Salut les déconfinés – 9 –

La seconde vague est en marche

 Avec 122 000 nouveaux cas par semaine, l’épidémie rejoint une croissance exponentielle et double ses effectifs en moins d’un mois. On est encore loin des pires semaines de mars où ça doublait en 3-4 jours, avec beaucoup de cas symptomatiques (puisqu’on ne testait que ceux-là).  La montée est plus lente, avec encore beaucoup d’asymptomatiques mais personne ne sait comment la situation va évoluer.

Du coup les coronasceptiques, les « rassuristes » comme on les a nommés, se font plus discrets.

Laurent Toubiana

Que dit maintenant le professeur Toubiana, persuadé de l’existence d’une immunité sous-jacente qui nous protégerait d’une hypothétique seconde vague ?
Que dit Jean-François Toussaint qui jugeait les chiffres de nouveaux cas faibles, voire en déclin, et surtout un nombre de malades négligeable ? : «Le nombre de décès quotidiens, on le voyait diminuer à partir du 7 avril, et donc on pouvait rendre l’espérance aux Français pour se dire, tiens, c’est en train de refluer, et nous sommes toujours dans cette phase de reflux, entre 20 et 40 décès par jour» déclarait-il le 11 septembre.

Didier Raoult

Et du coté de Marseille, c’est la mutation du virus qui le rendrait moins dangereux : Dans une vidéo datée du 22 septembre, le Pr Raoult résumait les choses ainsi : «Il existe différents mutants, actuellement, qui sont corrélés avec l’existence de formes qui sont moins graves, en termes d’hospitalisation, de réanimation et de mortalité. […] La sévérité de l’infection, la réponse inflammatoire, diminue de manière très significative dans cet épisode.» 

Mais le 6 octobre, devant l’évolution de la situation, sur CNews, le professeur marseillais se ravisait totalement : « là on a un nouveau variant dont les données préliminaires – on a analysé pour l’instant 70 cas -, semblent montrer qu’il est différent dans les manifestations cliniques du variant 1 qui paraissait vraiment banal. »
Sur sa dangerosité, le professeur répond « oui » mais il ajoute : « Je suis plus prudent que ça : les éléments qu’on a nous font penser qu’il n’est pas aussi banal ni bénin que ce que nous avons eu en juillet-août. » … on admire l’art du retournement.

De son coté le Docteur Nicole Delépine ne s’embarrassait pas de précaution dans une tribune en août : « Une épidémie terminée en France selon toutes les analyses des chiffres officiels de Santé Publique France : il n’y a presque plus de décès liés au covid (inférieurs à 20 par jour alors que les cancers en tuent 500 quotidiennement.
L’arrivée de la fameuse deuxième vague attendue comme l’arlésienne depuis 3 mois est compromise car le virus semble avoir muté et être devenu très peu virulent. Il donnera au mieux de bons rhumes comme les autres coronavirus (qu’on retrouve dans les tests aussi bien que l’actuel, ils sont cousins germains).

Jean-Dominique Michel qui s’était fait une jolie réputation sur Internet en incarnant un coronascepticisme souriant mais radical, est un peu embarrassé le 19 octobre :
« Nous vivons une période d’incertitude avec une sorte d’emballement. Certains chiffres s’envolent, d’autres progressent, avec certaines données et variables qui posent question.
Ce qui est sûr, c’est qu’il ne s’agit pas d’une deuxième vague. Si deuxième vague il y avait dû y avoir, elle se serait produite au déconfinement de mai, quand aucune des mesures imposées depuis n’était en vigueur.
Nous sommes face à un regain de diffusion du virus, certainement saisonnier, mais encore peu lisible… »

Gageons que les coronasceptiques qui ont enflammé les réseaux sociaux, laisseront peu de traces dans l’histoire sanitaire. L’important est maintenant de discerner l’évolution actuelle de l’épidémie.  

La différence principale avec la première vague, c’est l’existence massive de mesures de dépistages et de précautions qui sont déclinés maintenant dans tous les pays de la planète. Et chaque gouvernement hésite sur le point où poser le curseur. D’où des projections assez disparates. Le schéma ci-dessous (un peu ancien mais toujours d’actualité) l’illustre parfaitement.

Tout le monde a compris que les limites de tolérance de nos sociétés se situent aux limites de tolérance de notre système de santé, du nombre de places en réanimation particulièrement.
Le nombre de malades du Covid-19 actuellement en réanimation a dépassé ce lundi 19 octobre les 2000 personnes, un seuil qui n’avait pas été atteint depuis mai, selon les chiffres officiels, qui font en outre état de 146 morts en 24 heures. 
Au pic de l’épidémie, en avril, plus de 7000 malades étaient hospitalisés en réa, un nombre qui a fortement chuté jusqu’à fin juillet, avant de remonter progressivement.

Or il faut bien constater que la situation ne s’est pas améliorée en France depuis le mois d’avril. Malgré les engagements, il n’y a pas plus de lit en réanimation qu’au début de l’épidémie :

« On sent que le président a compris la gravité de la crise, mais il ne prend pas la mesure de la crise hospitalière. Et on doit paralyser le pays parce que les hôpitaux manquent de lits« , a réagi le 14 octobre Patrick Pelloux (Président de l’association des médecins urgentistes) auprès de l’Agence France-Presse suite à l’annonce du couvre-feu.

 Pas assez de lits, c’est surtout pas assez d’infirmières et ce ne sont pas les augmentations du Ségur de la Santé (90 € au 1er septembre,  puis au 1er mars 2021 avancé à la fin de l’année finalement)  qui attireront de nouveaux candidats. Trop peu, trop étalé dans le temps.  

Et puis le virus est partout sur le territoire. Pas question de déshabiller une région pour regarnir une autre.

Et puis une stratégie de dépistage chaotique qui ne permet plus de remonter la chaîne des contaminations.  Les « clusters » identifiés ne représentent plus qu’un quart des cas positifs. Les trois quarts sont diffus dans la population.

Alors dans ce cas, on comprend que les autorités n’ont pas eu d’autre choix qu’adopter les mesures les plus sévères (couvre-feu…) avant le confinement général. Vingt millions de Français condamnés au triptyque Métro/boulot/dodo !

Les seniors à la retraite comme moi et nos proches ne s‘en plaignent pas trop. Mais quel gâchis pour la société dans son ensemble !

  • Il n’y a pas que le Covid dans la vie, suivez nos aventures en Camping-Car dans le midi et nos mésaventures face au promoteur qui démolit notre quartier : Les mots justes , le blog de Danièle

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