A force de reporter les tâches domestiques, les réparations urgentes, les travaux saisonniers en se disant : « j’aurais bien le temps de le faire quand je serai à la retraite », ma tendance naturelle à la procrastination n’a fait que se renforcer. La liste des taches urgentes n’a cessé de s’allonger. Evacuer les déchets du jardin à la déchetterie, réparer la tondeuse et …préparer la piscine pour les beaux jours.
Me voilà maintenant au pied du mur, je ne vois pas comment m’accorder des délais supplémentaires, des motifs d’inaction.
On est donc allé voir la piscine de plus près. Ce n’était plus le clair bassin qui suscite généralement l’envie irrésistible de piquer une tête, d’autant plus que la chaleur accumulée sous la couverture transparente donne toujours un avantage de plusieurs degrés par rapport à la saison.
Ce n’était plus qu’un infect marigot, plein d’algues, qui formait un tapis verdâtre de la consistance de la vase.
Face une situation aussi désespérée, les remèdes préconisés se situent souvent aux antipodes :
-la méthode douce : Aspirer le fond, pomper, filtrer longtemps, appliquer les produits et attendre que la verdure s’atténue jusqu’à disparaître au bout de plusieurs semaines.
-la méthode radicale : vider tout, envoyer à l’égout 65 m3, tout nettoyer, remplir et redémarrer.
Comme souvent lorsqu’il s’agit de rythme et de style, nous nous sommes opposés Danièle et moi. Je penchais pour la méthode douce, elle était partisane du scénario radical. Bien évidemment chacun ne voulait pas en démordre. Rentrant un soir d’un déplacement, elle s’imaginait que je m’étais rangé à ses arguments. A tort. Au lieu de vider, j’avais entrepris de remplir pour mieux filtrer. « C’est incroyable d’être entêté à ce point ! Tu es à la piscine ce que Villepin est au CPE! » La comparaison jeta un froid dans nos relations…Elle reçut finalement le renfort des spécialistes qui préconisent une vidange complète tous les 3 ans
La verdure a reculé, le Karcher s’est activé, non contre la racaille des banlieues selon Sarko, mais contre les algues qui se nichent partout. La piscine sera prête pour les beaux jours.
Mais il y a des moments de doute où on essaye d’établir la balance entre les bienfaits de la natation, le bien-être du corps dans la fraîcheur de l’eau qui nous fait échapper à la canicule et les contraintes de la surveillance des paramètres du bassin, le nettoyage des filtres et les gros travaux de printemps. Il n’est pas rare que l’on regrette ce jour où l’on s’est décidé, l’esprit léger et un peu insouciant, d’installer une piscine devant sa maison. Car, une fois creusée et équipée, elle est là, et pour longtemps. Pas question de revenir en arrière, de la revendre comme une bagnole qui ne plaît plus, de la faire disparaître par magie, à moins de la transformer en fosse à compost. Je pense qu’aucun propriétaire de piscine n’a jamais échappé à ces moments de désespoir secret.
Apparemment, cette expérience n’est pas transmissible, à voir le nombre de chantiers qui pullulent dans ces lotissements pour salariés aisés qui nous entourent. De toute façon, leurs habitants ont pour règle de conduite d’éviter de parler à leur voisins et a fortiori de leur demander leur avis. Dommage !
J’entretien d’une piscine est certes pénible, mais le plus pénible pour moi en vous lisant, ce sont 65m3 précieux partis dans les égouts pour des baignades que vous n’avez pas l’air d’apprécier plus que cela…
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