Face à la crise,  » il faut continuer à lire des romans « 

Vous avez vu le Dow Jones, le CAC 40, le Nikkei, le Footsie, le Dax et j’en passe ?Vertigineux, non ?

Alors avec Danièle on a commencé à stocker le sucre et les pâtes. On a décidé de convertir notre jardin d’agrément en potager. On envisage d’élever des lapins, quelques clapiers au fond du jardin. Pour chauffer la cheminée, on ira marauder du bois dans les forêts. Et je vais me remettre au vélo. En tant que retraité et future retraitée, on arrivera toujours à survivre. Les crédits sont presque payés, pas l’ombre d’un Subprime. Au pire, on peut vivre dans notre camping-car, juste un peu de gasole à débourser.

Mais je suis inquiet. Je suis très inquiet pour les jeunes autour de nous. Il faut bien que l’informatique, les agences immobilières, les hôpitaux , les distributeurs de médicaments, les jeux vidéo continuent à leur  verser des salaires. Il faut bien que la machine continue à tourner.star9.1223705339.jpg

 C’est vrai que, quand j’avais leur âge, je ne rêvais qu’à une chose, c’est la mettre par terre, cette machine. Mais on s’est aperçus qu’on était un peu seuls, que les gens, finalement, y tenaient à cette machine. Surtout qu’on n’avait pas les plans pour remonter une autre. On voyait bien que les plans soviétiques n’étaient pas très attrayants et déjà prêts à tomber en poussière.

Alors, dans notre pays,on a changé les conducteurs de la machine, on a adouci son fonctionnement. On a réduit les conflits (paradoxal, non ? Alors que les inégalités s’aiguisaient sur la planète). On voyait bien que, dans leur coin, des ingénieurs un peu dingues trifouillaient dans le compartiment de la finance, le moteur s’emballait. On faisait des manifs, des grèves, on n’est pas restés inactifs. Mais la machine financière, on n’y pouvait pas grand’chose.

Olivier, le postier, reprenait avec succès nos vieux trucs : il fallait mettre à bas le système. Mais il avait pas plus les plans que nous pour remonter la machine. Il disait qu’on aurait le temps de voir, c’est le mouvement qui déciderait,  quand on aurait viré tous les patrons.

 clezio2.1223705236.jpgAlors les journalistes ont demandé à Le Clezio, tout fraîchement  Nobélisé ce qu’il fallait faire face à la crise. «  Il faut continuer à lire des romans ». Cet oracle me va droit au cœur. Qui, mieux que Le Clezio a pu parler de la mondialisation, du sort terrible des journaliers de la culture industrielle de la fraise dans la vallée de Campos au Mexique (Ourania), qui a pu parler de l’errance des émigrés clandestins du fond du désert africain jusqu’au cœur de  nos  brillantes métropoles (Poisson d’or), qui a pu parler de la colonisation entre l’enfer de l’esclavage et le paradis perdu des îles lointaines (Révolutions). Derrière sa passion pour les peuples premiers, derrière sa tendresse pour ceux qui sont jetés sur les chemins, Le Clézio nous parle du monde actuel, du monde comme il va – et ne va pas.souchon_360.1223705037.jpg

 Il faut aussi continuer à écouter des chansons, par exemple Parachutes dorés d’Alain Souchon. La chanson vient de sortir mais on croirait que Souchon avait prévu cette crise, mieux que beaucoup de savants analystes : l’intuition de l’artiste. 

3 commentaires sur “Face à la crise,  » il faut continuer à lire des romans « 

  1. Alors avec Domy…. idem pour la suite !!
    En grande partie d’accord avec cet article !!
    Mais après tout, il y a bien une bonne majorité (90%) des individus qui ont choisies cette société libérale et individualiste : comme on fait son lit on se couche !

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  2. Comme d’habitude, excellent Norbert 😉

    Juste pour Souchon, qui critique le téléchargement de ses albums, a t’il oublié ses foules sentimentales, ses soifs d’idéales, qu’il y a des choses pas que commerciales. (et aussi que vu son passé, ses ventes, a part si il a boursicoté, il devrait pouvoir survivre sans vendre d’albums… il devrait se réjouir d’etre télécharger, sa veux dire que les gens l’écoutent…)

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  3. Je viens justement de lire l’Africain de Le Clézio, c’est un texte très beau, profond, qui donne une belle vision de l’Afrique vécue par un enfant, son sentiment de liberté dans ce pays où tout est fort et crée des sensations inoubliables. Simplicité des jeux qu’il partage avec les enfants du coin, joie de vivre, de sentir, de ressentir. Et l’absence du père, puis la rencontre avec le père, la nostalgie de l’adulte………..un petit livre dont il faut savourer chaque page.

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