Charolais : entre canaux et pâtures

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Le week-end de Pâques s’annonçait magnifique : soleil, ciel bleu, douceur de l’air printanier. L’idée c’était de prendre le vert pas loin de chez nous, avec des circuits en vélo. A la différence des vrais amateurs de cyclo qui apprécient la pente et l’effort, ce qu’il nous faut, à nous, ce sont les véloroutes paresseuses, le long des canaux ou sur l’emplacement des anciennes voies de chemin de fer. Pari réussi, même si une petite grippe m’a empêché d’accompagner Danièle dans ses sorties en vélo et ses longues promenades avec Snoopy.
De la verdure, beaucoup de vaches dans les prés, des canaux, une ligne de chemin de fer (Givors- Paray le Monial), nous voici dans le Brionnais-Charolais.

Quatre jours à se repaître d’herbe verte en regardant brouter les vaches blanches, à observer notre chien retrouver dans son pays natal ses instincts de berger de troupeau (avec plus ou moins de succès), quatre jours à admirer les viaducs et canaux, tel a été notre programme d’un week-end pascal bien paisible et ensoleillé.

Danièle voulait retrouver un viaduc qui l’obsédait depuis que nous l’avions raté lors de notre dernière visite, un viaduc particulièrement imposant entre deux rives, entre deux tunnels, sur une ligne qui ne manquait pourtant pas de prodiges de construction. Il s’agit du viaduc de Mussy-sous-Dun

Mais bien avant le chemin de fer, c’est la voie d’eau qui a assuré le transport dans cette région centrale de la France, jusqu’à la Loire atlantique mais aussi vers la capitale. Et nous apprécions particulièrement ces paysages de canaux, de darses, de ports, de pont-canaux (ci-dessous à Digoin), d’écluses, de ponts, de chemins de halage avec leurs rideaux d’arbres.

Le canal du centre ( le plus ancien , inauguré en 1793) a permis de relier la Saône à la Loire, potentiellement Marseille à Nantes. Il traverses une région agricole bien connue du fait de ses vaches blanches : le Charolais.

Et puis, il y a la Loire toujours sauvage. Bordée de quais aux belles maisons bourgeoises dans les lieux urbanisés, laissée à ses divagations et aux oiseaux ailleurs avec parfois la mention d’un bac ou d’une pêcherie qui n’existe plus.

Dans ses vertes étendues, entre les canaux, les étangs et les rivières paresseuses, ne cherchez pas des parcelles de maïs au feuillage allongé, de colza au jaune intense au moment de la floraison, de tournesol avec ses capitules toutes orientées vers le soleil. Il n’y a que de l’herbe, de l’herbe, de l’herbe ! Je ne connais pas de terroir agricole aussi homogène. Avec ses grands troupeaux paisibles de vaches blanches, accompagnées de leurs veaux. La pâture est leur cadre de vie, à l’année, qu’il vente ou qu’il neige, l’hiver on complète avec du foin dans les parcelles, on ne les rentre qu’autour du vêlage. On est loin de l’élevage intensif. Pas loin du bio, même si beaucoup de parcelles reçoivent un peu d’engrais chimique.

Mais comme dans toutes les zones d’élevage, les prix stagnent, les marges sont faibles, le malaise est là, poussant quelques éleveurs à mettre la clé sous la porte, dès le moment où leur situation est plus fragile pour une raison ou une autre : endettement, investissements mal calibrés, accidents de troupeaux, évènements familiaux …

Mardi, nous reprenons la route du retour, après une nuit paisible auprès du Canal à Artaix, face à un ancien lavoir entouré de floraisons généreuses.

Les forêts et le CO2

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Un bois de chênes centenaires qui disparaît dans notre village à deux pas de chez nous, juste au-dessus de l’école. Des surfaces dévastées, une centaine de tronc prêts à partir pour la scierie. L’évènement a créé une grande émotion. Mais en plus des ravages du chantier, de la dégradation du paysage, c’est aussi une très mauvaise affaire pour la planète et le climat.

Les arbres, grâce à la photosynthèse, absorbent le CO2 de l’atmosphère et le transforment en feuilles, branches, et tronc. Chaque année ils produisent plus de bois et rejettent autant d’oxygène dans l’environnement. Bref, tout au long de sa vie : 20, 30, 50, 100, 200 ans l’arbre aura ainsi retiré des quantités considérables de CO2 responsable principal du changement climatique qui nous menace tous.

Mais la vie d’un arbre a une fin : Maladie, foudre, incendie, tempête. La plupart meurent du fait de l’exploitation humaine. Que devient alors cette machine naturelle à fixer du CO2 ? Va-ton le retrouver dans notre atmosphère ? Classiquement on présente le schéma suivant. Que faut-il en penser ?

  • Séquestration dans les produits : VRAI !  les charpentes, planches, tasseau, meubles se retrouvent dans la construction et dans nos logements. Ils ont une durée de vie longue (quand ils ne partent pas en fumée comme la charpente de Notre-Dame). Le CO2 capté pendant le cycle végétatif reste séquestré dans le bois.
  • Substitution énergétique : VRAI et FAUX La question n’est pas si simple. Evidemment cela permet d’économiser des énergies fossiles (charbon, pétrole, gaz) qu’on laissera dans le sous-sol et qui ne viendront pas augmenter le CO2 atmosphérique. MAIS …

Dans l’immédiat on brûle le bois qui dégage donc le CO2 correspondant. On le brûle dans notre cheminée ouverte (très mauvais rendement), dans notre foyer fermé (meilleur rendement) ou dans notre poêle à granulé, notre poêle de masse (meilleur, meilleur rendement). Mais si l’on regarde le cycle du combustible, c’est plutôt mauvais : on a laissé beaucoup de matière dans le sol (souche et racines), sur la terre (les branches), et puis le rendement de la combustion elle-même n’est pas fameux : au total, le rendement est 1,5 fois moins bon que le charbon et 3 fois moins bon que le gaz.

Mais le plus inquiétant ce sont les projets de fournir de l’électricité ou du chauffage urbain à grande échelle, à partir de la forêt. Les objectifs envisagés au niveau de l’Union Européenne consommeraient la totalité de la croissance naturelle de la totalité des forêts d’Europe.

Plus inquiétant encore : le caractère renouvelable de cette ressource est tout à fait fallacieux. Si effectivement on replante, les nouveaux arbres mettront de nombreuses années avant de « rembourser » la dette CO2. Dégagement massif de CO2 maintenant, compensation dans 20, 30, 50 ans. Or c’est bien dans les années proches (avant 2050) qu’on a besoin de réduire massivement les émissions de CO2.

Le bois énergie, faussement renouvelable, est une mauvaise affaire pour la planète, contrairement à la propagande mensongère des industriels et des autorités.

C’est d’ailleurs le sens d’un appel de 500 scientifiques à travers le monde qui réclament l’abandon de tels projets.

Laisser les arbres grandir, vieillir, continuer jusqu’à la fin de leur vie à absorber du CO2 ( c’est prouvé ! )

Et au moins ne pas prélever plus que la croissance naturelle des forêts (qui en France ont doublé leur superficie depuis le XIXe siècle)

Non ! Brûler nos forêts n’est pas une solution à nos besoins de chauffage et d’électricité. L’isolation et l’efficacité énergétique devraient permettre aux énergies réellement renouvelables de prendre le relais des énergies fossiles.

Salut les déconfinés – 2-

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Déconfinement en Haute Azergues

Retrouver d’un seul coup sa liberté de mouvement (même dans la limite des 100km) peut s’avérer déstabilisant pour certains. Ainsi en Espagne, les médias ont identifié des troubles mentaux qui touchent certains déconfinés devant une difficulté à sortir, une angoisse dans les lieux ouverts, une hésitation à rencontrer leurs proches. Ils ont baptisé cette situation du joli nom de « syndrome de la cabane », en référence à l’aspect protecteur qu’on peut trouver à son logis habituel.
Après deux mois de confinement, nous avons trouvé la transition idéale pour échapper au traumatisme de la liberté : notre « cabane » s’est transférée sur les 4 roues de notre Camping-car.
Et où trouver un dépaysement suffisant dans les 100km autour de chez nous ?

Privés par deux fois ( une grève, puis la Covid19) du voyage en train Lozanne-Paray-le-Monial, en remontant la vallée d’Azergues où nous habitons, nous avons ainsi décidé de le faire en Camping-Car dès l’annonce du déconfinement pour approcher les ouvrages d’art de la ligne et explorer les multiples vallées, vallons, versants, croupes et cols de cette Haute Azergues.

Première étape : Chambost-Allières, nous nous posons au premier parking au dessus de la vallée, juste à côté du village de Chambost. C’est ensoleillé et très venté. Les agriculteurs font les foins : fauchent, andainent , enroulent, transportent, enrubannent.

Des milliers de fleurs couvrent les bords de chemin.

Danièle ramasse un énorme bouquet qu’elle porte religieusement jusqu’à la fin de notre périple.

Deuxième étape : l’autre versant de la vallée, de Grandris à Cublize, ce ne sont que bois de douglas serrés et routes tortueuses. Ici la forêt assombrit tous les versants. C’est une forêt exploitée, les coupes sont nombreuses.

Le lac des sapins est bien décevant et interdit (à cause de la Covid19) de toute façon. Nous rejoignons la vallée d’Azergues par Ronno, charmant vallon agricole, et faisons étape pour la nuit au col de la Croix de l’Orme. Chants des grenouilles des étangs en contrebas, vol de hérons, terre préparée pour le maïs. la route croise une piste de trail : cyclistes, marcheurs, motards équipés pour l’aventure extrême.

La voie ferrée n’est pas très intéressante dans cette portion et nous ne la rejoignons qu’à Lamure d’Azergues (qui offre aussi l’avantage d’une très belle station de vidange pour camping-car proche de la gare). Cap sur St Nizier d’Azergues et Claveisolles, site de la fameuse boucle de Claveisolles. Un tunnel au tracé hélicoïdal qui lui permet de gagner 43 m sur la pente.

Repas à la gare de Claveisolles, pimpante mais désaffectée. Pas de train non plus, le service est encore assuré par car dans cette période de déconfinement.

Troisième étape : nous repassons de l’autre côté de la vallée d’Azergues pour gagner Ranchal, au milieu des bois. Halte pour la nuit à Notre Dame de la Rochette, immense sanctuaire à la vierge. Entre forêt épaisse et coupe à blanc, on observe les traces du travail des débardeurs, et on se félicite de ne pas rencontrer de camions grumiers sur la route étroite.

L’exploration ne serait pas complète sans un arrêt à Poule-les Echarmeaux où la voie s’enfonce dans un très long tunnel (4153 m, le plus long de toute la ligne) pour ressortir côté Bourgogne. De quoi éviter les fortes déclivités du col des Echarmeaux (712 m) , dernier obstacle avant de redescendre vers la Saône-et-Loire et Chaufailles.
Il nous faut bien longtemps pour trouver la gare, les deux hôtels de la gare (désaffectés) et l’entrée du tunnel. Un sculpteur a élu domicile en face d’un des hôtels, près de l’autre un immeuble de logements, au milieu de nulle part, mais avec de très beaux potagers bien entretenus.

Quatrième étape : allons-nous jusqu’à Monsols ou rejoignons-nous le beaujolais viticole ? C’est un peu tôt et une erreur d’orientation nous conduit à nouveau au-dessus de Claveisolles. C’est l’occasion de voir l’ancien immense couvent qui eut de beaux jours au XIXeme siècle mais est désormais repris par l’Opac et promis à un autre avenir.

C’est au col de la Casse froide que nous trouvons abri sous un tilleul majestueux pour le repas. Un paysan épand son fumier et le vent nous apporte l’odeur que nous jugeons moins dangereuse que celle des épandages phytosanitaires. On devine le Mont-Blanc mais le temps n’est pas assez clair.

Nous partons pour Monsols, mais nouvelle erreur d’orientation et c’est sur la route du Vernay que nous nous retrouvons, à flanc de côteau. Face au Mont-Blanc (toujours aussi peu visible) le village expérimente la route solaire !

Cette fois nous redescendons côté vignes, mais pas trop vite, à flanc de côteaux entre vignes et forêts (de feuillus) en passant par les cols de la croix de Marchampt et celui de la Croix Rozier. C’est étroit, tortueux et sans véritable découverte à l’exception d’un étrange dépôt de camions abandonnés au col de la Croix Rozier. Les vignes montent à l’assaut des collines vertes .

On descend et ce ne sont que vignes et vignerons traitant leurs vignes jusqu’à atteindre Denicé où nous mangeons chez Mathias (le bar du village fait des pizzas à emporter).

Vassivière : un lac entre îles et presqu’îles

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A La fin d’un été sédentaire, à fuir la chaleur au bord de la piscine ou sur notre chantier de climatisation, nous voici partis pour Vassivière, un lac artificiel entre Creuse et Limousin, à la réputation établie de fraîcheur et de plaisirs aquatiques. Nous avons d’abord fait halte sur le plateau de millevaches où il y a plus de forêt et d’étangs que de vaches.

A st Merd les Oussines, après un tour à l’étang (ci-dessus) nous avons découvert les vestiges d’une villa et d’un sanctuaire gallo-romain. Les bourgeois gallo-romains s’étaient construit une belle villa, avec piscine, eau chaude et grande cuve, avec vue sur un plan d’eau, et sur la Vienne naissante. Etonnant, dans cette région reculée, loin des grandes routes de l’antiquité.

A Tarnac nous avons fait nos courses au Magasin Général, l’épicerie-restaurant alternative, toujours tenue -pour la plupart-par les historiques du « groupe de Tarnac. Un lieu d’approvisionnement et de rencontre dans ce village important qui avait failli perdre son seul commerce d’alimentation.

On trouve tout ce qu’il nous faut pour remplir nos soutes et notre frigo. Comme chaque matin, de vieilles estivantes se donnent rendez-vous devant un café avec leurs petits-enfants.

Deux belles aires de camping car (gratuite à St Merd) Payante à Tarnac. L’employé municipal est charmant et parle simplement de l’affaire de Tarnac qui a divisé le village dont le châtelain est le patron de l’hebdomadaire – très à droite- Valeurs Actuelles. Un grand écart pour cette commune qui a élu une maire Front de Gauche !

Le lac de Vassivière est immense et accessible en quatre points seulement Auphelle et Pierrefite (commercial et bruyant), Broussas (où nous nous sommes installés) et Mas Grangeas (reculé).

Des bâteaux navettes permettent de rejoindre les différentes presqu’iles. l’île est accessible par un pont à partir de Pierrefite.

Calme de fin de saison, eaux basses pour maintenir les cours d’eau en aval et…alimenter le refroidissement de la centrale nucléaire de Civeaux ! Danièle s’éprend de ses paysages à la tombée de la nuit

Coucher de soleil en face de la presqu’île de Broussas

Passereaux dans les arbres, baignade en eau trouble sur des plages d’arène granitique.

Petite déception sur l’île où nous avons du mal à comprendre les démarches des artistes du Centre International d’Art et du Paysage. Parcours à la recherche des sculptures dans la forêt et au bord de l’eau.

le Centre International d’Art et du Paysage et son « phare »

Masgrangeas et son village-vacances en partie abandonné vendu à la découpe.

Les vestiges d’un gigantesque village-vacance qui accueillait un grand camping , des locaux communs (à gauche les restes du restaurant), des commerces (demeure aujourd’hui un bistro, boutique multi-services) et une centaine de logements de vacances vendus alors à des particuliers Des maisons à vendre, d’autres à louer et des propriétaires qui s’accrochent après avoir passé deux ans à tout remettre en état (34 m2 par logement) . Le camping sous les arbres au bord d’une plage de sable fin est à vendre depuis 15 ans

Mais nous devons faire le plein, le plein d’eau, de gaz, de vivres. Rien de cela aux abords immédiats du lac. Il faut pousser six kilomètres dans les terres au Nord : Royère de Vassivière, petit bourg animé et alternatif, Vival, le boucher, le café du coin, l’atelier. La bâtisse centrale sur la place a été reprise par des jeunes tendance alternatifs : L’Atelier : café, restaurant, boutique, lieu d’expos , de concerts. Un vrai lieu de vie pour ce petit village !

Un peu plus loin, le lac de La Vaud-Gélade alimente en amont celui de Vassivière. Une aire naturelle au détour de la route nous amène dans un bois clair tout au bord d’une presqu’île

Nous sommes seuls avec les pêcheurs, il pleut, l’employée municipale passe néanmoins collecter son dû. Le matin ramène le soleil qui peine à disperser les nappes de brumes sur l’étendue d’eau.

Sur le chemin du retour , nous faisons un crochet par la vallée de la Sioule, profonde et encaissée, sur ce plateau des Combrailles, à l’ouest de Clermont-Ferrand . Un snack bar à vendre, un village vacances immense et peu fréquenté, des terrains de tennis à l’abandon comme la piscine, un camping vide et des pêcheurs. Un spectacle de fin de saison ! Il est temps de rentrer

Le temps des poires

Dans notre périphérie de la métropole lyonnaise, plus beaucoup d’agriculture: elle se réduit souvent à des pâtures à destination des chevaux ou des bovins à l’embouche. Mais il reste une activité encore vivace : l’arboriculture fruitière, et particulièrement la culture de la poire. Chasselay, la commune voisine se revendique Capitale de la Poire et  célèbre ce fruit de caractère tous les 3èmes dimanche d’octobre.OLYMPUS DIGITAL CAMERATout le monde connaît la Williams, la Guyot, l’Abate qu’on trouve facilement dans les grandes surfaces ou les commerces spécialisés. Ce sont des poires d’été qu’on consomme rapidement. Moins connues sont les poires d’hiver, récoltées plus tard et à conserver quelques semaines avant consommation. C’est tout un monde de saveurs, de textures qu’on découvre, chez quelques producteurs experts- on citera autour de nous Michel Pinet à Lissieu et Franck Décrenisse à Chasselay. Danièle a tenté de faire l’inventaire – et le portrait photographique – de ces merveilles conservées au fil des générations, et décrites dans des documents fort anciens.  Vers 1700, La Quintinie, jardinier du Roy recensait 500 variétés de poires qu’il classait en bonnes, médiocres et mauvaises.Birnensorten_Lucas50 ans plus tard Charles Baltet, horticulteur à Troyes décrit 100 poires. Ce sont ses descriptions que nous avons retenues… avant d’y apporter notre propre appréciation (♥), après les avoir goutées. Nous allons les passer en revue :

Alexandrine Douillard

Fruit assez gros, pyramidal, élargi vers l’oeil, côtelé; vert d’eau passant au jaune coing, parfois éclairé de rose lilacé, chair demi-fine,ni fondante, ni cassante, douce et sucrée.OLYMPUS DIGITAL CAMERA♥♥ Alexandrine ou Alexandrine Douillard du nom de l’épouse de l’inventeur, rouge et jaune, plutôt petite, elle a une peau si fine qu’elle marque facilement , comme celle de sa marraine sans doute, mais elle est toute douceur et finesse.

Duchesse Bérerd

Grosse poire un peu bosselée à épiderme bronze, obtenue vers 1890, chair fine sucrée, juteuse, parfumée, serait peu sensible à la tavelure, maturité fin octobre-début décembre.OLYMPUS DIGITAL CAMERA♥ Duchesse Bérerd à peau grumeleuse et rousse, la chair est pierreuse et grenue mais délicatement acidulée; sa forme n’est pas très belle, elle ressemblerait à une pomme de terre sans la queue.

Doyenné du Comice

Fruit assez gros, parfois vraiment gros, déprimé, côtelé; vert pâle devenant blond éclairé de carmin léger, avec mouchetures fauves; chair fine fondante, juteuse, enrichie d’une saveur délicate, exquise.  OLYMPUS DIGITAL CAMERA♥♥♥ Poire d’hiver, plutôt ronde, verte à forte queue, fondante et sucrée, très juteuse , un délice ; mais elle déja plus qu’à maturité fin janvier, il faut la manger vite. C’est, à mon goût une des meilleures poires.

Pakam’s Triumph

Fruit bosselé jaune à maturité, chair fine, fondante, acidulée, juteuse, de bonne qualité gustative. OLYMPUS DIGITAL CAMERA♥♥ La première  à gauche dans cette coupe; on ne voit qu’elle au milieu des autres. Solide, brillante, jaune et résistante, très jolie forme piroïde sans un cou trop allongé. Séduisante, elle a du caractère mais personnellement j’ai un peu de mal avec sa chair ferme et astringeante. Cuite peut-être ? Mais quelle belle poire dans la corbeille à fruits et pour longtemps ! Elle se conserve bien.

Epine du Mas (ou Duc de Bordeaux)

Fruit de taille moyenne, jaune vert légèrement rosé coté soleil , fondante,bien juteuses, parfum agréable, productif, maturité novembre-mi décembre

♥♥♥ Une jolie petite poire que l’on dirait presque sauvage et qu’on aimerait bien trouver dans la forêt si l’on redevenait chasseur-cueilleur, car elle est douce, sucrée et parfumée.

La Bergamote Esperen

Fruit moyen, rond et plat comme un oignon; peau épaisse, vert jaune truité (tacheté) gris sépia; chair ferme, teintée, très fine, fondante, aromatisée, excellente.  OLYMPUS DIGITAL CAMERA♥♥♥♥ Délicieuse poire juteuse, fondante, sucrée et parfumée sous de dehors peu engageants (peau verte, granuleuse, épaisse). Elle est très rare, ne la manquez pas si vous  la trouvez !

Madame Ballet

Fruit gros, ovoïde ou turbiné, ventru,renflé au milieu, un peu bosselé en son pourtour. Pédicelle moyen, droit ou arqué, renflé au point d’attache. Chair blanche, jaunâtre, fine, juteuse, sucrée, parfumée. Qualité : très bonne.OLYMPUS DIGITAL CAMERA

♥♥♥♥ Petite poire plutôt verte, avec un peu de rouge. Fine, tendre, juteuse et sucrée. Ressemble assez par le goût à la Bergamote et comme elle, c’est un délice !

Passe-Crassane

Fruit assez gros, rond et presque plat; vert bronzé roux; chair assez fine, fondante, juteuse, sucrée, relevée d’un goût acidulé, excellente La maturité s’annonce par un changement de nuance, attendre pour la dégustation la parfaite souplesse de la chair.

♥♥ En France il est désormais interdit de multiplier et de planter la Passe-Crassane, trop sensible au feu bactérien qui peut dévaster un verger. N’est bonne que très mûre, mais elle est alors excellente.

La Doyenné d’hiver

Fruit gros, ovale, renflé au centre, tronqué aux deux bouts; vert uni souvent jaune herbacé, fouettée rougeâtre; Chair assez fine et fondante, avec une eau relevée d’un aigrelet agréable. Le fruit jaunit en murissant. 

♥♥ Entre la Passe-Crassane et la Doyenné du Comice pour la forme, la couleur et le goût.

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maquereau carré web

Les poires aiment être associées à des goûts plus forts. Le roquefort et la poire, le chocolat et la poire, il faut essayer ces mariages qui ne vous décevront pas. Et pourquoi pas avec un poisson fort en goût, ou en compote avec du gingembre.

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Notre ami photographe Michelangelo a bien voulu troquer ses modèles en chair et en os pour les belles formes de ces fruits de caractère. Avec les procédés numériques modernes ( Canon EOS 5D Mark III  f:5 1/80s Iso 100):michelangeloMais aussi avec des procédés anciens, ceux des pionniers de la photographie.poire collodion- Ici avec le procédé du Collodion humide, dont il est un des rares spécialistes.  La pose est de 40 secondes après avoir préparé en direct la surface sensible, le cliché est pris en studio avec un puissant éclairage fluo. L’image est révélée sur la surface du verre, le verso est ensuite teinté en noir pour faire apparaître l’image en positif.

En photographie, la modernité nous apporte bien des facilités, mais en matière de poires, elle risque de nous priver de saveurs subtiles et précieuses.

La poire est vraiment photogénique. Admirez-la avant de la déguster

*Cet article est tiré d’un mini-livre photo que Danièle a publié chez Matisseo. on peut le consulter et se le procurer ICI.

Le Nant du Beurre – Entre Beaufortain et Tarentaise

« Il faut absolument y aller ! La vue est magnifique, le refuge est tout neuf et très beau et Pascale est une fine cuisinière ». Yvette, la tante savoyarde de Danièle n’a pas ménagé ses louanges pour nous vanter les mérites d’une petite expédition au Nant du Beurre où sa nièce Martine officie les WE au service. Elle parle en connaissance de cause puisqu’elle a fait l’ascension l’année dernière à l’âge de 85 ans, 2H de marche qui sont devenues le double pour son train de sénateur.

Le Nant du Beure, tire son nom du patois savoyard (Nant veut dire ruisseau) et sans doute du beurre que le berger met au frais dans le ruisseau dans sa toupine (jarre en terre vernissée d’une contenance de huit à dix litres où l’on conservait le beurre ou le saindoux). C’est un alpage qui s’étend jusqu’au Grand Crétet (2292m), le domaine d’estive d’un troupeau de 200 belles Tarines.nant du beurre-8039

Le refuge se trouve à 2080 mètres d’altitude; il  est placé au milieu d’un vallon ensoleillé et jouit d’un magnifique panorama sur la Lauzière, Le cheval Noir, la Vanoise, le massif des Ecrins et la Meije.

Partis à la fraîche, à 7H du matin , nous nous élevons dans le vaste vallon. Nous ne tardons pas à découvrir le panorama qui s’offre à nos yeux encore plongés dans l’ombre. En haut , au milieu, le col de la Madeleine nous fait face.nant du beurre-8057Le vallon n’est pas désert, de nombreuses bergeries s’étalent le long du parcours.

Malgré notre défaut d’entrainement, nous progressons assez vite : au bout de 2H et quart, nous arrivons au refuge où nous attend un solide petit déjeuner : pain et confiture de myrtilles faits maison. Martine nous signale tout l’intérêt de monter plus haut, pour le point de vue. Danièle, qui a récupéré ses forces me convainc de reprendre la marche. Et le chien qui commence à souffrir de la chaleur, va nous suivre avec bonne humeur.nant du beurre-8037Arrivés au col des tufs blancs (2304 m), nous comprenons qu’il faudrait poursuivre plus haut-jusqu’au Col des Génisses pour profiter du panorama sur le Mont Blanc que nous avait promis Martine. Alors, les jambes fatiguées et l’estomac creux nous commandent de retourner au refuge où le repas de midi se prépare. Poulet aux agrumes accompagné de ravioles sautés, Pascale et son équipe ont fait des merveilles en cuisine. La prochaine étape sera la descente; mais nous avons le temps , le temps de flemmarder devant ce magnifique paysage.nant du beurre-8047Et d’observer le manège des vaches qui se rapprochent progressivement de la salle de traite mobile. Il est bientôt 15H et la traite bi-quotidienne va commencer Ces Tarines aux yeux joliment maquillés constituent l’essentiel du troupeau, avec quelques Abondance, c’est la règle de l’appellation Beaufort.nant du beurre-8048Le moment du retour se rapproche. Le service se termine pour l’équipe du refuge . Martine et Pascale, le pilier de l’établissement,viennent partager quelques nouvelles avec Danièle à l’ombre du parasol.nant du beurre-8050Nous serons vite en bas sur le parking du Tovet. Mais la descente , sous le soleil impitoyable de l’après-midi nous a semblé plus difficile que la montée de ce matin.

nant du beurre-0003Le lendemain, nous nous sommes dirigés vers la vallée d’en face. On monte par une route souvent étroite et abrupte vers le col de la Madeleine.Tout en haut, le panorama est exceptionnel. Ce matin-là le Mont-blanc est devant nous, sans brume, sans nuage, faisant la joie des touristes prompts à se faire photographier en situation.Nous avons quitté la Tarentaise et ses reliefs puissants mais relativement doux. S’ouvre maintenant devant nous la descente vers la Maurienne et ses montagnes, ses hautes montagnes.

Le causse Méjean – entre les gorges du Tarn et de la Jonte

 L’association Effervescence proposait pour le week-end de l’ascension un séjour touristique et sportif dans les gorges du Tarn que nous avons suivi avec plaisir (et tranquillement – à la différence des plus audacieux qui n’ont pas manqué de parcours difficiles à pied ou en VTT)).mejean-22 Pour bien comprendre l’ambition sportive, il faut se rappeler que le Causse Méjean, grande pénéplaine calcaire et dolomitique, est le plus haut des Causses (altitude moyenne : 1000 m) et qu’il domine, par des falaises abruptes, de quelques 600m les vallées du Tarn et de la Jonte. Toutes les bourgades importantes sont dans les vallées et toutes les routes d’accès franchissent (avec plus ou moins de lacets ) ce dénivelé.

Dès l’arrivée à La Malène, l’aventure commence. la malene mejean-2La route, signalée comme difficile (mais qui voit le panneau sur le pont du Tarn?) et interdite aux véhicules de plus de six mètres, est la voie d’accès la plus rapide en venant de l’A 75 pour atteindre le gîte de Riesse.

Confort spartiate mais pique nique dans la bonne humeur avant la visite de la ferme Caussenarde.IMG_7652

Là tout n’est que pierre, du sol au faîte de la maison, et manque d’eau. La lavogne ancestrale ( le trou d’eau où s’abreuvaient les bêtes) a été comblée après la noyade d’un enfant et la ferme vivait sur ses trois réservoirs d’eau de pluie. Plus personne n’habite cette ferme que les grands-parents de la guide ont commencé à faire visiter dans les années 70.

Plus isolé encore le hameau de Cassagne qui ne ressort du paysage minéral et végétal que par les pignons de ses toits en lauze . cassagne mejean-7724

Sur le Causse, la densité démographique (1,4 habitants au km2) est dite pré-sahélienne par les géographes ! Et tous les habitants avec lesquels nous discuterons nous le confirmeront, il faut des activités annexes pour rester vivre sur le Causse : s’employer chez Salakis (feta) ou chez Quezac (eau minérale), attirer les touristes comme notre hébergeur qui a construit son gîte lui-même avec des pierres de bergeries abandonnées et qui est responsable de l’alimentation en eau du Causse (eau qui vient de l’Aigoual – 250 km de tuyaux pour 800 abonnés seulement!) ; sa femme, quant à elle, travaille dans l’école du Causse.

Les agriculteurs restants mettent un soin infini à conserver et développer les rares terres labourables. Le travail de ce sol très coloré par les oxydes de fer constituent de vraies oeuvres d’art.champ  mejean-09Les habitants manquent mais pas les animaux sauvages. Le loup qui est revenu, on ne sait comment, et dont tout le monde parle mais que nous n’avons pas vu. Et les Vautours, réintroduits dans les années 80 venant d’Espagne, acclimatés dans des volières et relâchés en 1991, qu’on voit maintenant partout planant entre les falaises…mais si haut, si loin qu’il n’est pas facile à photographier même au téléobjectif malgré un affût de quelques heures.

La promenade qui suit la visite aux vautours et le délicieux pique-nique pris dans le vent au milieu des pins noirs d’Autriche est vertigineuse et rien ne vous le fera mieux comprendre que cette vidéo et cet aperçu des falaises.IMG_7689

De retour au gîte, l’activité cuisine prévue au programme commence réellement avec la préparation du poulet basquaise (pour le soir même) et du waterzoï (pour le lendemain). montage waterzoiLe lendemain , le beau temps permet d’envisager une expédition sur le Tarn.   Les barques et les canoés  pour la descente du Tarn à partir de la Malène. La descente en barque , conduite par un batelier-expert (permis de navigation et permis de transport de personnes) nous permet d’apprécier ce mode de navigation traditionnel, du temps où la route n’existait pas. Sans moteur, mais avec deux bateliers munis de lattes, les anciens (voir l’histoire de la batellerie sur le Tarn) descendaient  les bateaux, passaient les bancs de graviers et les rapides.barque mejean-1040849 La barque était construite à l’aide de grossières planches.A l’arrivée, le batelier remontait le parcours en tirant son embarcation , quelque fois à l’aide de chevaux. P1040848

Aujourd’hui, Les barques sont en aluminium et les bateliers ne tentent de remonter le courant que pour s’amuser… avec un succès incertain.

Maintenant un seul batelier suffit avec un moteur et une latte pour conduire très calmement six personnes sur la barque à fond plat.barque mejean-1040857 Mais il faut bien connaître les passages et les dangers à éviter. Notre batelier s’appelle Damien; il a repris le flambeau de son grand’père, un des fondateurs, il a préféré quitter la banque pour retrouver cette nature qui lui manquait, malgré la relative précarité de son activité. Ces bateliers sont organisés en coopérative et apprécient un petit like sur leur page facebook !

Les gorges du Tarn ne se dévoilent pas au premier regard. La rivière fait de nombreux virages et chaque fois le spectacle de l’eau et des falaises est différent. montage tarn

Les barques sont hissées par 2 ou 3 sur des remorques adaptées. Le retour se fait en minibus par la route qui serpente au pied des falaises. Les gourmands(es) s’informent auprès du chauffeur des restaurants recommandés, bien que cette activité ne soit pas prévue au programme. Il fait doux au bord du Tarn. La Malène est un centre d’attraction pour les passionnés de 2CV, les amoureux de vieux bolides et les motards en bande.

Parmi nous, les moins sportifs prennent un apéritif sur une belle terrasse ombragée par un marronnier en admirant les potagers des habitants de La Malène. Les plus sportifs, après une descente en canoé…remontent à pied !!!!

L’après-midi est consacré à la visite de l’aven Armand. aven mejean-44C’est une immense caverne à 100 m sous le Causse pleine d’une forêt de stalagmites, après une descente en funiculaire sur plus de 200 mètres. L’orifice du gouffre était connu de tout temps des bergers mais il a fallu l’audace et les connaissances du duo Louis Armand, forgeron et Edouard-Alfred Martel, spéléologue, pour organiser le 18 septembre 1897 la première expédition. Ce n’est qu’en 1927 qu’elle fut aménagée pour recevoir du public. Jeux de lumières agréables, commentaires pas vraiment passionnants, mais le tout est très reposant à l’abri du vent qui souffle sur le Causse.

La soirée est toute consacrée à la cuisson et à la dégustation du Waterzoï, recette légère et diététique qui vaut vraiment le détour.

Notre regret : nous n’avons pu tester la Flaune, tarte au fromage (recuite de brebis ou tout simplement brousse), dessert  symbole de la gastronomie caussenarde. A Rieisse, le Gaec a arrêté la production de ce fromage à base de petit lait. Il aurait fallu parcourir encore plus de 15 km.

Mais le séjour se termine, les comptes ont été faitscomptes mejean-1040901 (et équilibrés) et l’hébergeur payé, le ménage se termine après le repas, les plus sportifs n’hésitent pas à faire en vélo un aller-retour jusqu’à La Malène (600m de dénivelé négatif et positif !) avant de ranger les bicyclettes sur les porte-vélos.

Avant que tout le monde se sépare, impossible d’oublier la traditionnelle photo de groupe, nous avons même enrôlé un promeneur comme photographe !groupe mejean-7752

Nous ne voulions pas quitter Rieisse sans explorer le Roc des Hourtous, petite plate-forme au dessus du vide avec un panorama à couper le souffle. L’endroit a été aménagé autrefois par le conseil général. On peut maintenant y prendre un café ou un repas caussenard et surtout se diriger vers le point de vue, malgré le vent et la grisaille de cette journée.hourtous mejean-

Les textes et les photos sont de Danièle , le post-traitement, la mise en page et la mise en ligne de Norbert 

Bibliographie (wikipedia)

  • Une partie de l’histoire du roman Miserere2, de l’auteur Jean-Christophe Grangé, a pour cadre le causse Méjean.
  • Jean Benoît-Lévy a filmé le causse Méjean en 1936 dans son documentaire de court-métrage Le Causse.
  • Le film Scout toujours… (1985) de Gérard Jugnot a de nombreuses scènes tournées sur le Causse Méjean.
  • L’action du roman de Raymonde Anna Rey intitulé Les sentiers du Vieux Causse paru en 1978 se déroule sur le Causse Méjean dans un petit village cévenol.
  • C’est un peu plus loin, en direction des Cévennes, au Pont de Montvert  que Raymond Depardon a réalisé la série documentaire Profil Paysans, en suivant sur plusieurs années l’évolution de quelques agriculteurs traditionnels.

En Chartreuse : Le Guiers , Mort ou Vif ?

La Chartreuse, qui se dresse entre Grenoble et Chambéry est un pays de frontière, dont le tracé grimpant sur les sommets, se coulant dans les vallées, a toujours séparé la Savoie et le Dauphiné, autrefois états (France et Savoie, indépendante jusqu’en 1860), aujourd’hui départements.chartreuse01-659x656
Mais l’affaire n’a jamais été simple : Le traité de Paris en 1355 amène une délimitation géographique : C’est le Guiers qui définit la frontière ; mais lequel ?
Eh bien celui qui se jette dans le Rhône à Saint-Genix en Guiers et qui remonte jusqu’au village d’Entre Deux Guiers. Jusque-là tout va bien. Mais en amont tout se complique.
Nous avons deux candidats à l’appellation Guiers jusqu’à sa source : D’une part le Guiers (Vif) qui traverse Saint-Pierre (d’Entremont) et rejoint la vallée à travers les Gorges du Guiers (Vif) , d’autre part le Guiers (Mort) qui traverse Saint-Pierre (de Chartreuse) et rejoint la vallée à travers les Gorges du Guiers (Mort). Au nord la Savoie ( Le Duché de Savoie). Au sud le département de l’Isère (autrefois le Dauphiné et la France) ,
La question est maintenant tranchée, c’est le Guiers Vif qui sépare les départements. Mais on imagine à quel point cette incertitude sur la frontière a pu faire le bonheur des contrebandiers dont le premier d’entre eux Mandrin a laissé sa marque dans tout le pays.
Mais la dispute ne s’arrête pas là : le Guiers Vif (en Savoie, donc) a deux affluents l’Herbetan et le Cozon ; Le Guiers Mort (en Isère donc) a deux affluents … l’Herbetan et le Cozon. Saint Pierre d’entremont est une commune d’Isère mais de l’autre coté du pont, en Savoie, l’autre commune s’appelle aussi Saint-Pierre d’Entremont, chacun son Eglise, sa mairie, son école, sa pharmacie!
En Isère nous avons bivouaqué au col du Cucheron (photo ci-dessous), au-dessus de Saint-Pierre (de Chartreuse). Le lendemain, à quelques km de là, en Savoie, au-dessus de Saint-Pierre (d‘Entremont) nous faisons halte au Col … du Cucheron.bis-6279
Cependant, sur cette frontière, il est un site unique  : c’est le cirque de Saint-Même, en remontant la haute vallée du Guiers Vif. Promenade très populaire, dominicale ou estivale, l’affluence est telle que l’accès depuis la vallée est régulé aux moments de pointe.IMG_6356 Nous arrivons très tôt, à 8 h et demie sur le parking encore désert, ce qui nous permet de choisir la place la plus ombragée.  Les chemins partent au sud ou au nord de la rivière,longent le Guiers en traversant de larges pelouses où s’installent les pique-niqueurs autour des tables implantées par le parc. Les familles ne vont souvent pas plus loin, ravies de passer une après-midi dans la fraîcheur. Les promeneurs plus sportifs se retrouvent dans les chemins en direction des cascades  sur des pentes plus escarpées, surtout sur l’accès Nord qui permet une arrivée par le haut . C’est là qu’on aperçoit la source (l‘exsurgence puisque le Guiers Vif est dans un premier temps une rivière souterraine) qui sort de la falaise et  alimente les quatre cascades inférieures :cascade des Sources, Grande cascade, cascade Isolée, Pisse du Guiers. Des deux cotés la perspective est fermée par ces falaises calcaires qui dominent de 500m le plancher du cirque.IMG_6342

Isère ou Savoie ? La meilleure manière de dépasser ce malaise et cette incertitude géographique c’est de se tourner vers le vrai repère spirituel du Massif , le monastère de la Grande Chartreuse . Parking auprès du Musée, approche à pied (zone de silence) .IMG_6270

Les bâtiments, immenses , parfaitement entretenus se dressent derrière un mur d’enceinte continu qui isole totalement les moines du monde extérieur. La règle des Chartreux est parmi les plus rigoureuses :   bis-6271les religieux observent une clôture perpétuelle, un silence presque absolu, de fréquents jeûnes et l’abstinence complète de viande.  Enfin… un isolement presque total, puisqu’il faut bien sortir les poubelles…

Un peu à l’écart, en dehors de l’enceinte, une hostellerie abrite les familles en visite (pas plus de deux jours par an pour ceux qui ont prononcé leurs voeux). Le chemin continue ensuite en direction de la chapelle Saint-Bruno et des ruines du premier monastère. C’est aussi une randonnée en direction du Grand Som.

Le massif de la Chartreuse est vraiment destiné aux randonneurs -nous n’en faisons pas partie- qui aiment flirter avec les 2000m après de longues marches d’approche  , car peu de routes carrossables rapprochent des sommets. Sauf Charmant Som.  La petite route en lacet nous amène directement à l’estive. Ici, oubliées les pentes noires, les plantations vert sombre d’épicéa, les horizons barrés des vallées encaissées. Enfin des perspectives dégagées, des pelouses à l’infini, et le troupeau paisible au dessus des sommets. bis-6263Le lendemain nous trouve plus au Nord , du coté du col de La Cluse, petite station de ski où nous bivouaquons sur le parking. Pentes douces, grands espaces et vue sur le Mont Blanc. Le crépuscule s’avance, effaçant petit à petit les silhouettes des fermes isolées.bis-6382 La Savoie nous attire ( Andréas et Dorine, en attente d’une naissance habitent Aix-les-Bains). Chambéry, longtemps capitale du Duché de Savoie, ferme l’angle nord de la Chartreuse, à partir du Col du Granier.  Nous nous attardons peu au col, juste pour observer l’impressionnante falaise (la plus haute de France, 700m, qui domine Chambéry). On voit encore qu’une partie importante de la montagne a cédé à cet endroit au 13eme siècle, ensevelissant tous les villages en dessous.bis-6386

Chambéry c’est la porte ouverte vers le lac du Bourget. Nous délaissons Aix-les-Bains où les enfants ne nous attendent pas pour explorer la « cote sauvage » . A l’ouest la montagne plonge quasi à la verticale dans les eaux du Lac. La route monte sous la Dent du Chat, parcourt la corniche élevée et s’abaisse pour rejoindre l’Abbaye de Hautecombe. Au milieu de la canicule de ce mois de juillet de 2015, c’est un havre de paix et de fraîcheur, au milieu des baigneurs qui profitent de la douceur de cette fin de journée. Un petit paradis !bis-6404

Pilat : du Gour d’Enfer au Gouffre d’Enfer – une semaine au-dessus des nuages

On était parti pour visiter une exposition de photo animalière à l’île du Beurre sur les rives du Rhône à Condrieu. L’exposition était de qualité mais toutes les activités de plein air décevantes : ni oiseau, ni castor à observer et l’atelier « signes, traces et empreintes » était complet…avec même une liste d’attente. De toute façon, la grisaille était tenace et ne se dissipait que l’après-midi

A la découverte de Condrieu, nous découvrons une localité toute en contraste : au café du coin, on ne parle que crise et chomage, mais le boucher qui exerce sur la N86 vend du bœuf de kobé et de l’angus d’Australie et le vendeur de vins son voisin ne semble pas mal vivre en écoulant des condrieu à 39 € la bouteille. Plus modestement, nous nous contentons de l’achat d’un casse noix et de noix fraiches. Le moderne quincailler nous conseille le producteur de Condrieu qu’il préfère.

En route, pour la maison Fachin* au milieu des vignes qui surplombent le rhône. Nous sommes reçus par Mauricette, la vigneronne dans sa superbe maison qui domine la vallée, dans ce terroir vertical de l’AOC Condrieu  qui s’étend entre l’appellation Cotes Roties et Saint-Joseph, un beau voisinage ! bis-7178

Des vignerons qui travaillaient autrefois à Vienne et ont repris la terre embroussaillée de l’arrière grand père au moment où l’INAO (Institut National des Appellation d’Origine) cherchait des producteurs dans les années 76 pour un vignoble de Condrieu alors en plein déclin . Activité accessoire au début , la vigne a pris progressivement toute la place chez les Facchin. bis- A force de travail, ils ont remonté un vignoble, une maison, des installations de vinification…et leurs vins sont délicieux, de délicats Condrieu (blancs, forcément blancs vu la réglementation de l’appellation), plus ou moins boisés et un rouge puissant mais subtil (qui doit se contenter d’une appellation vin de pays). Mais ce « Gour d’Enfer » à base de Syrah et d’une touche de Viognier n’a rien à envier à bien des Côtes Rôties. Une fois les soutes du camping-car remplies des précieuses caisses, vers quelle destination allons-nous avancer ?

Redescendre dans la vallée embrumée jusqu’à midi ne nous dit rien, nous partons vers Pélussin où se tient une exposition de photos du club de St Chamond à la maison du parc. Discussion technique avec les photographes qui sont là pour l’accrochage : tirage, présentation, aides reçues, tarifs du club, nombre de réunion. Très ouverts et très dynamiques pour un jeune club qui n’a que 3 ans et 40 adhérents.

Une photo retient particulièrement notre attention : le mur du barrage du gouffre d’enfer ! Il s’agit d’un très vieux barrage (1862) que l’on atteint à pied ou en voiture à partir de Rochetaillée. La voie est un peu étroite pour le camping car, nous y allons à pied. Nous ne sommes pas les seuls : entre promeneurs, joggeurs et adeptes des sports verticaux (via ferrata et superbe tyrolienne) il y a foule au barrage ! Et la vue vaut le détour.bis-7233

Cet ouvrage est construit dans la vallée du Furan sur un terrain granitique. Financé par l’État il devait atteindre plusieurs objectifs:

  • alimenter en eau potable la ville de Saint-Étienne qui était en pleine croissance industrielle,
  • protéger la ville contre les inondations du Furan
  • maintenir un débit constant en évitant l’étiage du cours d’eau lors de la période estivale qui mettait au chômage les nombreuses usines utilisant la force hydraulique.

Le lendemain nous allons voir son jumeau, le barrage du Pas de Riot, un peu moins impressionnant mais très beau aussi.

Nous nous apercevons que St Etienne et la vallée du Gier sont entourées de barrages sur les torrents qui descendent du Pilat : l’ondaine , le Furan, le Gier, le Dorlay, le Couzon . A quoi sert toute cette eau et pourquoi ne pas la prendre dans la loire ? Pour en savoir plus, nous allons jusqu’au saut du Gier. Un bout du monde où toutes les maisons sont habitées par des néo-occupants, pas tous très accueillants. Demi tour, nous n’irons pas plus loin que le chirat qu’il faudrait traverser.ter-7244

Le brouillard ne cède pas en vallée du rhône, ce qui nous vaut de très belles vues à chacun de nos passages au pied du Crêt de l’Oeillon. bis-7287

Nous bivouacons au Bessat à partir duquel nous rayonnons depuis trois jours. Jolie petite station à 1200m où le boulanger est fier de continuer l’oeuvre de son arrière grand père.

Toutes les bonnes choses ont une fin et nous prenons la route du retour vers la vallée du Gier, après un café ensoleillé à l’auberge du col du Collet où des troupes de chasseurs se préparent à forcer le sanglier avec leurs gilets phosphorescents…tout en nous assurant que nous pouvons partir en promenade par les chemins ! Un couple d’allemands amoureux du Pilat déjeune à coté de nous ; ils quittent les lieux à regret en s’inquiétant de la traversée de Lyon.

Là-haut l’Oeillon veille toujours sur cette vaste vallée où, de Valence à Lyon, chacun aperçoit son immense antenne de 80 m qui se dresse au dessus du chaos de granit. bis-7220

*Domaine Facchin – Les grands Maisons 42410 Vérin- 04 74 59 58 91

Ballade en Auvergne : zones humides sous le soleil

bis-7107C’est par hasard que nous sommes arrivés au lac d’Aydat une fin de journée d’Octobre. Le lac, sa zone humide reconstituée depuis deux ans et demi alors qu’elle avait été comblée dans les années 70 et sa petite église. En 2000 il devenait clair que la qualité du lac était menacée par l’eutrophisation. Un programme important de remise en état de la zone humide a été alors mis en place avec succès.

Une halte pour camping car, déserte et gratuite en fin de saison, nous accueille entre l’église et la zone humide où les ornithologues sont à l’affut avec leurs pieds, leurs longue-vue, jumelles et longs téléobjectifs.

Rien de bien passionnant à observer aujourd’hui sauf quelques couples de canards col-vert qui prennent le soleil, mais on discute ; de la présence du râle d’eau que l’on entend sans le voir, du cincle plongeur qui s’envole sous nos pieds et même d’un balbuzard pêcheur présent la semaine précédente ….bis-7074

Au bout de la zone humide, nous consacrons un petit moment à la belle petite église romano-gothique que même sa flèche du XIXeme siècle ne parvient pas à enlaidir.

Elle est classée à l’inventaire du patrimoine depuis les années 1970 seulement. Mais on se prend à rêver de l’histoire de cette modeste église de campagne qui daterait du XIeme siècle, débutée en style roman, dont la construction s’est poursuivie en style gothique (pas flamboyant)…et qui penche résolument malgré les contreforts dont elle a été dotée sous forme de 4 grosses tours.bis-7076

Un coup d’oeil à l’intérieur nous confirme les difficultés de l’ouvrage avec la verticalité, illustrées sur la photo ci-dessus: Non ! il ne s’agit d’une déformation optique qu’il conviendrait de corriger sur un logiciel de traitement de l’image .  Ce sont bien les structures de l’édifice qui ont divergé , sous l’effet sans doute de la plasticité du substrat sur lequel reposent les fondations.

Le tour du lac nous conduit vers les charmants chalets cachés dans les bois de la rive la moins accessible etbis-7098 la plage nudiste (fréquenté surtout par les gays, affirment les mauvaises langues) interdite depuis 1998 mais très fréquentée les jours ensoleillés. A l’horizon, le Puy de Dôme tout proche. Le naturisme était traditionnel dans la région comme le montre ce vieux documentaire de l’INA.

A chaque époque, sa conception de la nature !

L’envie de voir le cincle plongeur, petit oiseau gris à plastron blanc sédentaire de la taille d’un merle dont la seule particularité est sa capacité à marcher sous l’eau pour chercher sa nourriture, nous conduit à Montfermy dans la vallée de la Sioule (conseil d’ornithologue).bis-7151 Le cincle est bien là, discret mais facilement visible pourvu qu’on fasse preuve d’un peu de patience et d’une certaine connaissance de sa manière de vivre : le suivre quand il vole au ras de l’eau, voir où il se pose (pierre maculée de fientes), se rapprocher et déclencher. Il n’a, hélas, pas daigné nous faire une démonstration de ses étonnantes capacités de plongeur et de marcheur sub-aquatique !

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Monfermy a d’autres beautés au milieu de la vallée de la Sioule désertique : les nombreux méandres de la rivière (malgré la forte pente), sa cascade qui alimenta un moulin disparu, sa belle église perchée au milieu du tout petit village de 10 maisons (18 morts pendant la guerre de 14-18 néanmoins) et … la rave organisée dans une vieille ferme au milieu de nulle part que nous découvrons parce que notre bivouac de la nuit est un des rendez-vous des participants.

La pluie nous chasse et nous reprenons l’A89 pour rentrer. Une Auvergne toute proche de Clermont-Ferrand, accessible rapidement par l’autoroute (arrivés par l’A89 et l’A75 au sud, nous repartons par l’A89 et l’A71 au nord). Une Auvergne où nous reviendrons pour retrouver cette image d’un matin si calme et si paisible.bis-7045