Le hasard a voulu que je passe les premiers jours de ma retraite à organiser, avec ma sœur, l’installation de ma mère ( 94 ans) dans une résidence pour personnes agées au nom prometteur des « jardins d’Hestia ».
Ma mère s’était toujours montré très hostile à l’idée d’abandonner son domicile familier, inconsciente des risques vitaux qu’elle y courrait désormais, sans assistance permanente. Voulant donc préparer le terrain, je lui glissais, l’air de rien, lors d’une visite à l’hôpital gériatrique où elle finissait sa convalescence : « Tu sais, on a visité une maison de retraite qui a l’air très bien. J’en ai parlé au médecin, il serait très favorable au choix de ce genre d’établissement »
« Mais tu n’es pas malade, me répond-elle, l’air pas concerné. Tu n’as pas besoin d’une maison de retraite. »
Malice ou confusion mentale ? Malgré sa perte presque totale de mémoire récente, ma mère avait bien enregistré que j’étais désormais à la retraite. Et elle avait sans doute décidé d’esquiver complètement nos allusions préliminaires.
Et nous voici malgré tout, trois jours plus tard, dans cette magnifique résidence avec une mère décidée à faire de la résistance. Personne n’échappe à ses remarques négatives, ni le médecin, ni les infirmiers, ni évidemment ses enfants : « Vous êtes bien trop contents de vous débarrasser de votre vieille mère ! » lance-t-elle à la cantonade.
De notre coté, nous luttons contre cette entreprise de culpabilisation, dans laquelle ma mère excelle, en énumérant tous les avantages réels que présente cette remarquable résidence.
Mais nous sommes bien obligés d’enregistrer en nous-mêmes un constat : il n’y a quasiment plus de valides parmi les pensionnaires, sans compter les déficiences mentales. Décidément, les maisons de retraite n’existent plus, elles se sont transformées en centres spécialisés d’accueil du grand âge.
alala sacré mammy, c’est pour ça qu’on l’aime!!!
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