Le 3 septembre 1935, un groupe d’une cinquantaine de marcheurs sous la conduite éclairée de Jean Giono arrive au Contadour. Ce n’était là qu’un vague lieu dit à peine signalé par un panneau et quelques fermes, antichambre de la transhumance (c’est là qu’on comptait les moutons avant de les confier aux bergers de l’estive) vers le haut du plateau.
Le hasard voulut que Giono fît une mauvaise chute et contraignît le groupe à s’installer sur place en dormant dans des granges, sous la tente ou à la belle étoile. Le séjour fut magique grâce au talent de giono le conteur, qui émerveille son public avec sa verve naturelle, ses histoires de bergers et d’étoiles.
» Tout a commencé là. Nous ne sommes partis qu’après avoir acheté tous ensemble une maison, une citerne et un hectare de terre autour. Là est notre habitation d’espoir » raconte Giono dans Les vraies richesses.
Et chaque été ça recommence avec une affluence croissante… jusqu’en 1939 où la guerre qui vient donne le coup fatal à cette réunion de pacifistes irréductibles (Giono est emprisonné quelques semaines pour ses déclarations anti-guerre).
Chaque parcelle du plateau en porte les traces. Les jas, ces constructions de pierres abritant les troupeaux et les bergers ont accueilli ces escapades pour des nuits à la clarté des étoiles .
Le plateau est parsemé de ces jas, plus ou moins en état.
Ce jas des Terres de Roux a été restauré par une association selon les techniques traditionnelles qui utilisent les lauzes qu’on trouve sur place. Un abri pour le berger, un enclos et une bergerie pour le troupeau. Le jour où nous sommes passé, il avait hébergé, avec l’accord du berger, une petite troupe de randonneurs qui joignait le Mont Ventoux aux Tinettes, la première ferme en direction du Contadour.
Le lendemain, nous sommes descendus en bas du plateau en direction de Redortiers, à la recherche du vieux village abandonné. Ce qui nous intéressait surtout, c’était de retrouver la fontaine, en bas des ruines.
Ce ne fut pas facile de la dénicher , un peu à l’écart du chemin.Cette merveille de fraîcheur est protégée par une solide voûte, curieusement décentrée.
L’endroit était aménagé pour accueillir les troupeaux- le chemin était connu des bergers qui montaient à l’estive, les points d’eau sont si rares dans le pays- et les lavandières qui se retrouvaient au bas du village.
Pour l’heure, c’est surtout les promeneurs qui apprécient la température qui imprègne l’eau à 14°, les murs et l’atmosphère sous la voûte. Danièle aura du mal à me faire quitter les abords immédiats du bassin. Dehors c’est le plein été, avec ses 35° sous le soleil du début de l’après-midi.
C’est le moment de remonter en altitude, vers les sommets de Lure, pour trouver un peu de fraîcheur.