Lisez Catherine Millet

  De Danièle

J’avais beaucoup aimé le premier livre de Catherine Millet (« La vie sexuelle de C.M. »).

catherine-m.1222156900.jpg Exposer sa vie sexuelle simplement, sans honte ni envie de choquer, juste avec la petite fierté de celle qui en a vu beaucoup et qui est allée au bout de sa curiosité, j’avais trouvé ça bien. Qu’une femme tout à fait respectable (directrice de revue, et tout et tout…) puisse raconter publiquement qu’elle fait ce qu’elle veut de son corps, avec qui elle veut, et que la jouissance physique n’a pas grand-chose à voir avec les sentiments, j’avais trouvé ça très bien. 

Je n’avais rien lu de tel depuis le journal d’Anaïs Nin !

Bien sûr, je me disais qu’elle se mettait souvent en danger ; Et puis, j’étais curieuse de savoir ce qu’en pensait Jacques, son compagnon dont elle parlait tant.

 

jour-souffrance.1222156799.jpg « Jour de souffrance » nous l’apprend avec la même franchise. Jacques désapprouve complètement sa vie sexuelle multiple, mais plus encore, quand elle s’est aperçue que Jacques avait aussi des aventures, elle est devenue malade de jalousie. Elle nous raconte sa crise,  qu’elle nomme elle-même « de folie ». Ouvrant les lettres, fouillant l’ordinateur, imaginant les autres, les voyant partout, posant des questions, recoupant les preuves, ne dormant plus…Une vraie jalousie, entière, destructrice, insurmontable qui la conduit à des bassesses qu’elle se reproche.

Comment Jacques a-t-il vécu cela ? C’est dit du point de vue de Catherine, mais pas de celui de Jacques. On sait qu’il a tenu bon,  c’est tout !

 

Voilà des livres qui valent bien des manuels de philosophie  pour ce qu’ils nous apprennent des relations du corps et de l’esprit et de notre rapport à l’autre :

         Jouissance et jalousie sont les deux faces d’une même médaille : toutes les deux dans la tête et dans le corps, deux émotions violentes nécessaires à notre survie et pas du tout « raisonnables ».

         On peut être imaginatif, réflexif, introspectif et quasiment clinique dans l’observation de soi comme l’est C.M. sans arriver à imaginer ce que pense et ressent l’autre. Elle avoue elle-même n’avoir jamais pensé à ce qu’il pouvait ressentir ; elle a juste pris soin de cacher ses aventures lorsqu’il lui a dit sa désapprobation. Et a écrit « sa vie sexuelle… » quand elle sortait de sa crise de folie (pour en sortir ?)

 

Et les sentiments dans tout cela ? C’est sans doute tout autre chose : de l’attachement, de l’admiration, du respect,  de l’étonnement, du bien-être, de l’harmonie, de la douceur, de la protection l’un vis-à-vis de l’autre, du nourrissage de l’un par l’autre, la joie de la vie au quotidien sans rien de spécial…

Et la fidélité ? Pas un principe, mais une règle de prudence pour ne pas faire souffrir l’autre (en imaginant ce que l’on endurerait si….)

 

Traduite en 45 langues, vendue à près d’un million d’exemplaires rien qu’en France, Catherine Millet n’a pas besoin de ma publicité. Lisez-la tout de même, elle en vaut la peine.

Un commentaire sur “Lisez Catherine Millet

  1. lisez ça c’est magnifique « J’aurais voulu de la compassion, de cette sorte que j’éprouve moi-même devant certains regards, par exemple, celui des vieillards trop faibles physiquement pour voir le monde au-delà de leur environnement domestique, des enfants à qui l’on cache certaines clefs de ce monde, des animaux qui s’orientent, le museau au ras du sol, et qui tous sont dans l’impossibilité de percevoir le sens d’une souffrance qui les accable. Leur être même se confond avec cette souffrance et les regards arrêtés qu’ils lèvent vers les hommes et les femmes avertis et responsables disent leur adhérence au malheur. Je crois sincèrement avoir eu cette crédulité quand je souffrais moi-même sans pouvoir donner d’autre explication que celles que la langue transporte sans plus aller puiser dans le tréfonds des sentiments personnels. »

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