Pilat : du Gour d’Enfer au Gouffre d’Enfer – une semaine au-dessus des nuages

On était parti pour visiter une exposition de photo animalière à l’île du Beurre sur les rives du Rhône à Condrieu. L’exposition était de qualité mais toutes les activités de plein air décevantes : ni oiseau, ni castor à observer et l’atelier « signes, traces et empreintes » était complet…avec même une liste d’attente. De toute façon, la grisaille était tenace et ne se dissipait que l’après-midi

A la découverte de Condrieu, nous découvrons une localité toute en contraste : au café du coin, on ne parle que crise et chomage, mais le boucher qui exerce sur la N86 vend du bœuf de kobé et de l’angus d’Australie et le vendeur de vins son voisin ne semble pas mal vivre en écoulant des condrieu à 39 € la bouteille. Plus modestement, nous nous contentons de l’achat d’un casse noix et de noix fraiches. Le moderne quincailler nous conseille le producteur de Condrieu qu’il préfère.

En route, pour la maison Fachin* au milieu des vignes qui surplombent le rhône. Nous sommes reçus par Mauricette, la vigneronne dans sa superbe maison qui domine la vallée, dans ce terroir vertical de l’AOC Condrieu  qui s’étend entre l’appellation Cotes Roties et Saint-Joseph, un beau voisinage ! bis-7178

Des vignerons qui travaillaient autrefois à Vienne et ont repris la terre embroussaillée de l’arrière grand père au moment où l’INAO (Institut National des Appellation d’Origine) cherchait des producteurs dans les années 76 pour un vignoble de Condrieu alors en plein déclin . Activité accessoire au début , la vigne a pris progressivement toute la place chez les Facchin. bis- A force de travail, ils ont remonté un vignoble, une maison, des installations de vinification…et leurs vins sont délicieux, de délicats Condrieu (blancs, forcément blancs vu la réglementation de l’appellation), plus ou moins boisés et un rouge puissant mais subtil (qui doit se contenter d’une appellation vin de pays). Mais ce « Gour d’Enfer » à base de Syrah et d’une touche de Viognier n’a rien à envier à bien des Côtes Rôties. Une fois les soutes du camping-car remplies des précieuses caisses, vers quelle destination allons-nous avancer ?

Redescendre dans la vallée embrumée jusqu’à midi ne nous dit rien, nous partons vers Pélussin où se tient une exposition de photos du club de St Chamond à la maison du parc. Discussion technique avec les photographes qui sont là pour l’accrochage : tirage, présentation, aides reçues, tarifs du club, nombre de réunion. Très ouverts et très dynamiques pour un jeune club qui n’a que 3 ans et 40 adhérents.

Une photo retient particulièrement notre attention : le mur du barrage du gouffre d’enfer ! Il s’agit d’un très vieux barrage (1862) que l’on atteint à pied ou en voiture à partir de Rochetaillée. La voie est un peu étroite pour le camping car, nous y allons à pied. Nous ne sommes pas les seuls : entre promeneurs, joggeurs et adeptes des sports verticaux (via ferrata et superbe tyrolienne) il y a foule au barrage ! Et la vue vaut le détour.bis-7233

Cet ouvrage est construit dans la vallée du Furan sur un terrain granitique. Financé par l’État il devait atteindre plusieurs objectifs:

  • alimenter en eau potable la ville de Saint-Étienne qui était en pleine croissance industrielle,
  • protéger la ville contre les inondations du Furan
  • maintenir un débit constant en évitant l’étiage du cours d’eau lors de la période estivale qui mettait au chômage les nombreuses usines utilisant la force hydraulique.

Le lendemain nous allons voir son jumeau, le barrage du Pas de Riot, un peu moins impressionnant mais très beau aussi.

Nous nous apercevons que St Etienne et la vallée du Gier sont entourées de barrages sur les torrents qui descendent du Pilat : l’ondaine , le Furan, le Gier, le Dorlay, le Couzon . A quoi sert toute cette eau et pourquoi ne pas la prendre dans la loire ? Pour en savoir plus, nous allons jusqu’au saut du Gier. Un bout du monde où toutes les maisons sont habitées par des néo-occupants, pas tous très accueillants. Demi tour, nous n’irons pas plus loin que le chirat qu’il faudrait traverser.ter-7244

Le brouillard ne cède pas en vallée du rhône, ce qui nous vaut de très belles vues à chacun de nos passages au pied du Crêt de l’Oeillon. bis-7287

Nous bivouacons au Bessat à partir duquel nous rayonnons depuis trois jours. Jolie petite station à 1200m où le boulanger est fier de continuer l’oeuvre de son arrière grand père.

Toutes les bonnes choses ont une fin et nous prenons la route du retour vers la vallée du Gier, après un café ensoleillé à l’auberge du col du Collet où des troupes de chasseurs se préparent à forcer le sanglier avec leurs gilets phosphorescents…tout en nous assurant que nous pouvons partir en promenade par les chemins ! Un couple d’allemands amoureux du Pilat déjeune à coté de nous ; ils quittent les lieux à regret en s’inquiétant de la traversée de Lyon.

Là-haut l’Oeillon veille toujours sur cette vaste vallée où, de Valence à Lyon, chacun aperçoit son immense antenne de 80 m qui se dresse au dessus du chaos de granit. bis-7220

*Domaine Facchin – Les grands Maisons 42410 Vérin- 04 74 59 58 91

7 commentaires sur “Pilat : du Gour d’Enfer au Gouffre d’Enfer – une semaine au-dessus des nuages

  1. beaux barrages qui se confondent avec la nature environnante…
    au 19ème ,point d’écologistes radicaux pour bloquer ces aménagements qui sont maintenant des éléments de patrimoine..

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    1. La construction du barrage fut décidée en 1856 par le conseil municipal de St-Etienne suite aux terribles inondations de 1849 :  » Le 10 juillet de cette année-là, à la nuit tombante, la ville fut frappée au coeur : à la suite d’un violent orage, cafés et magasins furent noyés sous les eaux, après avoir vu leurs devantures fracassées par les poutres, les meubles emportés. La commune de Valbenoite n’était plus que ruines. « 

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  2. Quand l’élégance de l’écriture se mêle à celle des illustrations…

    Un reportage qui me replonge 35 ans en arrière dans mes souvenirs de cyclotouriste
    Amitiés

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