Liban : Une journée dans le sud

C’est décidé : aujourd’hui nous irons vers le sud , aussi loin que nous pourrons . Sur l’autoroute qui longe la mer Saïda est à une petite demie-heure de Beyrouth. Vieille cité phéniciene – la célèbre Sidon – et jadis port important de la côte dont l’influence s’tendait jusqu’à Damas, Saïda est maintenant un actif port de pêche et la troisième ville du Liban . Mais il faut chercher les vestiges du passé, nombreux et dignes d’intérêt dans une grosse agglomération moderne  de 165 000 habitants.

Première attraction, face au Souk traditionnel de Saïda : le chateau de la mer.

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Situé sur une île, le chateau de la mer ( Qalat al Bahr en arabe )  fut construit de 1227 à 1228 par les croisés . Cette fortresse , à laquelle on accède par un pont, fut batie à l’aide de matériaux de réemploi provenant des vestiges gréco-romains des environs. Des colonnes furent ainsi insérées dans les murailles du chateau afin d’en consolider les assises.

On parvient au donjon en évitant les paquets d’embruns soulevés par la houle qui forcit. On a du mal à imaginer plus marin , comme situation.

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La visite continue sur terre avec un petit tour dans le souk et ses 14 km de ruelles et un passage intéressant au musée du savon, ouvert depuis 1996 dans une ancienne manufacture de savon devenu la résidence de la famille Audi, proche des Hariri qui en ont financé l’aménagement par le biais de leur fondation .  Rafic Hariri c’est l’enfant de Saïda, son nom est partout et ses portraits géants ornent les bâtiments officiels.

Saïda n’est juste que l’antichambre du sud. Nous reprenons la route en direction de Nabatieh, grosse bourgade un peu misérable sur les collines. Nous abordons l’ancienne zone occupée, au-delà du fleuve Litani. 13000 soldats de la FINUL y sont déployés et il faut faire attention où on met les pieds car de nombreuses zones sont minées.

Aller vers le Sud au Liban n’est pas un acte ordinaire. C’est se rapprocher du voisin guerrier et envahisseur, c’est approcher une zone de tension, c’est fouler au pied une terre qui a longtemps été considérée par Israël comme sa zone de sécurité.

Danièle voulait nous amener à Beaufort,Qala’at ash-Shqif en arabe, une forteresse au-dessus du Litani, un point haut au milieu de nulle part, dont la vue embrasse l’horizon jusqu’en Israël . Comme souvent Danièle était guidée par un livre : « Beaufort », le témoignage d’un jeune officier israélien responsable de cette garnison dans les années 1999-2000, pendant cette sale guerre sans fin, avant le brusque retrait israélien.

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Cette forteresse construite par les croisés pour controler l’accès de la vallée du Litani et un plus loin du haut-Jourdain fut restaurée sous le protectorat français .

litani.1263921091.jpg A partir de 1976, durant la guerre civile libanaise, le château était tenu par l’Organisation de Libération de la Palestine qui s’en est servi pour tirer des obus sur le nord d’Israël. Entre 1976 et 1980 les positions de l’OLP dans la citadelle ont été attaquées de nombreuses fois par l’armée israëlienne.

Dès 1978, Israël envahit le sud-Liban et y installe une milice à sa solde recrutée sur place. Pendant 22ans, près de 100 000 libanais du sud vivront une occupation militaire, les bombardements, les barrages, les descentes dans les villages.

Le 6 juin 1982, au début de l’Opération pour la Paix en Galilée (Invasion du Liban de 1982), les positions de l’OLP dans le château de Beaufort ont été durement bombardées avant d’être prises finalement par les troupes israéliennes. Tsahal renforca alors les fortifications de la zone avec des bunkers et des blocs de béton, ce qui n’empêcha pas que Beaufort ait été attaquée à plusieurs reprises par le Hezbollah.

En mai 2000, l’armée  évacua sa zone de sécurité au Sud-Liban, abandonnant le château et  détruisant la base militaire, ceci afin qu’il ne puisse être utilisé par le Hezbollah.

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Devant ce récit, on est étonné de trouver encore une pierre l’une sur l’autre. Les fortifications courent le long de la pente  en un entrelacs de plate-formes et de souterrains que Mona entreprend d’explorer, suscitant l’inquiétude de notre petit groupe . C’est que la pente est très forte au-dessus de la vallée du Litani . A l’ouest en revanche, la forteresse domine un plateau très civilisé où alternent des cultures soigneusement tenues, des habitations dispersées, et des constructions souvent non achevées. On accède à une plate-forme qui domine ainsi tout le paysage .

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Un peu plus loin vers l’Est, un village israélien au delà de la frontière nous rappelle que la région reste soumise à la menace d’une réplique de ces voisins menaçants, prêts à répondre  à la moindre provocation des troupes du Hezbollah qui sont omni-présentes dans cette partie du Liban. Ce jour-là, quelques kms plus loin, à Kfar Kilavillage-israel.1263923129.jpg , « les portes de Fatima »,  une manifestation du Hezbollah, constituée de femmes et d’enfants pour déjouer le risque d’une riposte, réclamait une modification de la frontière , en application des résolutions de l’ONU.

A coté de nous, une libanaise pilotait un groupe d’étudiants de l’école d’hotellerie de Lausanne. Nous avons engagé la conversation. Après nous avoir décrit l’histoire du site, elle s’inquiétait des conditions de notre déplacement. » Vous n’avez pas de laisser-passer !Vous pouvez être retenus à un check point. »

Ah, ces français, toujours insouciants ! Nous n’avons cependant pas demandé notre reste. Retour immediat et en suivant le chemin de l’aller !

A Saïda, plus tard, le coucher du soleil, nous attendait sur le bord de mer. Quelle sérénité !

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2 commentaires sur “Liban : Une journée dans le sud

  1. c’est bien de voyager avec vous!
    bonne année 2010 à la tribu !
    j’ai bien ri en regardant l’interview de joseph que mona a faite lors des vendanges..
    amitiés
    jean

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  2. Je suis allé très dernièrement à Saïda, mais nos guides, n’ont pas osé nous emmener plus loin, dans cette zone plus ou moins dangereuse! Intéressé par votre reportage qui montre au-delà du commun…

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