Tous les manuels vous le diront, la photo animalière réussie nécessite une bonne connaissance de l’animal et des ses habitudes alliée à quelques compétences en matière de photo. Et ce n’est pas si facile comme le montrent les bonheurs et les déboires de Danièle dans sa chasse photographique de cet été.
- les marmottes sont facétieuses et rapides
Stationnés quelques jours au Cormet de Roselend, j’ai fait de longues promenades sans le chien, j’ai vu de nombreuses marmottes…de loin. Impossible de m’approcher à moins de 100m !
En revanche, en ballade au col des Saisies, je découvre un groupe nombreux d’adultes et d’enfants qui observe les marmottes à moins de deux mètres. Habitués du grand passage sur leur territoire et motivés par quelque nourriture disponible facilement , ces rongeurs posent sans complexe devant les objectifs photographiques. Je reviens avec le téléobjectif, sûre de faire les meilleures photos du monde…mais les marmottes ne ressortiront jamais des terriers ! La curiosité des gamins autour des terriers a peu de chances de convaincre les petites bêtes de montrer le bout de leur nez
- les bouquetins sont placides…dans des lieux peu accessibles
Alléchée par des photos de bouquetins prises par Jérémy sur le désert de Platée (au-dessus du plateau d’Assy, face au Mont Blanc – ci-dessous à la tombée de la nuit), je rêve de clichés remarquables. Nous quittons notre stationnement Plaine de Joux (d’où l’ascension aurait été trop difficile) pour prendre le téléphérique à partir de Flaine. Les bouquetins ont été repérés par le garde de la réserve ce matin et visibles du repère 1. C’est vrai qu’ils sont là, invisibles à l’oeil nu et à peine détectables à la lunette. Leur robe marron clair se détache difficilement du fond gris clair des rochers. Pourtant en agrandissant d’un clic la photo ci-dessous et avec un peu d’attention on peut distinguer la harde qui est nombreuse et placide, à tel point que des promeneurs s’en approchent sans les déranger : trop difficile pour nous d’aller aussi loin.
Nous partons pour le col de la colombière (au-dessus du Grand Bornand) ; la promenade familiale vers le lac de Peyre doit nous permettre, raconte-t-on, « de se faire photographier entre leurs cornes ». Départ à 7h, deux heures de montée et quelques photos d’un vieux mâle sans doute chassé de la harde. Nous ne verrons les autres que de très loin, en silhouette au-dessus de ravins vertigineux. Surtout des mâles aux cornes impressionnantes, les femelles se tiennent plus bas avec leurs petits à proximité des pâtures.
Et puis sur le retour, bien plus bas, au détour d’un chemin, un jeune isolé qui broute près de la bergerie sans s’inquiéter des curieux qui s’approchent à 3,4 m de lui. Une aubaine pour le(a) photographe.
- le hasard fait parfois bien les choses (oiseaux aquatiques)-
Observer les oiseaux aquatiques sur les lacs de montagne fait partie des activités les plus agréables qui existent.
En prenant un café au bord du lac de (derrière la montagne de Céüse), j’observe une querelle entre foulques et grèbes huppés. Ils se battent pour une écrevisse américaine que le grèbe avalera goulûment. Plus tard, stationnés au bord du lac des mines d’or, au-dessus de Morzine, sous le col de la Golèze : des canes surveillent leurs petits qui plongent déjà merveilleusement bien. J’observe la petite famille, le soir et le matin. Je sens bien, à leur plumage acajou, que je n’ai pas affaire à de vulgaires canards.
Je pense à de Fuligules Nyroca, dont la présence serait si exceptionnelle que je signale l’observation à la LPO 74 en joignant des photos. Ils me répondent très vite qu’il ne s’agît que de fuligules milouin, rares aussi.
- les mystères de la nature : la pêche en montagne
Les promenades en Camping-car nous permettent d’être dehors à toutes les heures du jour et d’observer ce que tout le monde ne voit pas. Toute la journée, nous avions observé les pêcheurs au bord du lac du col de Joux ; bien peu faisaient de belles prises, mais du matin au soir, ils avaient jeté et rejeté leur ligne dans l’eau.
Ce n’est qu’après leur départ, à la nuit tombante, que le camion de la pisciculture est venu déverser sa commande de dizaines de belles truites …qui ont fait des heureux le lendemain.
En quittant Morzine, nous faisons étape au bord d’un torrent ; un groupe s’arrête peu après pour picniquer et plus tard sort avec un attirail impressionnant de caisses, d’épuisettes, de matériel indéterminé. Renseignement pris, il s’agit d’une équipe de la fédération de pêche chargée d’un comptage de la population de poissons par pêche électrique.Les poissons sont juste choqués par l’électricité. Ils sont inventoriés, pesés et ensuite relâchés. Au bout du compte il n’y a pas grand monde dans l’eau (sur 400m testés, 2 petites truites qui ne font pas la maille), mais de l’espoir (des alevins qui montrent que des reproducteurs existent).
On comprend que les propriétaires de lacs fassent tous appel à des pisciculture pour peupler un peu les eaux qu’ils offrent aux pêcheurs moyennant finances.
- Brame du cerf en forêt de Tronçais
Nous n’avions jamais entendu le brame du cerf. Nous en avions entendu parler par des passionnés de nature (moitié chasseurs, moitié naturalistes), nous avions remarqué que c’était un « marronier » des journaux de photographie animalière. Mais une nuit de fin septembre (21 septembre) en forêt de Tronçais nous étions au bon endroit.
Le soir nous avons écouté ce son sauvage et long, mi souffle de trachéotomisé, mi basse de teuf ( 110 Hz) , provenant du fond des bois. Il y avait au moins trois cerfs autour de nous, à plus ou moins grande distance de l’étang au bord duquel nous campions.
Le matin, renseignés par un pécheur , nous avons suivi le brame en espérant surprendre le cerf. Un peu inquiets et sans chien (de peur d’être chargé!!!), nous sommes entrés dans le bois en suivant une trace d’engins forestiers. Le son était de plus en plus proche, des biches approchaient du point haut dominant l’étang où nous avions situé l’animal, des odeurs fortes occupaient le sous bois, le zoom était réglé sur priorité ouverture et 800 iso pour capturer l’image en sous-bois….mais cette biche nous a repérés, la harde a été dérangée et le cerf s’est tu. La chance sourit rarement aux observateurs occasionnels et inexpérimentés : certains chasseurs photographiques qui traquent le cerf disent prendre un mois de vacances pour pouvoir passer 12 à 15h en affût (dans un affût installé en août) !
Trois jours plus tard, nous sommes retournés dormir à la même place. C’était un soir de vent et de pluie et nous n’avons entendu aucun brame.
Pas d’image, mais une belle expérience, à vivre bien au chaud en camping-car.
*Sur internet en tapant « brame du cerf », vous trouverez des photos et des videos de brame, de saillies, de charges du cerf mais aussi des concours d’imitateurs de brame du cerf (étonnant), mais aussi de chasse au cerf ouverte pendant la période de reproduction, mais aussi le business du brame du cerf (20 à 32 € la sortie organisée par l’ONF) . Cette vidéo m’a particulièrement plu; le vidéaste amateur est face au cerf tout proche et pendant 10 mn il tremble en se demandant ce que le cerf va faire.
Comme toujours un billet, instructif, plaisant à lire, bien écrit, qui dégage un parfum de bonheur…
Un peu long, aussi, parfois…
Amitiés
Louis Andréys
J’aimeJ’aime
merci pour cet article, je trouve qu’il est très instructif également et contient beaucoup d’information que l’on ne pourrait pas trouver en une seule journée, en tout cas bravo
J’aimeJ’aime