Arc Caraïbe : Histoire et géographie

caraibes montageConnaissez-vous un pays à l’autre bout de l’atlantique, entre Amérique du nord et Amérique du Sud, grand comme le tiers de la France avec les 2 tiers de la population de l’hexagone?

 Ce pays, c’est un archipel, une poussière d’états, du plus petit (Sainte-Lucie 54 km de long et 28 km de large) au  plus grand (Cuba 1220 km de long et 200 de large), sans compter les dizaines de milliers d’îles,  d’ilots, de récifs, de bancs de sable. Ce pays est désigné comme la Caraïbe

 Le plus haut (le Pic Duarte -3087 m- qui se trouve sur Hispaniola, en république Dominicaine ) voisine avec le plus bas (Les Bahamas, particulièrement Inagua qui dépasse à peine le niveau de l’océan). Dans ces 25 états indépendants, dans ces 8 territoires rattachés à des métropoles (France , Pays-bas, USA, Grande Bretagne) on parle : l’espagnol, l’anglais, différentes langues créoles, le français et le néerlandais. fenetreOn distingue les petites Antilles (la partie Sud-Est de l’arc Caraïbe, des iles plutôt petites – les français connaissent la Martinique – la photo ci-dessus –  et la Guadeloupe) et les grandes  Antilles (Cuba, Porto-Rico, Jamaïque, Haïti et la République Dominicaine).

Lorsque  Christophe Colomb débarque sur une petite île des actuelles Bahamas en 1492, il croit arriver à proximité du continent asiatique (« les indes » – les anglo-saxons parlent toujours de West Indies).

Le Mexique, l’Amérique Centrale, l’Amérique du Sud  ne sont plus très loin. Pendant plus d’un siècle, les Caraïbes ne serviront que d’étapes dans les grands trafics qui ramènent l’or et les métaux précieux des Incas, pillés dans leurs temples ou exploités jusqu’à leur extermination dans leurs mines. Ces trafics et les rivalités des puissances européennes laissent une place de choix aux corsaires, pirates, flibustiers, boucaniers, hors-la-loi le-pirate-le-plus-fou-des-mers-des-caraibesqui trouvent des abris sûrs dans cette multitude d’îles dont les meilleurs repaires étaient l’île de la tortue (Haïti) ou Port Royal (Jamaïque).

Les territoires restent peu exploités et peu peuplés. Les différents peuples autochtones résisteront difficilement aux divers fléaux (exterminations mais surtout exploitation et épidémies) suscités par l’arrivée des européens.

A la suite, le XVIIIème siècle s’intéresse aux potentialités de ces territoires. Bois exotiques, épices, café, tabac, indigo et la plante reine des tropiques, la canne à sucre – qui réclame beaucoup de main d’oeuvrecoupe canne Hispaniola (qui se compose aujourd’hui d’Haïti et Saint Domingue) est alors la première place au monde pour la production de sucre. Des fortunes considérables se constituent. La population d’origine, décimée, est remplacée par des centaines de milliers d’esclaves déportés d’Afrique dans des conditions inhumaines. Les métropoles installent de véritables administrations territoriales (et militaires) et s’efforcent de réduire la piraterie dans la région, obstacle à l’économie de plantation et au commerce.

Le XIXème siècle connaît les premières indépendances (Haïti en 1804 suite à des révoltes sanglantes) , la première abolition de l’esclavage à l’initiative des révolutionnaires français, vite annulée par Napoléon Bonaparte.abolition La seconde abolition en 1848, précédé par l’Angleterre en 1833. L’économie sucrière vit ses premières crises du fait de la concurrence des produits de la betterave et de l’extension de la culture à des grands pays : Brésil, argentine, sud des USA. L’influence des métropoles européennes se réduit, les jeunes Etats Unis d’Amérique ne tardent pas à intervenir massivement avec un point culminant : la guerre Hispano-Américaine de 1898 qui abat la domination espagnole sur Cuba et Porto-Rico et installe les USA comme première puissance de la région.

Le XXème siècle confirme cette tendance. Les USA multiplient les expéditions. Haïti est occupée pendant 19 ans (de 1915 à 1935), la République dominicaine 8 ans (1916-1924), sans parler des pays voisins d’Amérique centrale. Mais ce siècle est aussi celui des indépendances et des révolutions ( Cuba 1959).

Le défi du XXIème siècle reste pour la Caraïbe le sous-développement, face à une démographie explosive. Haïti se distingue comme le pays le plus pauvre du continent américain.

Les îles sont à la fois proches (jamais plus de quelques dizaines de miles) et terriblement isolées, car l’île voisine ne parlera pas la même langue, ne connaîtra pas le même régime : territoire intégré à une métropole comme la Martinique et la Guadeloupe françaises  ou Montserrat la britannique , état indépendant rattaché aux USA comme Porto-Rico, état indépendant membre du Commonwealth comme la Jamaïque ou Sainte-Lucie, état indépendant socialiste comme Cuba, victime d’un blocus persistant. Ici les habitants sont à dominante d’origine africaine (Haïti), là d’origine espagnole (Saint-Domingue). Les langues officielles sont celles de l’Europe, mais les créoles dérivés sont souvent incompatibles entre eux. Le commerce intra-caribéen est faible, au bénéfice des relations avec les métropoles. En Martinique, l’essence et … les yaourts viennent de France. Les seules véritables circulations dans l’archipel sont celles des touristes navigateurs ou croisiéristes.plage ste marieCet éclatement de l’espace caribéen n’est peut-être pas une fatalité. Les états issus du Commonwealth, rejoint par Haïti,  ont créé le Caricom (marché commun des Caraïbes). L’Association des Etats de la Caraïbe est plus large et vise à renforcer la coopération autour de la mer des Caraïbes. Elle réunissait au Mexique  le 30 avril dernier le sommet des chefs d’état auquel se joint désormais la Martinique . En son nom, Serge Letchimy, président du Conseil régional, saluait l’évolution de son pays, longtemps tourné exclusivement vers la métropole.« Nous ne pouvons éternellement rester étrangers à notre propre géographie, à notre propre histoire » 

Les échanges économiques et culturels dans l’archipel ont sans doute un avenir. Les élites de chaque territoire commencent à prendre conscience que le développement de leurs sociétés passe par le renforcement des échanges à l’intérieur des Caraïbes et avec ses voisins. 

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