Sur les conseils d’Amélie nous avons suivi un stage photo à Arles du 16 au 18 septembre dernier. Il s’agissait de « trouver sa sensibilité photographique… ». Pendant trois jours, nous avons évoqué les différents courants photographiques et surtout nous sommes partis matin et soir en chasse d’images et de thèmes qui pouvaient nous inspirer chacun particulièrement. Pas question de visites touristiques banales -les occasions ne manquent pas dans cette ville au passé si riche, surtout quand on sait que le lieu d’accueil du stage se trouve juste en face des Arènes.Dès qu’on marche dans Arles , on retrouve le Rhône, puissant, immense. la ville lui doit sans doute sa naissance, peu avant l’ère commune (avant JC), lorsque les vaisseaux de toute la méditerranée venait se transborder dans des chalands lourdement chargés. Pour preuve les découvertes des plongeurs archéologues qui remontent du fond en 2007 un buste de César et ce chaland admirablement conservé dans la vase, reconstitué et exposé au musée Arles Antique.
Le Rhône d’aujourd’hui fait plus de place aux bateaux de croisière qu’aux péniches commerciales mais le fleuve reste l’axe majeur de cette ville, quelle que soit l’heure de la journée.
Mais le fleuve n’est pas toujours le meilleur ami de la ville. En 2003 de terribles inondations ont envahi le nord de la commune: 10 000 habitants sinistrés. Les digues construites après les grandes inondations de 1856, mal entretenues, n’ont pas résisté à la crue. Depuis de grands travaux ont été entrepris, les digues solidifiées, les quais rénovés, et les murailles qui les dominent relevés de 2 m.
La ville vit ainsi derrière des remparts, désormais plus séparée du fleuve, mais rassurée. De loin en loin des passages rappellent la présence du fleuve, ils permettent d’accéder aux quais inférieurs, ils peuvent être obstrués hermétiquement en cas d’alerte.
Avec notre camping-car, nous sommes installés à l’aire de service de Trinquetaille , sur la rive droite du Rhône, en face de la rive « noble » de Arles, le coeur de la cité avec ses vestiges romains et ses hôtels particuliers. Trinquetaille, à part ses immeubles coquets autour du cimetière, c’est un quartier populaire, ouvrier où s’exposent les stigmates de la ville industrielle.
A part une papeterie encore en marche, on ne voit plus que friches industrielles, hangars abandonnés, cheminées inutiles. C’est le paradis des herbes folles et des grapheurs. Les multiples voies de chemin de fer rouillées sont tournées vers le sud, la Camargue, une ligne fermée depuis 1958 avec la fin de la Compagnie des Chemins de Fer de Camargue qui desservait Salin de Giraud et Les Saintes-Maries de la Mer. Zone industrielle, gare de triage, entrepôts et ateliers de réparation, il ne reste que quelques vestiges au bord de la ruine. Entre les usines et la voie rapide, des HLM un peu décatis résistent à la désertification.
La désindustrialisation a marqué profondément ce territoire. Le résultat : 16% de chômage et un taux de pauvreté de 22% (contre 14 au niveau national). Beaucoup d’emplois dans les services et l’hôtellerie, souvent saisonniers.
Heureusement Arles se tourne vers un autre avenir. En 1970 quelques passionnés de la photo (dont Lucien Clergue, Michel Tournier…) lancent les Rencontres Internationales de la Photographie qui installent des expos dans les lieux emblématiques d’Arles. Au début confidentielle, la manifestation ne tarde pas à attirer les grands noms de la photo au niveau mondial et à séduire un large public. Mais l’année 2010 marque un tournant décisif. La fondation LUMA, présidée par Maja Hoffmann (la famille Hoffmann représente la 2ème fortune de suisse) décide d’investir à Arles en transformant les anciens ateliers ferroviaires en espaces muséaux et en construisant sur le site un vaste édifice destiné à abriter le Centre pour la Dignité Humaine et la Conscience Ecologique.
Cette tour de 10 étages, conçue par Frank Gehry, encadrée par des grues aux mouvements incessants, est visible des quatre coins de la ville. Les arlésiens laissent entendre que le budget n’a pas de limite. Elle viendra compléter les vastes constructions industrielles presque entièrement rénovées et aménagées. Un vrai labyrinthe à parcourir avec ses arrière-scènes et passages secrets.
Arles est sur le chemin de devenir une des capitales mondiales de la photographie et de l’art contemporain.On se demande quelle place les ouvriers des ateliers (plutôt leurs enfants ou leurs petits enfants) pourront tenir dans ces nouvelles activités : gardien de musée, agent d’accueil et d’administration, personnel de restauration…?
Les 100 000 visiteurs des rencontres n’ont cependant pas modifié en profondeur la vie douce des Arlésiens et leur habitudes festives. La fraîcheur des ruelles étroites, une pétanque avec les copains, un apéro sur le boulevard des Lices après le défilé du Corso du Riz…Depuis Van Gogh, à la fin du XIXème siècle, Arles connaît la cohabitation heureuse avec les artistes qui l’ont choisie. Le développement des rencontres et de la fondation LUMA ouvre une nouvelle page dans cette belle histoire.
Le pont Van Gogh se situe sur le canal d’Arles à Fos-sur-Mer, un peu au sud-Est de la ville. Il a été reconstruit et restauré à quelques centaines de m de l’emplacement initial.
Les photos sont de Danièle et Norbert. Danièle a confectionné un petit livre photo que vous pouvez consulter -et commander- ICI
Retrouvez aussi le Clairon en Camargue
Une belle balade qui nous donne envie de rertouver cet Arles d ‘aujourd ‘hui et de demain !
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