Galice ou Toscane ?

Ce début mars on allait retrouver nos amis en Charente pour un tour en Camping-car . L’idée c’était direction La Galice, au Nord-ouest de l’Espagne. On nous avait prévenu : la Galice c’est un peu la Bretagne de la péninsule ibérique, quand le temps est à la pluie, ça ne fait pas semblant. Un coup d’oeil aux prévisions sur 15 jours ne me rassurait pas – une belle succession de dépressions. Alors nous voici partis à la recherche (avec les prévisions moyen terme de l’ECMWF de Reading) de zones géographiques exempte de pluie. Résultat des courses : la Toscane ! C’est à dire à l’exact opposé de notre objectif initial : la Corogne.

Première étape dans le Languedoc : Gruissan ! Je ne compte pas le nombre de fois que nous avons frôlé ce pays d’étangs, de lagunes, de canaux, sans jamais dévier de l’autoroute A9. Quelle erreur !

Nous n’avons pas regretté cette étape, une idée de Danièle, un souvenir de cinéma : 37°2 le matin. À Gruissan sur la plage des Chalets, Zorg, 34 ans, est un homme à tout faire, chargé des réparations et de l’entretien d’un groupement de petites maisons, au milieu de nulle part. Vivant dans un bungalow sur pilotis, il rencontre Betty, une jeune femme jolie, impulsive et incontrôlable , avec qui il vit une histoire d’amour sensuelle et passionnée.

Ce quartier des Chalets nous l’avons trouvé à peine changé par rapport à ses plans initiaux, un des premiers grands lotissements populaires en bordure de mer de l’immédiat après-guerre. Et fidèle aux souvenirs cinématographiques de Jean-Mi.

Mais l’Italie est encore loin ! Passé la Camargue, Arles et Aix-en-Provence, les autoroutes françaises puis italiennes nous amènent dans ces côtes escarpées de la Riviera, alternant les passages dans l’arrière-pays, les littoraux et surtout une multitude de tunnels, de viaducs. Il faut dépasser Gênes (et son pont Morandi tout neuf) pour trouver un paysage moins accidenté et se rapprocher des grandes plages de Follonica. Un soir, au bout de 3 jours d’autoroute, nous arrivons enfin derrière les pinèdes qui longent ici la Toscane méditerranéenne.

Un cycliste rencontré sur le parking, aussi camping-cariste, nous tuyaute sur les spots intéressants : L’Ile d’Elbe , le golfe de Baratti où nous pourrons passer la nuit face à la mer dans un parking désert en cette saison.
La saison, justement, en ce mi-mars la plupart des campings sont fermés (à la grande déception de Christiane très attachée à sa douche quotidienne) et l’Ile d’Elbe est peu accueillante avec un petit vent du Nord (office du tourisme en vacance, musée Napoléon fermé le mardi, restent la plage Le Viste au pied de la résidence d’exil de l’empereur, la Palazzina dei Mulini et un petit resto sympa, Al Pescator sur la piazza della republica). Au retour, sur le Ferry (dédié à Batman, c’est le thème de sa déco) une silhouette étrange nous surprend dans le vent et les nuées.

Mais quelle Toscane voulons-nous ? Christiane et Jean-mi ont leur projet : Pas question de « faire » la toscane, sans visiter Sienne, Florence, San Giminiano, Volterra et plus loin, les Cinque Terre. Nos envies sont plus proches de la nature : éviter les villes, explorer les sentiers, les terroirs au gré de nos découvertes. Alors on se sépare avec des rendez-vous pour se retrouver.

Sur la plage du Molino, nous découvrons cet édifice qui se dresse face à la mer, accolé à un étrange port et un circuit de canaux.

Renseignement pris auprès d’un marin occupé dans sa petite embarcation. Il s’agit d’un moulin qui fonctionne grâce au débouché sur la mer d’un important canal de drainage. Un habitante nous explique le plan de bonification de l’archiduc de Toscane Léopold II de Médicis. La Maremme, qui doit son nom à son caractère marécageux et donc insalubre, fit l’objet d’un grand plan d’aménagement et d’assèchement au XIXème siècle puis sous le régime de Mussolini pour en faire une région agricole prospère.

Cette côte tyrhénienne est une alternance de longues plages adossées à des pinèdes et de falaises rocheuses entrecoupées de golfes accueillants. Nous avons passé deux jours du coté de Baratti.

Au départ du port de Baratti, le sentier de grande randonnée Volterra-Piombino nous avait été présenté comme un parcours facile, autrefois parcouru à cheval. Sur cette section il longe tout le long des falaises vertigineuses et il n’est pas bien entretenu : rambardes cassées, arbres abattus en travers du chemin, murets écroulés, au-dessus des précipices . Au final une étape éprouvante avec des points de vue saisissants.

Le rendez-vous suivant nous amène vers l’intérieur des terres au coeur de ces colline metallifere exploitées pour leurs minerais dès les premiers étrusques. Les paysages sont encore hivernaux, ici la Toscane apparaît moins riante, plus sévère et plus pauvre que sur les guides touristiques.

Notre point de rencontre se situe sur le parking de l’abbaye de San Galgano, fondée au XIIème siècle par les Cisterciens

pour célébrer le chevalier Galgano qui s’était converti après une jeunesse dissolue, et s’était retiré ici en pénitence. En signe d’humilité et d’abandon de sa vie passée, il aurait voulu briser son épée sur le roc, mais celle-ci s’y serait enfoncée, formant ainsi une croix. Cette dernière est toujours présente, très rouillée et désormais protégée sous une chasse de plexiglas.
La petite fondation prend rapidement une grande ampleur dans l’ensemble de la Toscane , jusqu’à son dépérissement au XVIIème siècle et l’écroulement de son clocher et de sa toiture. Les ruines , bien stabilisées, sont une vrai merveille.
A la veillée nos amis nous rapportent leur périple : Sienne, San Giminiano, Voltera. Florence sera pour la suite.

Pour notre part, nous poursuivrons notre périple campagnard, à travers le pays du Chianti. Castellina en est le chef-lieu. Nous nous garons auprès du parking du marché très fréquenté ce dimanche. Danièle, fait le plein d’artichauts (petits violets à poêler ), de rapa (brocoli-rave qu’on ne trouve couramment qu’en Italie), des tomates de plein champ de la Basilicate et de radicchio rosso (une chicorée rouge d’hiver).

En ce week-end de mars beau mais venté, la place du village est envahie de bikers en goguette,

qui apprécient les petites routes sinueuses de la région, regroupés autour du monument qui célèbre le Gallo Nero , le signe de qualité des meilleurs chianti. Dans les ruelles du village, à coté de quelques maisons prestigieuses de négoce de grands crus, de nombreuses échoppes proposent un choix de vin mais c’est surtout les restaurants, les galeries d’art et les boutiques de souvenirs qui pullulent en attente des touristes encore peu nombreux à cette époque de l’année.

La vigne est partout, c’est elle qui apporte sa prospérité à cette Toscane agricole.

Sans oublier l’olivier. Les plantations – récentes, 20 à 30 ans, c’est l’enfance, vue la longévité de l’arbre – ont colonisé la moindre colline. L’huile toscane se classe dans les catégories premium et contribue à faire de l’Italie le second producteur au monde après l’Espagne, malgré la menace de Xilella Fastidiosa, une bactérie qui ravage les plantations des Pouilles

Les deux camping-cars se dirigent maintenant vers Florence, plus précisément Fiesole sur les hauteurs au-dessus de l’agglomération. Un point de vue saisissant sur la plaine, mais un piège de ruelles, de pentes abruptes, de tournants en épingles à cheveux très inconfortable pour la circulation en camping-car. Le seul camping signalé est fermé pour travaux et les quelques parkings annoncés ne sont pas adaptés. Ce n’est pas un endroit pour nous.

Devant ces difficultés, nous prenons la fuite vers l’arrière-pays, le lac de Bilancino aprés San Piero a Sieve, une retenue artificielle. Ciel bleu, palmiers sur les plages, grandes prairies le long du rivage, de quoi contenter notre chien Snoopy qui s’est engagé dans des courses poursuites sans fin avec une congénère aussi agile que lui. Le lendemain nous reprenons la route pour nous rapprocher du retour.

Nous avons tous apprécié ces vacances Toscanes mais c’est sans doute Snoopy qui en a tiré le plus de satisfaction . Pour ses premières vacances en Camping-car c’est une réussite !

Danièle en a fait un compte-rendu, sur un ton plus personnel, sur son blog Les mots Justes

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