trimestre
  • En Allemagne, tout est prévu dans 440 méga-entres de vaccination

. Le gouvernement allemand table sur la livraison de 11 à 13 millions de doses de vaccin (qui doit être injectées par des médecins et personnels de santé volontaires en deux fois) d’ici la fin du premier trimestre 2021 pour les publics prioritaires. Parmi eux, les plus de 80 ans n’auront pas à se déplacer au centre de vaccination mais des équipes mobiles se rendront directement à leur domicile et dans les maisons de retraite.  

Une campagne de sensibilisation va être lancée. Les deux tiers des Allemands veulent se faire vacciner mais une partie d’entre eux préfère attendre un peu.

  • En France le plan de vaccination diffère peu de celui de ses voisins. C’est du côté de l’organisation, que les choses sont encore dans le flou.
    Un début de campagne au compte-gouttes ! En deux jours, les 27 et 28 décembre, ce sont moins de 100 résidents d’Ehpad et soignants qui ont été vaccinés contre le Covid-19.

Invité d’Europe Soir lundi, le président du Conseil d’orientation de la stratégie vaccinale anti Covid-19, pointe qu’il « ne faut pas se précipiter » pour vacciner le plus de personnes possible. La lenteur de la stratégie vaccinale française « donne le temps de faire les choses bien en termes de sécurité, d’efficacité, d’organisation et d’éthique avec le consentement ».

 Pour rappel, la France est le seul pays à demander un consentement par écrit avant l’injection. Et de prévoir systématiquement une visite préalable chez son médecin. A priori les « vaccinodromes », mauvais souvenir de la grippe A de 2009,  sont exclus. Les médecins généralistes sont réintégrés au centre du jeu. Mais sauront-ils faire face à cet enjeu considérable ? Avec une cible de un million de vaccins fin janvier et 15 millions fin mars, est-ce réalisable dans les seuls cabinets des médecins généralistes ?
En comparaison de certains de nos voisins, comme la Grande-Bretagne qui comptabilise déjà 800.000 injections, la « lenteur à la française » semble être l’exception. Est-ce le bon choix ?

Les autorités donnent l’impression de marcher sur des œufs, tant la prudence l’emporte dans cette opération de vaccination dont l’objectif ultime devrait tout de même concerner 30 à 45 millions de nos concitoyens si l’on veut atteindre l’immunité collective. A ce rythme on se demande quand il sera atteint : en 2022 ? Plus tard ?

On invoque la réticence des français à accepter ce vaccin. Actuellement ils seraient 60% à refuser la perspective de la vaccination. Mais la situation risque d’évoluer radicalement devant les bons résultats des vaccins, la rareté des effets indésirables et la tranquillité qu’ils introduisent devant la progression de l’épidémie. On peut penser que ceux qui annoncent aujourd’hui un refus,seront les mêmes dans quelques semaines qui réclameront l’injection pour eux dans les meilleurs délais. Ils critiqueront alors vivement les autorités pour le retard français. Autant de semaines, de mois perdus qui nous éloignent d’une vie sans Covid !

Salut les reconfinés -3-

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Noël sauvé ! Mais dans quelles conditions ?

Jeudi 10 décembre, nous étions tous suspendus à ses lèvres. Qu’allait nous annoncer Jean Castex ? Quel serait notre sort pour les semaines qui viennent ? Le président Macron nous avait fait miroiter un déconfinement à partir du 15 décembre. Il laissait donc au premier ministre la tâche ingrate de faire les annonces désagréables.

  • Les quelques bonnes nouvelles : c’est la fin des attestations. On pourra se déplacer au-delà de sa région. La soirée de Noël est préservée
  • Et un tombereau de mauvaises : Les lieux accueillant du public (notamment les activités culturelles et récréatives) resteront fermés. Un couvre-feu de 20 h à 6h du matin. Pas de dérogation pour le réveillon du jour de l’an. Pas de ski avant janvier.

L’avenir proche est plutôt sombre avec cette courbe des cas positifs qui refuse de baisser et fait craindre une troisième vague. Heureusement il nous reste quelques raisons d’espérer : Des campagnes massives de test avant Noël et les vaccins qui démarreront avec la nouvelle année.

Mais même ces annonces positives sont troublées par des messages contradictoires. Est-ce là le signe éclatant de notre génie français, si prompt à écouter les grognons,  à rejoindre les pessimistes et les sceptiques ?

  • Les tests massifs vont être organisés dans trois métropoles (Saint-Etienne, Lille et le Havre). Juste une expérimentation, et plutôt timorée.

La région Auvergne-Rhône-Alpes fera plus en proposant le test (surtout les antigéniques) au quart de sa population.

Mais déjà les esprits chagrins, des médecins, et même le ministre de la santé en réduisent la portée. D’après eux il ne faudrait pas se croire protégé et non-contaminateur pour autant, car on peut, sans le savoir, avoir été contaminé la veille ou l’avant-veille. Certes, c’est une évidence… mais que nous proposent les autorités ? Les futurs convives de Noël devraient plutôt se confiner préventivement pendant sept jours auparavant. Facile à dire ! Autant Danièle et moi sommes déjà et depuis longtemps quasi-confinés vue notre situation de retraités confortables, autant c’est impossible pour tous les actifs (à moins d’imposer de nouveau à tout le monde une quarantaine de 7 jours).

Alors ne les écoutons pas et faisons-nous tester avant de retrouver pour le réveillon les plus vulnérables. Cela permettra de repérer les cas positifs qu’ils soient symptomatiques ou asymptomatiques pour qu’ils restent à l’écart.
Et puis il y a les vaccins avec l’espoir d’en finir avec les restrictions

  • Les vaccins arrivent. Mais déjà le scepticisme monte en force.

Tel le professeur Eric Caumes qui s’inquiétait de ne pas avoir la documentation (alors qu’elle était entre les mains de l’Agence du Médicament : plusieurs milliers de pages, paraît-il). Et qui renouvelait ses alertes, une fois qu’elle était publiée dans la revue de référence The Lancet. Il y aurait trop d’effets secondaires ! Qu’on en juge (même si nous n’en avons pas les compétences, on peut comprendre) : 15% des vaccinés dans la fleur de l’âge auraient connu une petite poussée de fièvre à 38 °. La belle affaire !

Le déploiement du vaccin ne pouvait s’organiser en France que lorsque les autorités compétentes auraient donné leur feu vert. Cette prudence (que n’ont pas respectée les autorités du Royaume Uni) est indispensable.

Mais si l’on doit encore patienter pour la mise en place que chaque médecin, spécialiste ou non, ait pu étudier les milliers de pages du dossier et se soit fait une idée argumentée, on pourra attendre Noël de l’année prochaine pour espérer se faire vacciner !

Vous avez compris que je suis pro-vaccin et impatient de recevoir l’injection (après les précautions et vérifications nécessaires) ; Et je vous encourage à faire de même.

Salut les reconfinés -2-

À la Une

COVID : Quelles perspectives ?

Vous avez bien vu, lu, entendu ces derniers jours dans tous les médias : La grande affaire c’est l’ouverture des commerces. A tous les sujets d’actualité, sur toutes les antennes, difficile d’échapper au reportage sur la mercerie de Romorantin, le magasin de jouets de Vierzon, où la boutique de fringues de Chauvigny. Les enseignes commerciales ont accepté du bout des lèvres de différer le légendaire Black Friday. Tous les responsables économiques et politiques se préparaient à scruter les courbes d’affluence et de chiffre d’affaires, à espérer le boum attendu dans les boutiques, pendant que les responsables sanitaires craignaient la cohue qui favoriserait un nouveau pic de contagion.

Un petit retour dans les commerces

Finalement, rien de cela ne s’est passé.  Une petite affluence de fin Novembre (20 % en moins parait-il, à part les jouets). Explication : beaucoup d’achats de Noël ont été anticipés (sur internet ? on ne sait pas encore). Les prudents (dont je fais partie) sont restés chez eux. Et les soucis de l’évolution de la pandémie ont peut-être mis au second plan la frénésie supposée de consommation.

C’est que les fameuses (et stupides) attestations sont toujours là au moins jusqu’au 15 décembre. Ou peut-être plus longtemps, même si les fêtes de fin d’année échapperont sans doute à la vigilance des forces de l’ordre, on pourra sans doute aller saluer Papy et mammy (et « les laisser manger seuls dans la cuisine » comme le conseille le professeur Rémi Salomon…).

Mais toutes les autorités insistent à juste titre sur la persistance du danger et annoncent des actions sur les tests et sur le fameux vaccin.

Les tests de masse.

L’idée c’est de tester tout le monde ou au moins tous les volontaires avec un accès facile. On pense d’abord à une échelle locale, la métropole de Lille, par exemple. Mais aussi de toute une région. Ainsi Laurent Wauquiez, président de la région Auvergne-Rhône-Alpes annonce une opération globale entre le 16 et le 22 décembre avec des moyens considérables. Ces campagnes massives de test ont deux intérêts : avoir une connaissance fine de la situation de l’épidémie au niveau d’un territoire et alerter les individus testés positifs, surtout lorsqu’ils sont asymptomatiques, sur la nécessité de s’isoler, en particulier à l’approche des fêtes de Noël. De quoi rassurer les familles à quelques jours des rassemblements autour des sapins.

Mais un autre objectif majeur de la démarche n’est pas assuré : L’isolement des positifs. Le président Macron a ouvert la porte à un débat (bien français) : doit-on utiliser la contrainte ? Faut-il prévoir de fortes amendes ?  Il faudrait plutôt commencer par examiner précisément ce qui se fait actuellement. On commence à connaître quelques cas autour de nous : cas contact ou testés positifs. Quel a été le suivi pour chacun ? : en général un SMS avec quelques recommandations et puis … et puis …c’est tout.
Alors on pourrait déjà améliorer l’information sur les modalités de l’isolement qui apparaît sans doute problématique à bien des cas positifs. Mais on peut regarder aussi ce qui se fait à l’étranger.
Les pays qui réussissent le mieux le traçage mettent le paquet : isolement dans des hôtels pour les plus précautionneux, et pour ceux qui restent chez eux : visite chaque matin d’un professionnel de santé qui examine avec le patient les modalités de l’isolement et le soutien à apporter. Cela demande des moyens humains considérables, mais toujours moins coûteux qu’un nouveau reconfinement.

Le vaccin

Il arrive, nous dit-on, mais on est encore dans le grand flou. J’ai vu un reportage d’Arte sur l’Allemagne. La campagne y démarre précisément le 15 décembre, la logistique des doses de vaccins, leur conservation (à -70° pour certains dans des congélateurs spéciaux), les centres de vaccination installés dans des centres de congrès ou des gymnases, le personnel recruté, tout est prêt.

En France on s’interroge encore sur les modalités (chacun chez son généraliste ou dans des centres dédiés ?) ; sur les publics prioritaires ; sur la stratégie vaccinale (précisée lundi 30 novembre par la Haute Autorité de santé) ; sur le calendrier (un premier déploiement des doses pourrait avoir lieu en janvier…).
Tout le monde a en tête le fiasco du vaccin contre la grippe, vivement conseillé par les autorités, mais en rupture dans les pharmacies trois jours après le début de la campagne.

Alors, on prend les paris : A quel moment serons-nous appelés, Danièle et moi, qui faisons partie des publics prioritaires pour avoir la fameuse injection ? A mon avis pas avant le printemps dans le meilleur des cas, plus sûrement au début de l’été !
Et on s’étonne que dans ce grand flou, les français ne sont que 40 % à se déclarer favorables personnellement à la protection vaccinale.  Le jour où les autorités seront en mesure donner une information fiable et complète, ils seront manifestement bien plus nombreux.

Alors en attendant RESTEZ PRUDENTS !

Salut les re-confinés -1 –

À la Une

Alors ? Ce qu’on craignait ces derniers jours s’est finalement réalisé. Sans attendre le résultats des mesures des derniers jours (couvre-feu,  etc.), le gouvernement (ou Macron tout seul ?…) a tranché. Sans doute que les chiffres de l’épidémie qui flambent n’ont pas laissé le temps de l’examen sérieux de la situation.

A ce moment de retour en force de l’épidémie la Chaîne Parlementaire diffusait samedi en fin de soirée (à voir : d’autres diffusions cette semaine à venir) un documentaire instructif : Grippe de Hong Kong, la pandémie oubliée

La grippe de Hong Kong

C’était entre l’hiver 1968 et l’hiver 1969, une épidémie qui était passée inaperçue, j’en suis témoin, moi qui en fus contemporain. Aujourd’hui je n’en ai aucun souvenir direct ou indirect. Après mai 1968, j’avais, comme beaucoup de ma génération, d’autres préoccupations. L’hiver 1968 c’est l’Asie et les USA (50 000 morts en trois mois) qui sont sévèrement touchés.  A l’été 1968, les spécialistes estiment l’épidémie terminée. En France les autorités sont rassurantes : pas de seconde vague, pas de danger !

Mais l’hiver arrive et le virus flambe : En France, tous les milieux sont touchés : dans les entreprises, les écoles, les administrations l’absentéisme varie entre 30 à 50% des effectifs. On estime a postériori que 25 % de la population a été infectée par le virus en quelques semaines. Mais la population, les médias, les responsables politiques ne prennent pas le fléau au sérieux et les commentaires légers, voire humoristiques ne sont pas rares. Evidemment aucune mesure de distanciation, aucune restriction  n’est évoquée

Pourtant cette grippe tue, les services hospitaliers n’ont aucune thérapie efficace (pas d’intubation, pas de respirateur…) pour les formes graves. Le documentaire fait la place au témoignage d’un médecin alors externe à Nice : « On n’avait pas le temps de sortir les morts. On les entassait dans une salle au fond du service de réanimation. Et on les évacuait quand on pouvait, dans la journée, le soir. Les gens arrivaient en brancard, dans un état catastrophique. Ils mouraient d’hémorragie pulmonaire, les lèvres cyanosées, tout gris. Il y en avait de tous les âges, 20, 30, 40 ans et plus. Ça a duré dix à quinze jours, et puis ça s’est calmé. Et étrangement, on a oublié »

A l’époque on s’est peu soucié peu de compter les morts. Après une analyse rétrospective les épidémiologistes estiment maintenant que l’épidémie fut responsable de 40 000 morts en France. Au niveau mondial ce fut un million de morts.

Ce qui frappe au cours de l’émission, c’est l’insouciance générale de la population et des autorités qui tranche tellement avec l’inquiétude qui nous a saisi, cinquante ans plus tard, avec la Covid 19. Et si nous avions aujourd’hui adopté la même insouciance – ou la même priorité à nos activités, nos libertés- combien compterions-nous de morts maintenant ?

Le re-confinement

Emmanuel Macron a trouvé des arguments à la télé mercredi pour justifier le reconfinement . Des arguments par défaut, en rejetant des solutions plus ciblées sur les publics vulnérables, en exposant les conséquences dramatiques de formules plus libérales (si on laisse faire, ce sont 400 000 (?) morts à venir).

« Tout le monde a été surpris par la force de cette seconde vague. » a t-il souligné. Tout le monde sauf le conseil scientifique qui depuis juin alerte sur les scenarii les plus noirs.

Mais Macron préférait sans doute faire une visite le 10 avril au professeur Raoult qui annonçait une moindre virulence du Sars-covid2 et les résultats exceptionnels de son traitement à la chloroquine, aujourd’hui démentis. On dit même que le marseillais avait encore récemment l’oreille du président qui se souciait en priorité de l’activité économique.

Alors les réalités de l’épidémie ont douché les espoirs infondés de tous les « rassuristes » et ramené -sans doute un peu tard- le président à la raison. Terminés l’approche territoriale et le ciblage par zone (le vert, l’orange, le rouge, l’écarlate), terminé le traçage (tester, suivre, isoler, qui n’a  jamais vraiment été mis en œuvre efficacement), terminé Stop-Covid qui n’a jamais vraiment marché, terminé le couvre-feu…

Retour aux bonnes vieilles attestations de déplacement, à la recherche des quelques dérogations autorisées. Et aux contrôles policiers.

Mais l’inertie de l’épidémie qui continue sur sa lancée est telle qu’avant de décélérer sous l’action du confinement, le nombre des décès restera encore élevé. On observe un délai de 30 jours entre une contamination et le décès ; c’est parmi les positifs de cette fin octobre, qu’on comptera les morts de fin novembre. Pour la durée du confinement Thierry Crouzet, fin statisticien, estime la mortalité sur la période à 10 000, soit un mort toutes les 5 mn.

Les boomers coincés dans la bulle

Si Macron l’avait un moment évoqué, personne n’a osé mettre en avant un confinement spécifique des personnes vulnérables, âgées en particulier qui pourrait alléger les restrictions imposées aux plus jeunes. Personne n’a osé, pour diverses raisons.

  • Pour des raisons d’égalité citoyenne qui nous interdirait de soumettre une population particulière à un traitement discriminatoire, presque vexatoire.
  • Pour des raisons pratiques, car on voit mal comment isoler efficacement les séniors du reste de la population, du reste de leur famille.  

Or c’est quand même de ce côté qu’on peut espérer réduire les hospitalisations à venir. 85 % des hospitalisés ont plus de 60 ans L’âge médian des décès du Covid 19 s’établit à 84 ans. 

Alors on peut peut-être s’attacher à faire la promotion de pratiques efficaces pour tenir les plus âgés à l’écart des contaminations sans pour autant stigmatiser ces populations. C’est le sens d’une tribune de plusieurs universitaires parue dans Libération le 26 octobre dernier :

« Il est parfaitement possible, en effet, de donner les moyens effectifs aux personnes vulnérables, sur une base volontaire mais fortement recommandée :

• de rester chez elles grâce à des distributions à domicile de tout le nécessaire ;

• d’être relogées temporairement si elles vivent avec d’autres générations susceptibles de les contaminer ;

• si elles sont économiquement actives, de se mettre en télétravail ou en chômage partiel ;

• de circuler dans les espaces publics grâce à des mesures de prophylaxie généralisées et adéquates (distanciation, port du masque en intérieur ou en cas de forte densité…) et grâce à l’augmentation de l’offre des transports en commun, pour qu’une véritable distanciation soit possible ;

• de se retrouver en famille et entre amis de préférence en extérieur et munies des protections adéquates ;

• de bénéficier, en Ehpad comme à l’hôpital, d’un service optimal grâce à l’embauche massive et permanente d’un personnel suffisant et convenablement équipé, au lieu du sous-effectif structurel installé depuis des décennies dans ces secteurs. »

Je dois dire qu’avec Danièle, nous pratiquons déjà une forme d’auto-confinement. Nous avons cessé les activités -sportives, culturelles- collectives. Nous continuons à voir nos enfants et petits-enfants, nos amis, mais à petite dose et avec les distances recommandées.

Nous pratiquons en petit comité un qi-qong qui se veut quotidien et nous promenons le chien deux fois par jour. Nous avons la chance d’avoir un jardin et les soins du potager nous occupent aux beaux jours. Et nous passons beaucoup de temps devant notre ordinateur.

Le plus difficile c’est d’échapper à la morosité générale. Beaucoup parmi les plus jeunes enragent de ne plus faire la fête (même si les transgressions ne sont pas rares).
Les plus anciens font le compte du temps à vivre devant eux : combien de mois gâchés par cette épidémie, combien de projets annulés, reportés, combien d’énergie dispensée pour la seule préservation ?

Mais c’est le prix à payer pour notre survie, pour espérer voir grandir nos petits-enfants, pour pouvoir encore témoigner de notre expérience, pour découvrir encore tout ce que nous ignorons.

Salut les déconfinés – 9 –

À la Une

La seconde vague est en marche

 Avec 122 000 nouveaux cas par semaine, l’épidémie rejoint une croissance exponentielle et double ses effectifs en moins d’un mois. On est encore loin des pires semaines de mars où ça doublait en 3-4 jours, avec beaucoup de cas symptomatiques (puisqu’on ne testait que ceux-là).  La montée est plus lente, avec encore beaucoup d’asymptomatiques mais personne ne sait comment la situation va évoluer.

Du coup les coronasceptiques, les « rassuristes » comme on les a nommés, se font plus discrets.

Laurent Toubiana

Que dit maintenant le professeur Toubiana, persuadé de l’existence d’une immunité sous-jacente qui nous protégerait d’une hypothétique seconde vague ?
Que dit Jean-François Toussaint qui jugeait les chiffres de nouveaux cas faibles, voire en déclin, et surtout un nombre de malades négligeable ? : «Le nombre de décès quotidiens, on le voyait diminuer à partir du 7 avril, et donc on pouvait rendre l’espérance aux Français pour se dire, tiens, c’est en train de refluer, et nous sommes toujours dans cette phase de reflux, entre 20 et 40 décès par jour» déclarait-il le 11 septembre.

Didier Raoult

Et du coté de Marseille, c’est la mutation du virus qui le rendrait moins dangereux : Dans une vidéo datée du 22 septembre, le Pr Raoult résumait les choses ainsi : «Il existe différents mutants, actuellement, qui sont corrélés avec l’existence de formes qui sont moins graves, en termes d’hospitalisation, de réanimation et de mortalité. […] La sévérité de l’infection, la réponse inflammatoire, diminue de manière très significative dans cet épisode.» 

Mais le 6 octobre, devant l’évolution de la situation, sur CNews, le professeur marseillais se ravisait totalement : « là on a un nouveau variant dont les données préliminaires – on a analysé pour l’instant 70 cas -, semblent montrer qu’il est différent dans les manifestations cliniques du variant 1 qui paraissait vraiment banal. »
Sur sa dangerosité, le professeur répond « oui » mais il ajoute : « Je suis plus prudent que ça : les éléments qu’on a nous font penser qu’il n’est pas aussi banal ni bénin que ce que nous avons eu en juillet-août. » … on admire l’art du retournement.

De son coté le Docteur Nicole Delépine ne s’embarrassait pas de précaution dans une tribune en août : « Une épidémie terminée en France selon toutes les analyses des chiffres officiels de Santé Publique France : il n’y a presque plus de décès liés au covid (inférieurs à 20 par jour alors que les cancers en tuent 500 quotidiennement.
L’arrivée de la fameuse deuxième vague attendue comme l’arlésienne depuis 3 mois est compromise car le virus semble avoir muté et être devenu très peu virulent. Il donnera au mieux de bons rhumes comme les autres coronavirus (qu’on retrouve dans les tests aussi bien que l’actuel, ils sont cousins germains).

Jean-Dominique Michel qui s’était fait une jolie réputation sur Internet en incarnant un coronascepticisme souriant mais radical, est un peu embarrassé le 19 octobre :
« Nous vivons une période d’incertitude avec une sorte d’emballement. Certains chiffres s’envolent, d’autres progressent, avec certaines données et variables qui posent question.
Ce qui est sûr, c’est qu’il ne s’agit pas d’une deuxième vague. Si deuxième vague il y avait dû y avoir, elle se serait produite au déconfinement de mai, quand aucune des mesures imposées depuis n’était en vigueur.
Nous sommes face à un regain de diffusion du virus, certainement saisonnier, mais encore peu lisible… »

Gageons que les coronasceptiques qui ont enflammé les réseaux sociaux, laisseront peu de traces dans l’histoire sanitaire. L’important est maintenant de discerner l’évolution actuelle de l’épidémie.  

La différence principale avec la première vague, c’est l’existence massive de mesures de dépistages et de précautions qui sont déclinés maintenant dans tous les pays de la planète. Et chaque gouvernement hésite sur le point où poser le curseur. D’où des projections assez disparates. Le schéma ci-dessous (un peu ancien mais toujours d’actualité) l’illustre parfaitement.

Tout le monde a compris que les limites de tolérance de nos sociétés se situent aux limites de tolérance de notre système de santé, du nombre de places en réanimation particulièrement.
Le nombre de malades du Covid-19 actuellement en réanimation a dépassé ce lundi 19 octobre les 2000 personnes, un seuil qui n’avait pas été atteint depuis mai, selon les chiffres officiels, qui font en outre état de 146 morts en 24 heures. 
Au pic de l’épidémie, en avril, plus de 7000 malades étaient hospitalisés en réa, un nombre qui a fortement chuté jusqu’à fin juillet, avant de remonter progressivement.

Or il faut bien constater que la situation ne s’est pas améliorée en France depuis le mois d’avril. Malgré les engagements, il n’y a pas plus de lit en réanimation qu’au début de l’épidémie :

« On sent que le président a compris la gravité de la crise, mais il ne prend pas la mesure de la crise hospitalière. Et on doit paralyser le pays parce que les hôpitaux manquent de lits« , a réagi le 14 octobre Patrick Pelloux (Président de l’association des médecins urgentistes) auprès de l’Agence France-Presse suite à l’annonce du couvre-feu.

 Pas assez de lits, c’est surtout pas assez d’infirmières et ce ne sont pas les augmentations du Ségur de la Santé (90 € au 1er septembre,  puis au 1er mars 2021 avancé à la fin de l’année finalement)  qui attireront de nouveaux candidats. Trop peu, trop étalé dans le temps.  

Et puis le virus est partout sur le territoire. Pas question de déshabiller une région pour regarnir une autre.

Et puis une stratégie de dépistage chaotique qui ne permet plus de remonter la chaîne des contaminations.  Les « clusters » identifiés ne représentent plus qu’un quart des cas positifs. Les trois quarts sont diffus dans la population.

Alors dans ce cas, on comprend que les autorités n’ont pas eu d’autre choix qu’adopter les mesures les plus sévères (couvre-feu…) avant le confinement général. Vingt millions de Français condamnés au triptyque Métro/boulot/dodo !

Les seniors à la retraite comme moi et nos proches ne s‘en plaignent pas trop. Mais quel gâchis pour la société dans son ensemble !

  • Il n’y a pas que le Covid dans la vie, suivez nos aventures en Camping-Car dans le midi et nos mésaventures face au promoteur qui démolit notre quartier : Les mots justes , le blog de Danièle

Salut les déconfinés -7-

À la Une

Etrange épidémie !

Non contente de semer la panique d’un bout à l’autre de la planète, d’envoyer au cimetière 800 000 terriens à ce jour, cette épidémie excite les esprits et transforme les plus placides en passionaria (ou -o) d’un camp ou d’un autre.

J’en sais quelque chose, vu que je suis placé entre deux types de combattants opposés, de quoi craindre les balles perdues. Tous les deux sont retraités et ont passé depuis plus ou moins longtemps les soixante ans.
 Commençons par Philippe, qui habite Venise depuis toujours (enfin presque, je l’ai connu aussi dans sa vie française). Au moment où tout le monde parlait de « grippette » en France, c’est grâce à lui que l’épidémie a pris, à nos yeux, un peu de consistance, une vraie réalité jusqu’à ce que nous annulions début Mars notre voyage vers la Sérénissime.

Philippe a survécu dans une Vénétie confinée parmi les premières régions d’Europe.  Pendant toutes ces semaines, il a tenu sur Tweeter une chronique régulière des chiffres italiens présenté par la protection civile. Dans un appel adressé à ses amis français, il s’inquiétait de l’insouciance qui régnait encore chez nous où l’épidémie observait un retard de 8 jours par rapport à l’Italie du Nord 

RESTEZ A LA MAISON !!! tel était le message qu’il martelait sur son blog, sur les réseaux sociaux.

Au moment du déconfinement, Philippe n’a pas quitté son attitude inquiète face à l’épidémie. A chaque relâchement programmé des mesures de protection, il s’insurgeait devant cette hâte coupable des autorités.  Il a ainsi refusé cet été de rejoindre son épouse en France, vu les mauvais signes de reprise de l’épidémie de ce côté des Alpes.

Jean se trouve à l’opposé. Cet ami de quarante ans est viticulteur, on se voit aux vendanges et puis sur Facebook.

Comme beaucoup d’agriculteurs qui ont pu continuer à se déplacer, à travailler leurs champs, il n’a pas été personnellement gêné par le confinement. Mais il s’inquiétait des restrictions qui pesaient sur son activité : annulation des foires au vin, fermeture des bars et restaurant, exportation en berne du fait des taxes imposées par Trump sur les vins français. Il n’a pas tardé à se rapprocher des coronasceptiques contre la « dictature sanitaire » et au nom des libertés fondamentales, partageant sur Facebook les publications de Jean-Dominique Michel puis celle du Professeur Raoult, recommandant la lecture de son livre. Le point commun : l’épidémie n’est pas si grave, elle est appelée à disparaître, les autorités en profitent pour restreindre les libertés, le système politico-médico-médiatique s’acharne à discréditer le seul traitement efficace : la Chloroquine !

Entre les deux, nous observons les jeunes dans notre entourage, qui se soucient fort peu des querelles académiques. Vaille que vaille, ils se sont soumis avec difficulté aux restrictions du confinement. Maintenant, ils attendent impatiemment de pouvoir reprendre leur liberté, bouger, voir leurs amis, faire la fête ….

Alors c’est vrai que cette épidémie (et surtout la reprise actuelle en Europe) ne fait rien pour clarifier nos débats :


 Des contaminations en hausse rapide, qui contrastent avec des hospitalisations stables voire en légère augmentation. Des jeunes, asymptomatiques (la moitié des cas) sont détectés grâce à des tests enfin nombreux, ils ont peu de risque de développer des formes graves. Rien à voir avec la situation de février-mars !

La situation donne un avantage aux tenants de la thèse de la disparition de l’épidémie. Même si leurs arguments n’en sont pas plus convaincants. Peu importe qu’on évoque la saisonnalité, l’immunité collective, les mutations d’atténuation ou l’adoption d’un traitement miracle, aucune de ces hypothèses n’a, à ce jour, bénéficié de preuve recevable, voire définitive.

Du coté des autorités, on craint le pire pour la suite, les cas positifs donneront inévitablement les hospitalisations de demain et les décès d’après-demain. Taxés de cécité et d’impréparation en Mars, ils ne voudraient pas se laisser surprendre par une reprise incontrôlée de l’épidémie et multiplient les mesures parfois excessives.

Ce resserrement des restrictions peut apparaitre décalé par rapport à une situation où les menaces sont encore vécues comme abstraites.

Les querelles n’ont pas fini de prospérer… l’avenir seul les départagera à condition que chacun s’astreigne à juger des faits et non à rechercher à tout prix confirmation de ses opinions.